Il est le premier joueur camerounais à avoir joué une Coupe d’Europe, le deuxième meilleur buteur camerounais et le dixième africain de l’hsitoire du championnat de France de première division, les joueurs actuels lui doivent leurs conditions salariales, et pourtant Eugène Njo Léa demeure inconnu du grand public. Portrait d’un pionnier…
« A l’UNFP, Union Nationale des Footballeurs Professionnels, nous n’oublierons jamais qu’il a fallu qu’un footballeur camerounais, qu’un homme épris de justice et de liberté se lève pour agir au bénéfice de l’ensemble des joueurs pour dire non à une condition que Raymond Kopa qualifia d’esclavage en 1963. Ce footballeur, cet homme, ce visionnaire, c’est Eugène Njo Léa. Et permettez moi de le remercier au nom de Philippe Piat et Sylvain Kastendeuch, les deux co-presidents, de tous les salariés de l’UNFP et au nom de tous les footballeurs que nous représentons ici ! » C’est plein d’émotion que Philippe Lafon, Directeur Général de l’UNFP, termine son discours relatant le parcours de l’ancien attaquant camerounais et l’importance de son action dans la création du métier de footballeur professionnel. Jusque dans les années 1960 en effet, les footballeurs étaient liés à leurs clubs jusqu’à leurs 35 ans par des contrats contraignants, qui permettaient à leurs dirigeants d’en disposer sans qu’ils n’aient leur mot à dire. C’est dans ces conditions que naît le syndicat des joueurs sur une idée de Eugène Njo Léa, qui lui fait bénéficier de son réseau de Droit et dans le football. Meilleur buteur de l’histoire sur une coupe du monde, Just Fontaine (13 buts en 1958) sera le premier président de l’institution, Eugène devenant son Secrétaire Général. Leur premier combat sera la généralisation du contrat à temps, permettant aux joueurs de signer des contrats à durée déterminée et ainsi de bien négocier leurs bonnes performances. Si ce combat a pu être mené, c’est en raison de ses connaissances en Droit, mais aussi de la notoriété acquise sur les terrains de football. Arrivé du Cameroun en 1951, il signe à Saint-Étienne après avoir marqué les esprits dans le football amateur. Il inscrit l’un des buts du en finale de la Coupe Drago 1955, premier titre des Verts (2-0 contre Sedan). Il est ensuite le meilleur buteur de l’équipe stéphanoise qui remporte le premier titre de champion de France de son histoire en 1957 (29 buts). Poursuivant ses études, il part en 1959 à Lyon où il reste deux saisons (29 buts) avant une pige à Paris au RC Paris, dernière étape avant une longue carrière de diplomate.