Une drôle de petite bonne femme. Déterminée comme peu d’hommes, elle vient de réaliser un véritable coup d’éclat dans le football éthiopien en propulsant son club, Kenema FC, en Premier League. Le grand retour de l’élite au sein de l’élite après 13 années d’absence.
Une femme à la tête d’un club de l’élite, c’est du jamais vu en Ethiopie, en Afrique de l’Est et, plus que probablement, sur le continent.
Il faut dire que Messeret Manni, c’est son nom, a du caractère et de la volonté. Il lui en a fallu pour franchir tous les obstacles. Quand elle a commencé à jouer au football, il n’y avait pas d’équipe féminine. Alors elle a joué avec les garçons. Sans plus. « Je voulais jouer au football, mais les choses n’étaient pas facile pour les femmes à l’époque. Il n’y avait pas de compétitions exemple. En fait, à un moment donné, il était illégal pour les femmes de jouer au football. Et puis la situation a évolué dans le pays. Elle a créé sa première équipe, dénommée Medin. A la fois fondatrice et entraîneur. Elle a travaillé avec plusieurs équipes, en parfaite harmonie avec la municipalité de Dire Dawa. Elle a conduit à trois reprises l’équipe féminine à la première place de la compétition annuelle organisée dans la capitale, Addis-Abeba. « Mais en raison du manque de soutien pour le football féminin, dit-elle, j’ai commencé à entraîner des équipes masculines ».
Devant nombre d’obstacles elle a provisoirement abandonné le foot pour le …volley-ball qui lui a valu quelques succès en tant que joueuse cette fois. « C’était ma seule opportunité de défendre les couleurs de ma ville, j’y tenais beaucoup ».
Chassez le naturel, il revient au galop. En 2000, elle revient au football à la faveur du tournoi national organisé à Dire Dawa. Deux ans plus tard elle coiffe la casquette d’entraîneur.
Sa réussite avec Kenema FC, Messeret Manni est, à l’entendre, un mélange de plusieurs facteurs. La confiance a été le facteur clé de mon succès. J’ai dû relever de nombreux défis pour en arriver là. Celui du public qui met régulièrement en cause la crédibilité des femmes dans notre sport. Une d’entre elles à la tête d’une équipe d’hommes, vous pouvez imaginer. Les joueurs, eux, m’ont beaucoup aidée. Ils ont foi en moi. Enfin j’ai le soutien des autorités de la ville de Dire Dawa. Voilà, je crois, les ingrédients du succès ».
En parallèle à ses responsabilités, elle continue à entraîner des gamins sur un terrain que les fans ont appelé « Meseret Meda » en témoignage de leur reconnaissance à cette femme pas tout à fait comme les autres.
Messeret Manni, on n’a sans doute pas fini d’entendre parler de cet entraîneur qui a réalisé une performance susceptible d’abattre certaines cloisons et de donner un coup de fouet au football africain et pas seulement dans son pays, l’Ethiopie.