1996. Tout le monde se souvient encore d’un débat inédit organisé sur le plateau de la Crtv. Dans l’arène, Joseph Antoine Bell et Vincent Onana, deux mastodontes de la scène footballistique camerounaise. C’était la dernière ligne droite avant les élections. Le débat, lui, était houleux, le ton vif. Tout le monde se souvient de la confrontation des programmes des deux candidats qui a finalement vu la victoire de Vincent Onana avant la déchéance de 1998 pour ce qu’il convient d’appeler « l’affaire de la billetterie ». Et c’est sans doute pour remettre ça qu’Emmanuel Jonas Kana et Fon Echekieye, journalistes à la Crtv, ont lancé la première édition de « Espace Olympique » jeudi 21 mai dernier. Cette première édition du programme mensuel consacré à tous les sports.
Sur le plateau, deux acteurs principaux : Prosper Nkou Mvondo, candidat à l’élection de ce dimanche 24 mai et … Abdouraman Hamadou, le chef du Département communication à la Fédération camerounaise de football. « Le président Iya Mohammed a bel et bien reçu l’invitation de la Crtv mais il est malheureusement à Garoua où son programme chargé ne lui a pas permis de venir sur ce plateau. Il s’est d’ailleurs excusé pour cela », a expliqué Abdouraman Hamadou. Comme débatteurs secondaires, des journalistes d’autres médias: Emmanuel Gustave Samnick (Dp du magazine sportif Ndamba), Jean Baptiste Biaye (Dp Perspective), Emmanuel Tumajong (correspondant Associated Press et Reuters) et… Louis Marie Ondoa, malheureux candidat non retenu pour l’élection à la Fécafoot.
Deux portraits croisés de Iya Mohammed et Nkou Mvondo et un reportage qui fait l’état des lieux du football camerounais. Suffisant pour que le Chef de département communication de la Fécafoot remette les pendules. Iya Mohammed n’est pas le président de coton sport comme indiqué dans le reportage. De plus, « je ne reconnais nullement la Fécafoot dans ce reportage. J’accepte la critique à condition qu’elle soit réelle. Comment faire le bilan du président Iya et ne pas reconnaitre toutes les avancées et les victoires engrangées », s’indigne Abdouraman Hamadou.
« Je ne gèrerai pas la fédé avec le personnel de M. Iya »
Mais son vis-à-vis, Nkou Mvondo n’est pas d’humeur à faire un débat avec « mon employé puisque dès dimanche soir, je serais président de la Fécafoot », soutient mordicus l’ancien champion du Cameroun en lutte traditionelle. Mise au point de Abdouraman : « je ne serais pas votre employé, mais plutôt employé de la Fécafoot ». Réplique de Nkou Mvondo : « De toutes les façons, je n’ai nullement l’intention de gérer la Fécafoot avec le personnel que va laisser M. Iya Mohammed ». Mais avant d’être élu, quel est donc le programme que Nkou Mvondo compte mettre en place : « L’important n’est pas mon programme. Mais l’important, c’est de dégager la bande à Iya Mohammed. Après quoi, on va remettre les pendules à l’heure », confie, Nkou Mvondo, devant le regard, incrédule de Abdouraman Hamadou. Du côté du président, on apprend que « Iya Mohammed a privilégié pour cette élection des rencontres avec la base et non une campagne spectaculaire dans les médias comme le fait son challenger », confie le responsable de la communication de la Fécafoot. Pendant ce temps, les Sms (short message service) pleuvent. Les deux protagonistes répondent au fur et à mesure.
Le maigre public qui assistait à cette émission avait également son mot à dire. Mais toutes les interventions, c’est celle de Pascal Atangana, promoteur de Semences olympiques (un centre de formation) qui va vite glisser dans l’insulte et l’invective vis-à-vis de la Fécafoot. Abdouraman Hamadou, ulcéré, prend les téléspectateurs à témoin devant cette dérive langagière. Emmanuel Jonas Kana, l’un des co-présentateur rappellera à l’ordre Pascal Atangana. Abdouraman, lui, dit comprendre la réaction du promoteur de Semences Olympique « qui a vu plusieurs de ses magouilles bloquées par la Fécafoot ».
Malheureusement, les 60 minutes réservées à l’émission se sont vite écoulées, sans que les nombreux acteurs invités pour ce programme aient un temps suffisant de parole pour s’exprimer. Toute chose qui va laisser les spectateurs sur leur faim. Pourtant, l’élection de ce dimanche ne devrait pas réserver de surprise puisque la quasi-totalité des délégués élus à la base, et qui constitue le collège électoral, sont acquis au président sortant, Iya Mohammed. A moins que le ministre des Sport, dans un dernier sursaut d’orgueil, ne ponde encore un… communiqué.