Il rejette l’idée d’une participation au Comité de normalisation prescrit par la Fifa. Il souhaite plutôt poursuivre la mission qu’il a entamée aux côtés d’Iya Mohammed, au moment où les acteurs du football camerounais réclament une véritable révolution des textes et des hommes.
«Si la Fifa me nomme au Comité de normalisation je vais refuser, car j’ai d’autres ambitions pour le football camerounais. J’ai l’intention de présenter ma candidature à la présidence de la Fédération camerounaise de football». Ces propos sont d’Essomba Eyenga. Ce membre du comité d’urgence de la Fécafoot réagissait ainsi, ce mercredi 10 juillet 2013, sur les ondes de la Rsi (Radio Sport Infos). L’ex-Président du Tonnerre souhaite ainsi se soustraire du «piège» de la Fifa. Celle-ci a décidé de disqualifier les membres du Comité de normalisation qu’il entend mettre sur pied à la Fécafoot pour juguler la crise qui secoue l’instance faîtière du football au Cameroun. Les membres du Comité de normalisation ne seront donc pas autorisés à postuler à la présidence de la Fécafoot. Leur rôle se limitera à gérer les affaires courantes, en procédant au toilettage des textes afin qu’ils soient conformes aux standards prescrits par la Fifa, et en organisant de nouvelles élections dans un délai de 09 mois.
Une politique d’exclusion
Essomba Eyenga ne veut surtout pas apporter sa contribution à la révolution tant souhaitée par de nombreux acteurs du football. La révision des textes a été la pomme de discorde entre les administrateurs sortant de la Fécafoot. L’ancien Président du Tonnerre de Yaoundé avait alors choisi son camp, celui de la dissidence qui a décidé de mettre un terme à la mafia qu’ils ont eux-mêmes construite en 15 ans de gestion des affaires du football. Essomba Eyenga a peut-être eu le courage de faire tomber son masque, mais il n’en demeure pas moins l’un des principaux lieutenants de Iya Mohammed. Ensemble, ils ont tissé autour de la Fécafoot, une toile que même le Président de la République ne pouvait franchir dans le cadre d’une élection. Ils ont mis sur pied une politique d’exclusion qui a eu raison de quelques icônes du football camerounais. C’est ainsi que Joseph Antoine Bell, Roger Milla, Eugène Ekeke, ont payé le prix fort de leurs critiques intempestives. Même David Mayebi, qu’on disait être la cheville ouvrière du système Iya Mohammed, a été viré sans ménagement de la «mangeoire». Au nom du sacrosaint principe de l’autonomie de la Fédération et de la non-ingérence gouvernementale, Iya Mohammed et sa bande ont réussi à bâtir un véritable royaume dans l’Etat du Cameroun. Plusieurs Ministres des sports ont payé cher leur entêtement à vouloir ébranler la forteresse de Tsinga. De fait, la mafia du football au Cameroun étale ses tentacules jusque dans les couloirs les plus insoupçonnés du sérail. Des indiscrétions font état de ce que les retombées de la participation du Cameroun à la coupe du Monde et des contrats de sponsoring des Lions indomptables subissent des répartitions qui engraissent des coteries dans toutes les administrations de l’Etat, très loin de l’objectif primordial qui est le développement de notre sport roi dont les principaux acteurs sont condamnés à l’amateurisme et au dénuement. Conséquences, les Lions indomptables ne gagnent plus, et l’arbre qui cachait la forêt est tombé laissant apparaitre à la lumière, le déshonneur d’une bande de «cocues» prêts à tout risquer pour sauver leur gâteau.
Mais lorsque le bateau a commencé à affronter les vagues de la contestation, Essomba Eyenga a cru pouvoir se tirer d’affaire, l’ex acolyte de Iya Mohammed pense devoir capitaliser les bons points de la bataille contre le clan de son ex patron, et, la Fifa dont il est le chef de file de la contre-attaque devant le Tribunal arbitral des sports. Mais les Camerounais ne sont pas dupes. Comment Essomba Eyenga compte-t-il procéder pour faire oublier les souvenirs douloureux de la décrépitude de notre football. A l’heure de la refondation de ce sport, que pense-t-il pouvoir apporter à un football qu’il a desservi pendant plus de 15 ans? Peut-être devrait-il d’abord laisser ses bonnes intentions en acceptant de siéger au Comité de normalisation, au cas où la Fifa consent à ne pas tenir compte de son arrogance à son égard. Il devra aussi s’évertuer à corriger cette réputation de tribaliste que certains observateurs lui ont collé à la peau.