Artisan victorieux du procès au Tribunal Arbitral du Sport (TAS) contre la Fédération camerounaise de football, qui a conduit à l’invalidation des résolutions adoptées au cours de l’Assemblée Générale de la FECAFOOT du 23 août 2014 , l’ancien président du Tonnerre Kalara club revient sur les contours de cette affaire. Il ébauche le contenu de la sentence attendue du TAS, les conséquences qui en découleront et formule les attentes de la «frange» qui a œuvré dans cette interminable bataille.
Le TAS a rendu jeudi dernier et en votre faveur une décision annulant le processus électoral à la Fécafoot. Il a dit qu’il publiera les motifs de sa décision ultérieurement. Alors, on s’intérroge sur l’opportunité d’avoir rendu cette décision à quelques jours de l’élection du 25 février. Pourquoi n’avoir pas attendu ?
Je vais vous donner les dispositifs de la sentence qui dit ceci : la sentence est rendue à la majorité ou à défaut de majorité, par le président seul ; elle est écrite, datée et signée ; elle est sommairement motivée. Avant la signature de la sentence, celle-ci doit être transmise au Secrétaire général du TAS qui peut procéder à des rectifications de pure forme, et attirer l’attention de la formation sur des questions de principe fondamental. La formation peut décider de communiquer aux parties le dispositif de la sentence avant la motivation. La sentence est exécutoire, dès communication écrite du dispositif par courrier, télécopie et/ou, courrier électronique. La sentence, notifiée par le Greffe du TAS, tranche définitivement le litige. Elle n’est susceptible d’aucun recours dans la mesure où, les parties n’ont ni domicile, ni résidence habituel, ni établissement en Suisse, et ont expressément renoncer aux recours dans la convention d’arbitrage… Le dispositif de la sentence doit être communiqué aux parties dans les trois mois, suivant le transfert du dossier à la formation. Ce délai peut même être prorogé sur demande du président de la formation.
Mais dans notre cas, on ne l’a pas jugé en procédure d’urgence, parce que la Fifa avait refusé. Mais, compte tenu de l’urgence, on avait demandé que cette affaire puisse être rapidement jugée. Et c’est ça le rôle du TAS, de pouvoir accélérer les procédures comme cela ne peut pas être fait dans un tribunal ordinaire. Et c’est pour cette raison qu’une fois l’audience tenue, les parties ont donné leurs argumentaires, les membres de la formation se sont réunis et ont tiré la sentence.
Est-ce que cela voudrait dire en quelque sorte que cette décision du TAS ne peut faire l’objet d’aucun recours sur le fond et sur la forme ?
En tant qu’arbitre au TAS, je précise qu’il n’y plus de recours à faire. Le dernier recours en matière de sport, c’est le TAS. On a commencé à la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et Sportif du Cameroun, maintenant, on est allés à la dernière chambre. La fédération elle-même est allée au TAS, cela veut dire qu’elle s’est engagée à faire liquider le dossier au TAS. La fédération n’a plus aucun moyen de recours. Aucun !
A quoi vous devez vous en tenir ? Tourner aussi le regard vers la Fifa ?
Moi je suis membre de la fédération. Laquelle est une association affiliée à la Fifa, et je respecte la Fifa. Mais, nous nous trouvons dans une situation d’exception avec le Comité de normalisation. Ce n’est pas moi qui l’ai mis en place. C’est le gouvernement avec la Fifa qui l’ont fait. Il y a une décision qui est tombée, et qui est venue leur dire que tout ce qui a été fait est nul et non avenu. C’est-à-dire, les élections de la base jusqu’au sommet, les textes…
Maintenant, nous nous reférons à notre gouvernement. Il va voir comment gérer cette affaire avec nous, mais pas contre nous. C’est nous qui avons gagné. Le gouvernement va donc se battre à gérer cette affaire. Nous sommes rentrés, Abdouraman Hamadou et moi, attendons de voir…
A ce propos, qu’attendez-vous du gouvernement ?
Notre attente, c’est l’application de la sentence. depuis le 30 octobre 2014, je demande 100 000 Francs Cfa par jour de non action de la Fécafoot. On va les actionner. Et de toute façon, personne ne m’empêchera de le faire. En plus, le TAS a demandé que la Fécafoot me paye 2 000 Francs Suisse. Et le TAS a été très clément, sinon ils nous aurait remboursé tous les frais que nous avons engagés, puisqu’ils ont été condamnés dès le départ à tous les dépens.
Quel discours prônez-vous maintenant ? Que les élections aient lieu même à une date ultérieure ?
Les quelles élections ? Il faut refaire les textes. Nous avons combattu les textes du Comité de normalisation, et nous avons gagné. Tout ça est nul. il faut donc les revoir. Il faut que les Camerounais s’assèyent de nouveau. Ledit comité qui avait été mis là pour régler le problème est devenu une partie prenante et n’a pas joué son rôle. Nul n’ignore aujourd’hui que M.Owona et Tombi voguent ensembles. Nous avons claqué la porte en disant qu’on ne pouvait pas accepter les dérives de la fédération qui croit qu’elle est un état dans un état. C’est une association dans un pays, et elle doit respecter les lois de ce pays. On est tous de la Fifa mais, nous ne devons pas d’abord oublier que nous sommes des Camerounais. Nous devons respecter la légalité camerounaise.
Au finish, est-ce que l’Assemblée générale de 2009 qui est désormais légitime pourrait satisfaire vos attentes, si tant est qu’elle n’est pas loin de celle de 2013 que vous redoutez ?
En chaque chose son temps. Demain, vous verrez les gens de l’Assemblée de 2009 être responsables. Chacun a des intérêts, et à un moment donné, les gens ont marché derrière ce qu’on leur présentait, faute de mieux. Je pense que le situation actuelle va être gérée par chacun en toute âme et conscience. on se connait tous. On connait qui dans cette AG peut faire quoi. Les uns et les autres vont réagir en Camerounais responsables, soucieux du devenir du football camerounais.
Entretien avec Armel Kenné