Tout frais champion des Pays-Bas avec l’Ajax Amsterdam, Eyong Enoh n’a pas le temps de savourer. Car déjà se profile le choc de cette 4e journée des éliminatoires de la CAN 2012 entre le Cameroun et le Sénégal. Défait à l’aller (1-0), le milieu de terrain des Lions Indomptables attend sa revanche. Entretien exclusif avec Afrik-foot.
Afrik-foot : Eyong, vous êtes vice-capitaine du Cameroun, que représente le maillot des Lions Indomptables pour vous ?
Eyong Enoh : Depuis que je suis tout petite, je rêve de le porter. C’est un tel prestige ! Un privilège, un honneur… Le Cameroun a eu longue histoire dans le monde du football. Il y a les grands frères de 1990 avec Roger Milla, François Omam Biyick… Ceux des années 80 de René Ndjeya, de Theophile Abega ou Emmanuel Kunde… Le Cameroun vit pour le football. Vous savez, il y a 20 millions de Camerounais et tous rêvent de porter ce maillot un jour. Mais ce n’est donné que à quelques-uns. En tant que vice-capitaine, j’essaie de me concentrer sur mon travail et faire de bonnes choses pour mériter ma place et rendre nos supporters fiers.
Quasiment un an après, que retenez-vous de cette Coupe du monde 2010 ?
Oh là ! Ce n’est pas un beau souvenir. On n’a pas fait de bonnes prestations et perdu des matches que l’on devait gagner. C’est dommage, on aurait pu faire quelque chose. A titre personnel, cela reste quand même beau d’avoir pu participer à une Coupe du monde, qui plus est la première en Afrique. Beaucoup de gens auraient aimé en être, que ce soit dans un stade ou sur le terrain. J’en ai profité pour apprendre à côté de joueurs d’expérience comme Song ou Geremi.
Mais comment expliquez-vous cet échec ?
C’est vrai que, sur le papier, avec l’équipe qu’on avait, on aurait dû finir au moins deuxièmes de la poule (avec les Pays-Bas, le Japon et le Danemark, NDLR). Mais, c’est le foot, cela ne pas toujours s’expliquer.
Il y a eu quand même pas mal de problèmes au sein de l’effectif.
C’est vrai. Il y a eu des problèmes à l’intérieur du groupe. Mais ce n’est pas ma place d’en parler. Nous, les joueurs, on sait ce qu’il s’est passé. Ce n’est pas la peine d’y revenir dessus. L’Angleterre aussi a eu des problèmes, la France également… Mais ce n’était que des demi-problèmes qui ont pris de l’ampleur. Si on était passés, les problèmes auraient été oubliés.
Que représente, pour vous, Samuel Eto’o ?
Eto’o, c’est le meilleur joueur d’Afrique. Il est quatre fois Ballon d’Or africain. C’est un symbole de réussite. Une inspiration pour nous tous : il a tout gagné. A part la Coupe du monde…
Comprenez-vous les « bannis », Emana, Song et Kameni, qui ont refusé de revenir en sélection ?
Dans une équipe, il y a des affinités. Mais je ne suis qu’un simple joueur de l’équipe nationale. J’ai ma responsabilité sur le terrain et je ne me mêle pas des situations des autres.
Comment cela se passe-t-il avec le nouveau sélectionneur, Javier Clemente ?
Clemente, c’est un parrain. Il a beaucoup d’expérience avec l’Espagne, l’Atlético de Madrid, l’Athletic Bilbao, l’Espanyol Barcelone… Il donne le meilleur de lui-même. C’était compliqué pour lui : on sortait d’un Mondial difficile, il devait reconstruire une équipe qui sortait d’un gros passage à vide. Il lui faut du temps pour relancer la machine et qu’on retrouve notre niveau.
En quoi est-il différent de Paul Le Guen, son prédécesseur ?
Tous les entraîneurs sont différents que ce soit dans la mentalité, le style… Pour moi, Clemente est plus cool. Il est plus facile de dialoguer avec lui. Avec Le Guen, c’était la discipline. Clemente nous pousse, il nous dit sans arrêt « Il faut gagner ! »
Et il faut gagner dans ces éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations.
Tout est possible. Si on n’y croit pas, on n’arrivera à rien. On doit y croire. On a la possibilité de faire la différence mais, pour ça, il faudra donner le meilleur.
Une CAN sans le Cameroun, est-ce imaginable ?
Tout peut arriver. Il y a déjà eu des CAN sans le Nigeria, par exemple. Ou le Ghana, qui est la meilleure équipe africaine du moment. C’est une possibilité : dans le football, tout peut arriver. Mais il ne serait pas acceptable de ne pas y aller.
Comment abordez-vous cette rencontre face au Sénégal ? Vous n’avez pas trop la pression ?
La pression, c’est ce qui nous permet de donner le meilleur de nous-même. Cela fait partie du métier. Contre le Sénégal, à l’aller, on a eu un petit relâchement. Mais là, à domicile, il nous faut absolument gagner et décrocher les trois points. Il n’y aura pas de CAN sans le Cameroun.
PAR NICHOLAS MC ANALLY