Nkoulou, Toko Ekambi, Salli Edgar et Gwen au repos. Hugo Broos n’a pas cru bon de jeter ces quatre joueurs dans l’arène. Sans doute de peur de les précipiter à l’infirmerie. Au total, ce sont 18 joueurs que le technicien Belge a utilisé jeudi après-midi. Dans l’ensemble, ce n’est pas encore une équipe explosive et conquérante. D’ailleurs, le sélectionneur confesse lui-même que beaucoup reste encore à faire ; tous les compartiments devront passer au scanner avant le 14 janvier prochain.
Une entreprise ardue mais pas impossible à en croire le « sorcier blanc » qui rêve de faire une bonne Coupe d’Afrique avec ce groupe dans lequel beaucoup découvrent la compétition pour la première fois.
Le match test de ce jeudi, au-delà de présenter de nombreuses lacunes du Onze camerounais, a donné à voir de la volonté, de l’engagement et un soupçon de soif d’aller loin dans cette CAN qui s’annonce sulfureuse.
Ce n’est pas sous des chapeaux de roues que les Lions indomptables ont démarré cette rencontre amicale. Refroidis sans doute par l’accueil timide qui leur a été réservé ainsi que l’absence du public dans les travées du stade Ahmadou Ahidjo, le Cameroun peinait à dérouler un jeu sans déchets.
Teikeu-Ngadeu : duo d’assurance en quête de vitesse
En défense où la paire Teikeu-Ngadeu a débuté, la sérénité ne s’est invitée qu’après les 20 premières minutes. Dans ce compartiment, ces deux « cogneurs » présentent quelques signes d’assurance mais manquent encore de vitesse. Tout comme dans les flancs où Ambroise Oyongo Bitolo chaud-bouillant, s’est montré parfois hésitant et se mêlait les pinceaux dans ses chevauchées. Fort heureusement, il s’est ressaisi, a trouvé le bon tempo avant de se voir récompensé par un beau but à la 54e minute.
Mention bien à Mabouka qui a su tenir son rang pour cette première apparition sous les couleurs des quadruples champions d’Afrique. Avec une grosse activité dans son couloir droit, il s’est montré incisif et très concentré pendant tout son temps de jeu. Parfois repositionné comme milieu de terrain défensif, il a été solide dans la défense à quatre des Lions. Il est souvent sorti de sa zone que ce soit pour suivre son marquage ou pour participer au jeu, avec de la qualité à chaque fois.
Fabrice Ondoa, lui, reste irréprochable. Même s’il n’a pas beaucoup été inquiété, le jeune portier est resté égal à lui-même. Vigilant et avant-gardiste. Cédric Bakambu qui croyait avoir marqué à la 13e minute n’a-t-il pas échoué sur le gardien formé à la Fundesport ? Lui qui a fait le geste parfait pour le battre au face-à-face ?
Djoum-Mandjeck-Siani : le juste milieu
Au milieu de terrain, Georges-Constant Mandjeck et Arnaud Djoum ont fait le travail. Si le premier a prouvé une nouvelle fois qu’il est l’un des meilleurs à son poste au sein de ce groupe en se montrant précieux dans sa lecture des trajectoires des balles aériennes et propre dans les relances, le second, lui, a touché moins de ballons mais ses interventions précises et une articulation parfaite avec l’attaque lui ont redonné du galon.
Sébastien Siani qui remplace Mandjeck n’a pas connu une grosse activité mais a su exploiter judicieusement le peu de ballons qu’il a eu sous les crampons. Que ce soit sur le plan défensif ou offensif, le joueur de Kv Ostende a été très propre puisqu’il a permis à son équipe de bien étirer le bloc adverse.
Zoua-Njié : en attendant la lumière
En attaque, Jacques Zoua dont on a souvent critiqué le manque d’explosivité, a rendu une copie appréciable. Après une énorme première mi-temps dans l’intensité avec notamment une grosse percée dès la 6e minute, il est aussi auteur de nombreux gros retours défensifs. Athlétique, il a apporté beaucoup de latéralité au jeu son équipe. Un peu plus discret par la suite, il est remplacé par Njip També à la 46e qui a tout de même aidé son équipe à maintenir le score favorable.
Même s’il n’a pas inscrit de but, Clinton Njié a plongé les nostalgiques dans la campagne qualificative à la Can 2015 où il avait sublimé les fans des Lions. Fin dribbleur, bon porteur de balle à la pointe de vitesse qui étourdit les défenseurs, il a mouillé le maillot sur les flancs de l’attaque du Cameroun. On peut lui faire le reproche d’en faire un peu trop au point de manquer d’altruisme, il reste vrai qu’il a montré de l’envie et de l’engagement.
Bassogog : petit Lion mord gros Léopard
L’homme du match reste incontestablement Christian Bassogog. C’est l’un des rares Lion à surnager tout au long de la partie. Dès son premier ballon, il a pris le jeu à son compte en décrochant beaucoup depuis son aile droit où il fait parler son pied gauche. Inspiré sur plusieurs centres derrière la défense et des passes subtiles, il s’est battu comme un beau diable pour relancer son équipe alors qu’elle était huée par le public. Remuant, le joueur d’Aalbord au Danemark a surtout posé des problèmes à la défense congolaise. Beaucoup de bonne volonté, mais un peu de déchet, comme d’habitude. Il a fait preuve d’une grande justesse technique et aussi d’un peu de génie pour doubler la mise après le but d’Oyongo Bitolo (66e). Remplacé par Franck Boya qui n’a pas été étincelant au regard du maigre temps de jeu dont il a bénéficié, il a convaincu.
A l’inverse, Vincent Aboubakar est presque passé à côté de son sujet. L’attaquant du Fc Porto dans une suffisance sans précédent, a manqué de niaque et de vista cet après-midi. Une performance approximative pour un artificier qu’on rêve de voir dégainer à la CAN.
En somme, beaucoup d’automatismes à mettre en place, faciliter l’osmose et l’homogénéité entre les lignes pour espérer une CAN moins amère que celle de 2015. Prions que Broos en tienne compte !
Christou DOUBENA