Né le 24 décembre 1995 à Yaoundé, Ondoua Ebogo est un jeune pensionnaire de la Fundesport et gardien de but des lions cadet. Lors d’un tournoi de Irone en 2007, il se fait remarquer par la cellule de détection du FC Barcelone. Deux années plus tard, il est invité par Albert Bilages, le directeur du centre de formation du FC Barcelone de cette époque pour y effectuer des tests.
Le jeune Fabrice, 1m83 et 85 kg se fait accepter en trois jours seulement alors que le stage devait durer deux semaines. Sa formation a aussitôt débuté. Nous nous sommes entretenus avec lui de ses rêves, ses séance d’entraînement avec l’équipe première et ses joueurs vedettes (Xavi, Messi, Valdes, Keita, Puyol…).
Ses premiers contacts avec le FC Barcelone.
Nous faisons connaissance pour la première fois en 2007 lors du tournoi de Iron. J’ai été élu meilleur gardien de cette compétition. Nous avons battu le FC Barcelone en phase de poule 2 – 1 et nous avions obtenu notre ticket pour les demi finales. En finale nous avons gagné l’Espagnol de Barcelone 1 – 0. C’est après ce tournoi qu’Albert Bilages, le directeur du centre de formation s’est entretenu avec notre coach (Diallo Siewe). Notre entraîneur m’a dit après que je devais effectuer un test au FC Barcelone. Les choses ont tardé. Personne ne m’a plus rien dit. Sans doute pour éviter que je me prenne la tête. C’est deux ans plus tard en 2009 que le coach me dit : « c’est confirmé, tu dois aller faire des tests à Barcelone. Mais que ce ne sont que des essais pour une place de troisième gardien de ta catégorie. Rien n’assure qu’on te retiendra ».
Le test à Barcelone : Une pression énorme et le destin entre les mains
Le directeur vient et je suis un peu nerveux. J’ai eu ce trac depuis le jour du voyage. Le coach vient et me dit : « ça doit aller. Tu as ton destin en main. C’est ce que tu as toujours voulu et cherché ». Je me suis dit ok ! Ne sachant pas parler Espagnol, le directeur a pris un camerounais qui avait déjà passé quelques années dans l’équipe et lui a demandé de me dire de ne pas croire que je viens m’établir, que j’ai deux semaines d’essais et qu’après ceci je retournerai au Cameroun pour revenir plus tard. J’ai commencé les tests un lundi. Trois jours après, mercredi, Albert Bilages est venu me dire que j’ai réussi les essais.
La récompense de plusieurs années de travail …
Quand j’apprends que les tests ont été concluants, je ne sais comment exprimer ma joie ce jour. J’étais très content. J’ai pensé à plusieurs années de travail depuis que la fondation m’avait accueilli tout petit à Yaoundé. Je me suis dit j’ai réussi les tests par la grâce de Dieu. Je suis arrivé, je ne me suis pas blessé, tout s’est bien passé. Maintenant que j’ai réussi les tests, il reste à me titulariser dans l’équipe.
Un triomphe mesuré
J’étais très content, très ému. Mais je ne pouvais pas manifester devant le directeur. Car il pouvait se dire : « il est très content de faire partie du groupe. Même s’il est sur le banc de touche ça ne lui causerais aucun problème ». Je lui ai dit que je pouvais rester et il m’a dit : « d’accord tu peux aller prendre le matériel. Il y a un tournoi qui se jouera dans deux semaines et nous verrons ce que tu peux faire avec le groupe ».
Une joie partagée avec maman
J’appelle en premier ma maman et je lui dis que j’ai réussi les essais. Elle s’est mise à crier dans tous les sens et elle a informé le reste de la famille. On croirait que les lions avaient marqué un but. Tout le monde est content. C’est après maman que j’ai appelé mon coach pour lui dire la nouvelle et il m’a fait comprendre qu’il était déjà au courant. Mais que ce n’était pas à lui de m’informer, que c’était la responsabilité du directeur.
Une journée au centre de formation du FC Barcelone
Je me réveille à 5h45, je fais ma prière, puis je prends mon bain. A 6h45 nous passons à table pour le petit déjeuner. Le bus nous prend à 7h30 pour l’école. Nous retournons à 13h30 pour le dîner et le repos. Nous faisons des cours avec des professeurs particuliers à 15h30. Après une heure de cours nous nous rendons aux entraînements (16h30). La séance met au maximum deux heures et nous nous reposons pendant une heure à la fin des entraînements. Les personnes qui ont des devoirs les font. A 21heures, repas du soir et sommeil.
Le film d’une séance d’entraînement avec l’équipe première du FC Barcelone
Tout s’est passé un dimanche. Nous avions un match de liga à la maison. Comme tous les jours, je me suis levé et j’étais en train de prier. Mon téléphone s’est mis à sonner. C’est l’entraîneur qui appelle. Comme je ne voulais pas interrompre la prière, je ne décrochais pas. Après insistance j’ai fini par prendre le téléphone. Il m’a demandé si j’ai déjà pris mon petit déjeuner pour me rendre au stade. J’ai lui ai répondu oui. Mais pourquoi me dépêcher car le match se jouera à midi. Il m’a demandé de venir et de le trouver aux vestiaires. J’avais peur. Je me disais que j’ai peut être commis une bêtise aux entraînements et qu’il devait me convoquer. Quand je le rejoins, il me dit : “Guardiola t’a appelé. Tu dois t’entraîner avec eux aujourd’hui”. J’ai pris cela comme une blague. Il m’a dit qu’il est sérieux: « Vas prendre ta paire de gang et tes godasses aux vestiaires et on viendra te chercher. Tu iras dans leur vestiaire t’entraîner avec eux ». Je suis allé prendre mes équipements et j’ai rencontré le coach de la réserve. Il a également dit que Guardiola m’a choisi pour m’entraîner avec son groupe. Je lui ai demandé si Guardiola me connaissait et il a répondu : « tu te trompes. Guardiola connaît tout le monde. Il suit le centre à la lettre … Il est question de mettre Valdez au repos après une semaine éprouvante et de te permettre de prouver de quoi tu es capable ».
Une fois aux vestiaires, le groupe n’était pas au complet. Leonel Messi était en face. J’ai demandé où je devais m’asseoir. Je ne parvenais pas à parler. Guardiola est arrivé. Il m’a salué et m’a demandé comment je me porte. Tout tremblant, je lui ai dit que je vais bien. C’était la première fois que je dialoguais avec lui. On se saluait juste en tant qu’entraîneur de l’équipe première quand il se baladait dans le centre. Il m’a dit : tu peux t’habiller à côté de Victor. On m’a installé dans le casier de villa puisqu’il était blessé. J’avais tellement de pression je n’ai pas eu la force d’aller me bander les mains. Il y a un coéquipier camerounais qui évolue à la réserve qui a constaté et a proposé de m’accompagner. Après Messi s’est approché de moi, m’a salué et m’a demandé si je suis le gardien de Samuel Eto’o. J’ai dit oui en souriant. Il a ajouté: “ n’aie aucune pression. Tu es avec tes aînés. Comportes toi comme une séance normale. Seydou Keita est venu à son tour et m’a demandé : « tu es camerounais »? J’ai dit oui et il m’a dit : « ça se voit. On vous connait partout ». Nous avons beaucoup sympathisé. Il m’a offert une paire de tennis. Pinto m’a offert deux paires de gangs. Ce sont ces derniers qui se sont le plus entretenu avec moi. Ils m’ont demandé de m’entraîner naturellement sans crainte. Je me disais comment rester naturel alors que je m’entraîne avec les meilleurs joueurs du monde.
Xavi qui est toujours très proche de Samuel et qui compte parmi ses meilleurs amis est arrivé. Il m’a dit : « on m’a dit que tu devais t’entraîner avec nous aujourd’hui. Samuel est au courant » ? Je lui ai répondu que je ne sais pas. Peut être il est informé. Mais nous n’avions pas causés. C’est après ceci que l’entraîneur des gardiens est venu me prendre et je suis allé m’entraîner avec les gardiens.
Un rêve : représenter valablement l’Afrique
Mon rêve comme tout jeune footballeur est de signer un contrat professionnel, de jouer dans l’un des cinq meilleurs championnats du monde au mieux, jouer dans le top 14 (les 14 meilleurs clubs d’Europe) et représenter valablement le Cameroun et l’Afrique en général.
Et le FC Barcelone ?
Comme ils me disent souvent : « Ondoua, on voit tu as un bon futur. Sûr si tu continues de garder le moral haut, tu travailles tous les jours, nous sommes sûr que tu dois arriver professionnel. Il sera encore mieux si tu arrivais professionnel à Barcelone ».
Thomas Nkono pour modèle
Quand j’étais petit mon papa était toujours en train de regarder les vidéos d’un gardien. Je lui ai demandé : tu regardes toujours ces vieilles vidéos; elles sont de qui ? Et il m’a parlé de Thomas Nkono. Je volais ses vidéos et je regardais, je ne parvenais pas à croire qu’un homme pouvait jouer de la sorte. Je suis tombé amoureux de son jeu et de sa façon de se comporter au stade. J’essaie toujours de me comporter comme lui. Il a toujours été mon idole bien que je n’aie pas encore eu la chance de le rencontrer.
Le séjour au Cameroun
J’ai la chance d’avoir la fondation Samuel Eto’o qui est là. Je m’entraîne avec eux. J’ai une autre grande chance d’avoir le coach Richard Towa qui m’a eu chez les cadets et qui me permet de m’entraîner avec les équipes qu’il coache. Les Astres maintenant, dans le passé ce fut Renaissance. Si les cadets entre en stage, j’espère qu’il me donnera cette chance de toujours travailler avec lui. Les vacances se déroulent bien, je suis avec la famille, les amis en même temps je continue de garder le contact avec le stade
Un conseil aux jeunes qui te lisent dans le monde en ce moment
Je tiens à donner aux autres le conseil qu’on m’a donné : Il faut garder la foi et toujours travailler. Lorsqu’on effectue des essais et qu’on les rate, il faut s’améliorer et travailler nos insuffisances. Il faut toujours travailler et être sérieux dans ce qu’on fait.
Pour finir ?
Je remercie Samuel Eto ‘o.
Propos recueillis par James Kapnang à Douala