La trame de fond de cette histoire de maillots serait une bataille de marques. Adidas est partenaire historique de la Fifa (de l’Uefa et de la Caf). A ce titre, l’équipementier allemand verserait dans les comptes de Zurich pas moins de 6 millions d’euros par an (environ 4 milliards de F Cfa).
Une somme non négligeable qui expliquerait bien que la Fifa essaie d’étouffer Puma dont les produits connaissent un regain d’intérêt depuis la double victoire du Cameroun à la Can et au tournoi final olympique de football masculin de 2000 ; et l’apparition en 2002, lors tournoi du grand chelem de New-York, de l’Américaine Serena Williams, revêtue du démembré des Lions indomptables. Un succès inédit pour les maillots sans manches qui seront par la suite interdits par la Fifa. Contribuant ainsi à leur campagne de promotion. Pas moins de 100 000 copies auraient été vendues en Europe occidentale dans les boutiques du réseau. Ce qui n’est bien sûr rien en comparaison avec les équipes de France, Brésil, Italie ou Angleterre. Mais un fait inédit pour une équipe africaine.
Et que sur trois années successives, ce sont des équipes habillées par Puma qui remportent la Can. Car si à l’inverse de son aîné et viscéral concurrent allemand dont la stratégie de communication repose sur l’équation Adidas = football, Puma, essaie autant que faire se peut, de diversifier sa stratégie. Les Lions indomptables du Cameroun sont par exemple la mascotte de l’équipementier allemand pour ce qui est du football et des maillots ; et l’équipe nationale d’athlétisme de la Jamaïque pour les chaussures. Des choix marketing qui ont concouru au rayonnement mondial de la marque au félin. Bien que Adidas soit leader dans le secteur du football, la croissance de Puma ne peut donc que l’inquiéter. De source digne de foi, pour l’année écoulée, Puma a réalisé une rentabilité de 23 %, une progression de 115 % en bourse et un chiffre d’affaires de 910 millions d’euros… Dans le secteur du football, Puma a réalisé, selon le magazine France Football, un chiffre d’affaires de 1,3 millions d’euros, soit + 40 % contre 6,3 millions d’euros pour Adidas, chiffre dérisoire car en décroissance, c’est-à-dire -4 %.
L’acharnement de la Fifa contre les maillots des Lions indomptables peut donc apparaître pour certains analystes comme un retour d’ascenseur à son partenaire Adidas. La marque aux trois bandes a joué un grand rôle dans la dernière campagne de Blatter pour l’élection à la présidence de la Fifa de mai 2002 qui l’opposa au Camerounais Issa Hayatou. Adidas aurait aidé financièrement le Suisse. Seulement, quel que soit le bout par lequel on prend cette décision de la Fifa de sanctionner le Cameroun, cette histoire est loin d’être un simple problème sportif. Quand bien même cela était le cas, de nombreuses interrogations subsistent : la commission de discipline de la Fifa a t-elle été partiale quand on sait qu’elle est dirigée par un compatriote et proche de Blatter, Me Mathieu ? Quelles sont les conclusions de l’enquête initiée le 13 février par cette commission de discipline ?… Toujours est-il que ce sont les Lions indomptables et l’UniQT de Puma qui l’emportent sur le plan de la publicité.
B.M.B.,Mutations