Réalité ou intox ? Le retour d’Eto’o en sélection fait du bruit. Des propos attribués à Denis Lavagne, le sélectionneur des Lions Indomptables, qui souhaiterait retirer à Samuel Eto’o son brassard de Capitaine ont été diversement commentés. Même si le principal intéressé souligne le fait d’une presse au service de ses détracteurs, il n’en demeure pas moins que l’éventualité divise. Camfoot est allé à la recherche de l’information auprès de ceux qui analyse l’information. Et vous qu’en pensez-vous ?
Cyrille Kemmegne, chef service des sports CRTV Littoral : « Cette réaction de Denis Lavagne est le prolongement des poux qu’on cherche à mon sens dans la tête de Samuel Eto’o, parce qu’il n’incombe pas forcement à un entraîneur qui prend à peine les rênes d’une équipe et qui a signé un contrat qui bat tous les records de contrats les plus courts (quatre mois) mais qui se paie le luxe de dire qu’il souhaiterait que Samuel Eto’o perde son brassard de capitaine.
On ne peut pas s’asseoir sur une chaise raide, sur un siège éjectable et prendre de telle position. J’ai l’impression que Denis Lavagne a oublié qu’il n’a pas encore traversé la mer et qu’il rit déjà des personnes qui sont entrain de se noyer. Il a intérêt à revenir à de meilleurs sentiments. Et à propos, qui sait si Samuel Eto’o même en gardant son brassard peut encore accepter de remettre les couleurs de l’équipe nationale après tout ce qui s’est passé, avec tout ce qui a été dit ?
On sait que c’est un footballeur pluri dimensionnel, d’une aura exceptionnelle. C’est un footballeur planétaire. Mais comme on est rarement prophète dans son pays… Si dans son pays ,on ne le prend pas au sérieux, il doit certainement jouer le jeu de ceux qui veulent ternir son image. Tout le monde sait ce que Samuel Eto’o représente. Il serait dans l’intérêt du Cameroun de le voir revenir avec son brassard. Et il serait dans l’intérêt de ceux qui veulent le frustrer de le remettre en confiance parce qu’il en a besoin. Un pays comme le Cameroun a un joueur comme Samuel Eto’o une fois tous les 20 ans. On a eu Roger Milla, aujourd’hui on a Samuel Eto’o. Quand on regarde notre championnat on se demande quand on aura un autre Samuel Eto’o. Donc donnons à César ce qui est à César. Que l’entraîneur se limite à entraîner s’il le fait déjà, supposons qu’il soit entrain de le faire. Avant de le faire, il faut qu’il prie également afin que quatre mois plus tard qu’on le reconduise. Ce dont je doute ! »
Nana Paul Sabin, Chef service des sports, Equinoxe : « Tout dépend des dispositions prises par les autorités. Si les autorités préparent bien le terrain, je pense qu’il n’y aura pas de problème. Encore qu’Eto’o a eu le brassard il y a moins de trois ans et c’est justement la mauvaise gestion de la transition entre Eto’o et Rigobert Song qui a installé l’ambiance délétère que nous avons aujourd’hui dans la tanière des lions.
La responsabilité se situe au niveau des autorités. S’ils veulent retirer le brassard à Samuel Eto’o, qu’ils prennent des dispositions avant son retour. Car Eto’o n’est pas le premier, il ne sera pas non plus le dernier capitaine des lions indomptables. Il est là pour jouer, son rôle est de marquer des buts, de permettre à l’équipe de gagner. Le brassard c’est autre chose. Si on décide de le lui retirer, et que ces autorités trouvent des raisons pertinentes, tant mieux. Il faudrait sûrement expliquer pour quelles raisons on lui retire le brassard, d’autant plus qu’Eto’o n’est pas un joueur anonyme, il n’est pas un joueur comme les autres. C’est un capitaine et c’est le plus ancien de la tanière.
Ceci dit, je ne suis pas d’accord avec certaines personnes qui pensent que pour retirer le brassard à Samuel Eto’o, il faudrait toute une organisation du sommet de l’État, du gouvernement. Alors qu’on sait tous dans quel condition Eto’o lui-même a recupéré ce brassard. On sait tous que par le passé, il fallait absolument un acte administratif du ministre en charge des sports. On a aussi vu comment Paul Leguen, à partir d’un regroupement hors du pays, a envoyé une note pour informer l’opinion de ce que son capitaine serait dorénavant Samuel Eto’o. Je ne comprends pas pourquoi si Denis Lavagne empreinte le même cheminement, cela soulèverait le public.
J’aimerais préciser, avant d’être étiqueté pour un anti Eto’o dire qu’avant tout, Samuel est un joueur. C’est notre meilleur buteur. C’est notre capitaine. Mais depuis huit mois, nous jouons sans lui. Mais depuis huit mois, nous avons eu des résultats positifs. Sur le plan du bilan sportif, malgré une défaite contre la Lybie 2 – 1, nous avons gagné tous les autres, même si on peut noter quelques résultats nuls.
Si on examine la chose sous un autre angle, quand vous regardez l’âge d’Eto’o, vous comprenez qu’il sait lui-même qu’il a encore moins de 5 ans dans la tanière des lions. On devrait plutôt aujourd’hui chercher sa relève, préparer son départ même s’il est toujours un des meilleurs joueurs du monde ».
David Eyengue NZima, STV : « Si c’est une occasion pour les dirigeants de le mettre en hors de l’équipe nationale, je suis sûr qu’il est capable de jouer sans le brassard. Il a joué plusieurs années sans le brassard. Il se trouve que dans le monde entier, ce sont les grandes vedettes qui arborent le brassard. L’ancien entraîneur de l’équipe nationale l’avait expliqué que si c’était à lui de choisir le capitaine de l’équipe il choisirait Samuel Eto’o parce que les arbitres internationaux le connaissent et s’il va les voir pour une réclamation, cela lui serait plus facile de faire fléchir ses interlocuteurs qu’un autre joueur moins connu. Maintenant, si on souhaite lui retirer le brassard en souhaitant sa retraite internationale, alors, wait and see.
Je pense que cette polémique est née du fait que Samuel Eto’o a dit qu’il doit dorénavant réclamer ce qu’il y a à réclamer. Le Marraketchgate pour lequel on le suspend est dû au fait qu’il a ouvert sa bouche pour dire tout haut ce que les gens pensaient tout bas. Même sans le brassard, on ne doit pas l’empêcher de dire ce qu’il pense. Il est aussi un camerounais comme tous les autres. Nous même squi décrions ce qui ne va pas dans cette équipe, nous n’y sommes pas… A trop se taire, je pense qu’on n’arrangera rien.
Il est clair, selon certains membres de la Fécafoot, Samuel Eto’o serait la personne à exclure. Cependant, s’il revient en sélection, je pense que ce serait sans doute au ministre de trancher ou à Eto’o de décider.
En ce qui me concerne, je pense que le retour de Samuel est salutaire, l’équipe à besoin de lui. Nous avons besoin de tous les joueurs qui peuvent hisser haut le drapeau national. Il ne faut pas oublier que depuis l’existence de l’équipe nationale du Cameroun, Eto’o est le meilleur buteur et il est encore en activité. ».
Georges Henry Alladjim, Okabol : « Bien que l’on ait déjà fait trop de bruit autour d’une nouvelle qui n’en est pas vraiment une, l’on ne peut plus débattre du « brassard de Samuel Eto’o », que l’on ne peut même assurer qu’il sera sélectionné en Septembre prochain. Personnellement je me réjouirais de revoir son talent mis à disposition du groupe, mais je m’interdis, au contraire de nombreux collègues, d’exiger de Mr Lavagne. Le capitanat, tout comme la sélection, ne se donnent pas en récompense, mais par choix subjectif.
Le capitanat ne se donne ni dans la rue, ni sur les plateaux, ni dans les rédactions.
Nous avons un sélectionneur et il faut le respecter, aussi il doit être libre d’appeler qui il veut, et de nommer qui bon lui semble. Dans l’idéal, il devrait revenir aux joueurs d’élire leur représentant, ainsi le débat serait clos. Toutefois, Samuel Eto’o Fils lui même l’avait dit, le brassard n’est qu’un morceau de tissu. Aussi s’il venait à en être déchu, je pense que cela ne devrait pas le dispenser de jouer son rôle de leader et de grand frère, sur et en dehors du terrain. Dire le contraire serait pure polémique inutile, or avec ou sans brassard le Cameroun aujourd’hui a besoin, certes d’un Samuel Eto’o à 100% de sa forme mais plus encore d’un groupe uni et serein ».
Michel Ateba, chef service de sports CamNews24 : « La question à mon humble avis se pose au niveau du retour au pas d’Eto’o. Ce n’est pas la question du brassard. Je crois que Samuel a déjà presque tout gagné avec l’équipe nationale du Cameroun excepté la coupe du monde. A mon humble avis, il devrait prendre du recul. Ceci parce que les responsables fédéraux et du ministère ont démontré par tous les moyens qu’ils n’ont plus besoin de lui. Denis Lavagne, qui n’est pas dans son droit puisse qu’il faut qu’on le rappelle, au Cameroun ce n’est pas l’entraîneur qui nomme un capitaine. Mais c’est bel et bien le ministre des sports qui nomme le capitaine. A mon humble avis Lavagne n’est pas habileté à demander à ce que Samuel ne soit plus capitaine. Il peut désigner comme Paul Leguen l’a fait en 2009. Mais dire que Samuel doit être dépossédé du brassard, pour moi c’est un peu déplacé de la part de cet entraîneur qui fait l’objet de nombreuses disputes à travers l’univers sportif camerounais ».
Propos recueillis par James Kapnang