La mise en scène pompeuse de la parfaite union dans la tanière a failli prendre. Sauf qu’elle n’avait pour principal objectif que de consacrer le retour aux affaires de celui qui avait été mis à pied par la fédération, pour huit mois. Dans la parfaite illustration d’un condamné qui se fait réhabiliter, la jouissance de la légitimité retrouvée fut consommé sans modération.
Tout était irréel; la fureur du réhabilité était sans borne. La chasse aux traîtres qui n’ont pas montré leur solidarité pendant les moments durs était lancée. Il fallait donc ne pas s’afficher avec les “perdants” sous peine d’attiser le courroux. Alexandre Song, Nicolas Nkoulou, Aurélien Chedjou étaient singularisés, les uns pour leurs combats frontaux, les autres pour leur passivité. Les premiers exclus du cercle indomptable étaient une manifestation de la puissance dissuasive. Exit “l’énerveur en chef”, Stéphane Mbia, l’intellectuel du groupe, Landry Nguemo, et le “je me crois arrivé”, Aurelien Chedjou.
Il fallait donc voir, quelles précautions prenaient le colosse Pierre Webo pour s’adresser à Alex Song puisqu’il fallait s’assurer que les yeux du “capi” étaient ailleurs et faire semblant de s’être trompé de chemin.
Et le colosse Mohammadou Idrissou, haut de deux mètres, paniquant quand Le Chef le coince en pleine causerie avec le même Song.
Le court retour de Pierre Womé a donc replacé les choses dans leur contexte, et a un temps que peu, ramené tout le monde à la réalité. Et il y avait ce sourire narquois dans le visage du numéro 3 qui savait irriter le Capitaine. Dimanche matin, alors que les cérémonies de remise de brassard se préparent, Womé déclare à Samuel Eto’o que puisqu’il tient à ce qu’on lui remette son brassard, alors lui aussi veut arborer son numéro 3, un dossard qu’il mettait bien avant son arrivée dans les Lions”. La blague marche comme sur des roulettes. Les joueurs, frustrés et confinés depuis des jours, éclatent de rire. Ils savent que Womé vient de “chercher sa part”. Eto’o ne la trouve pas drôle et il tient à le faire savoir. Le ton monte. Le sourire narquois de Womé se fait insistant. Le capitaine s’énerve le ton monte, Idrissou s’amuse, Webo cache ses ricannements. Mevoungou savoure. Eto’o se la prend perso. Nkoulou n’a pourtant aucun problème et dit être prêt à laisser le dossard. Eto’o s’y oppose. Womé devra apprendre à le respecter. Sauf que l’ancien latéral champion olympique lui rappelle qu’il n’avait pas droit à la parole il y avait peu de temps en équipe et que de toute façon, puisque tout est possible, alors il lui faut aussi son dossard numéro 3.
Le capitaine a donc promis de s’assurer que pareille insubordination à son autorité ne se répète. Il discute donc avec le préposé aux équipements et lui intime l’ordre de lui apporter les maillots avant la distribution. C’est ce va se passer. Le capitaine récupère donc les dossards 3, 4, 5, 6 et 10. Il offre le 3 à Nkoulou qui déclare encore que le dossard, c’est pas trop la priorité pour lui. Il offre le 6 à Alex Song en lui disant qu’il ne jouera pas avec le 4, Emana hérite du 10. Quand il tend le dossard numéro 5 à Womé, il refuse de le prendre. Les coéquipiers paniquent, le match se jouera dans quelques minutes. Eto’o et Womé se prennent encore la tête. Les coéquipiers supplient Womé. Il a l’air d’aimer. Il refuse encore. On insiste. Il tend la main pour accepter. Et ensuite se ravise. Le capitaine lui dit qu’il lui manque de respect. Il insiste. Womé refuse. Les coéquipiers insistent aussi. Eto’o continue à tendre le maillot. Womé tend la main gauche. “Tu m’insultes en prenant avec la main gauche. Espèce de superstitieux”, lui dira le capi en jetant le maillot par terre.
Avant que le coach Akono n’insiste en demandant à son latéral d’enfiler le dossard 5 et de la fermer puisque c’est lui qui commande dans cette équipe.
C’est donc avec le dossard numéro 5 que Womé a livré le match retour contre le Cap Vert.