L’entraineur-sélectionneur des Lions indomptables et ses joueuses sont qualifiés pour la Coupe d’Afrique des nations qui se dispute du 11 au 24 octobre prochain en Namibie. Et moins de trois mois avant le coup d’envoi de la compétition, Carl Enow Ngachu ne cachent plus son anxiété quant aux répercussions que pourraient avoir la non compétitivité de ses joueuses à cette épreuve, du fait de l’arret depuis trois mois du championnat national de football féminin pour des questions de financements.
Le championnat national étant à l’arrêt depuis plusieurs mois maintenant, comment procédez-vous à la sélection des joueuses pour préparer la CAN 2014 qui se dispute en octobre prochain ?
Je dois avouer que c’est difficile. Lors du match contre le Sénégal, le championnat ne se jouait pas depuis un mois. Je m’étais préparé en conséquence, sachant que j’avais une liste avant le boycott du championnat par les présidents des clubs. J’avais déjà fait une prospection dans le pays, et j’avais déjà un répertoire de joueuses. C’est dommage que les joueuses ne soient pas compétitives pour entrer en compétition, parce qu’avec cette absence de compétition, je pense qu’elles sont très menacées, et tout mon souhait est que la fédération et les présidents de clubs s’entendent pour que le championnat reprenne.
Continuerez-vous à faire confiance aux joueuses locales qui pour la plupart constitue souvent l’ossature de votre groupe ?
Maintenant, la majorité des joueuses évoluent hors du pays, puisqu’on s’est rendu compte que les championnats au pays n’étaient pas compétitifs, et c’est pour cela qu’on a appelés un grand nombre de joueuses professionnelles. C’est vrai qu’au match aller contre le Sénégal, c’était un peu difficile, mais au match retour, elles ont pu s’adapter et on s’est qualifiés. Donc, la difficulté est évidemment de composer avec les joueuses locales dans ces conditions, puisque la solution n’est pas toujours de convoquer les footballeuses professionnelles. Le Cameroun organise la Coupe d’Afrique des nations en 2016, et c’est maintenant qu’il faut préparer l’avenir de ces jeunes.
Dès lors, il se pose un problème de supervision, si tant est que vous faites désormais confiance ont joueuses de l’étranger. Comment vous organisez-vous pour assurer cette supervision ?
C’est vrai, c’est une autre difficulté. Nous ne sommes pas chez les hommes où l’entraineur peut faire le tour d’Europe pour superviser les joueurs. Nous, c’est généralement par le net, et on essaye d’appeler les entraineurs, qui parfois nous donnent des mauvaises informations sur les joueuses dont nous avons besoin. Mais, on va faire comment ? Et ce n’est que de cette façon que nous pouvons suivre les joueuses. A part ça, on n’a pas grand-chose.
Quelles solutions envisagez-vous pour pallier ce déficit de compétitivité lors de votre préparation pour Coupe d’Afrique des nations en Namibie ?
On a un programme, tel qu’on va faire un regroupement d’au moins deux semaines chaque mois. Le programme est tel qu’on devrait commencer le 15 juillet si c’est validé. Je pense que les autorités sont en train d’étudier nos propositions. Si on ne le fait pas, ça sera très difficile pour nous. Il faut un peu de suivi. S’il y a le suivi, et puis on travaille dans les bonnes conditions, je crois qu’on aura les chances de se retrouver du côté du Canada en 2015 (à la coupe du monde, ndlr).
La CAN 2016 dont est organisatrice le Cameroun devrait se préparer sur une durée d’au moins deux ans, non ? Cette situation risquerait bien d’entamer les objectifs du Cameroun pour sa propre CAN qu’il voudrait aussi remporter, n’est-ce pas ?
C’est dommage, je ne suis pas un décideur. Je ne suis là que pour sélectionner les filles qui jouent. Ce sont les présidents de clubs et la fédération qui gèrent le volet administratif. Mais, comme je l’ai dit, ce sera très, très difficile pour nous si le championnat ne se joue pas. Nous préparons la CAN 2016, et c’est ça qui commence déjà avec cette CAN 2014 (en Namibie). Si on a des jeunes joueuses qui sont compétitives, on peut espérer d’elles une bonne compétition cette année, et que dans la continuité du travail, elles soient prêtes pour gagner le trophée en 2016. Franchement, on a déjà accusé un énorme retard, et j’espère que les autorités compétentes vont mettre le paquet pour que les choses rentrent dans l’ordre.
Recueillis par Armel Kenné