Ancien joueur des Astres de Douala, reconverti en agent de joueur, il tente d’expliquer la ruée des footballeurs africains en général et camerounais en particulier, vers le continent asiatique et principalement la Chinese Super League qui a investi des centaines de millions d’euros cette saison pour une compétition où les stars affluent avec des salaires mirobolants, sous la pression du pouvoir politique qui vise l’obtention de l’organisation d’une prochaine Coupe du monde.
Sur quoi repose concrètement le métier d’agent de joueurs dans un continent aussi vaste que l’Asie ?
Un agent de joueurs ou agent sportif est un intermédiaire entre le joueur et son club. Une partie de sa rémunération provient du contrat du joueur et son club verse également une partie. J’ai joué en Asie pendant 15 ans. Donc, je suis bien connu dans le continent. En tant qu’ancien footballeur, j’ai des contacts avec des clubs et mon travail consiste à mettre les joueurs qui m’ont adressé des demandes en contact avec ces clubs là. A chaque fois les que les managers des clubs m’appellent pour un besoin de joueur, je leur ramène toujours l’élément dont ils ont besoin. Pour le moment, je suis au Cameroun pour des pourparlers avec certains dirigeants de clubs dont les joueurs sont pistés pour évoluer sur le continent asiatique.
Quels sont vos rapports avec la colonie des footballeurs camerounais évoluant en Asie ?
J’ai l’impression qu’en Afrique, on sous estime les joueurs qui évoluent en Asie. C’est une grosse erreur. Actuellement le championnat thaïlandais est entrain de gagner sa place au niveau mondial. N’ayons pas des idées néfastes par rapport au championnat asiatique. Contrairement à l’Afrique, les infrastructures sportives sont très développées en Asie. Dans le continent asiatique, on joue du bon football. Ils n’ont pas forcement besoin des joueurs sortis des centres de formation mais plutôt, des joueurs expérimentés, des joueurs qui ont déjà roulé leur bosse. Raison pour laquelle je m’arrange toujours à ramener en Asie, les joueurs qui savent ce qu’ils doivent faire lorsqu’ils sont sur le terrain. Ce sont des jeunes joueurs issus des centres de formation qui je transfère en Europe.
Est-ce que les joueurs qui évoluent en Asie sont aussi bien rémunérés que ceux qui évoluent en Europe ?
Ils sont bien payés en Asie quoique ce ne soit pas encore au même niveau que l’Europe. Ils bénéficient d’un encadrement poussé. Il y a un très grand fossé entre les footballeurs qui évoluent au Cameroun et ceux qui évoluent dans un pays asiatique comme la Malaisie. Dans le championnat malaisien par exemple, certains attaquants ont des salaires allant de 25 millions à 30 millions de Fcfa le mois. Les étrangers qui viennent jouer en Indonésie deviennent presque instantanément des stars. Les supporters indonésiens les adulent, la passion pour le jeu dans l’archipel n’a pas de limite. Jusqu’en 2014, les salaires des joueurs professionnels cambodgiens par exemple atteignaient péniblement les cent dollars par mois. Personne ne prenait la route de Phnom Penh, à l’exception des joueurs de seconde zone. Puis les salaires ont commencé à augmenter à mesure que le pays se développait. Aujourd’hui, ça paye à coup de millions d’euros.
Etes-vous d’avis avec ceux qui pensent que le transfert de Christian Bassogog du Danemark pour la Chine est un gâchis sur le plan de la carrière du joueur ?
C’est un peu idiot de le penser ainsi. Ces gens se trompent parce que la Chine est un grand pays. Les chinois sont entrain d’investir énormément d’argent dans le football. L’un des objectifs annoncées de Xi Jinping est d’organiser une Coupe du monde d’ici 2030. Un but qu’a déjà atteint le Qatar, autre pays très riche intéressé par le football, et qui a décroché la Coupe du monde 2022. En termes d’installations et d’infrastructures, les clubs chinois ne manquent de rien. En Chine, on s’entraîne régulièrement, avec des équipements à la pointe. Les structures sont très bonnes. Xi Jinping a également lancé une importante campagne de formation, instaurant notamment le football dans les écoles. C’est dire que Bassogog à mon avis, a fait le choix le plus déterminant et le plus judicieux de sa carrière parce qu’il ne pouvait pas avoir autant d’argent même en Europe. Le plus important ce n’est pas seulement la visibilité. Dans le football, la compétition est valable que ce soit en Asie ou en Europe. Ce n’est pas parce qu’il joue en Chine qu’on dira que son niveau est en baisse. Bassogog est dans des conditions de revenir jouer en équipe nationale et faire le double de ce qu’il a fait lors de la Can 2017. Cela demande un peu de temps ; il le fera.
Entretien mené par C.D.