Le psychologue des Lions Indomptables explique sa stratégie de travail, en même temps qu’il donne les raisons du choix de Mbankomo pour la mise au vert des Lions Indomptables.
Quel est l’état d’esprit des joueurs au moment où ils entament ce stage préparatoire au match contre le Togo samedi prochain ?
Il faut déjà commencer par relever un fait important : tous les joueurs qui ont été convoqués pour préparer ce match contre le Togo ont répondu à l’appel. Cela témoigne de la prise de conscience qui anime chaque joueur. Le travail que nous avons à faire au niveau de notre équipe en ce moment est beaucoup plus d’asseoir la cohésion de l’équipe. Cette cohésion ne peut être bien assise que si la cohésion sociale, les relations interindividuelles entre les joueurs est à son maximum. Nous travaillons dans ce sens-là et dans le sens qu’ils puissent bien gérer leur stress. L’un des problèmes qu’on peut avoir samedi, c’est les joueurs puissent se contenir devant le public. Nous trouvons des artifices pour qu’ils puissent gérer ce stress. D’ailleurs, un protocole leur a été distribué. Ils doivent répéter un certain nombre de choses deux fois par jour. C’est un petit texte court et je crois que ça va beaucoup contribuer à améliorer leur état d’esprit.
Y avait-il nécessité de les couper du public ?
Je ne pense pas qu’ils ont été coupés du public. Deux séances d’entraînements sont prévues au stade Omnisports. Nous avons voulu mettre un accent sur la concentration et vous voyez que le cadre s’y prête. Ici, dès que les gars finissent de jouer, ils montent dans les dortoirs, ils prennent leur douche, ils mangent et récupèrent. En ville, le problème qu’on a souvent vu, même si on fait un effort pour canaliser leurs comportements, il y a toujours eu des porosités qui ont fait qu’on ne contrôlait pas les joueurs. Donc, je pense qu’on a essayé de satisfaire tout le monde, sans couper l’équipe du public. Mais, il faut que le public comprenne que de temps en temps, nos joueurs doivent être performants et pour cela, il faut qu’ils aient été bien préparés au préalable.
Peut-on savoir ce que les joueurs répètent au quotidien ?
C’est un protocole. Ces choses se font intra muraux. Si je commence à vous le dire, les autres (l’adversaire, ndlr) vont savoir ce que nous préparons comme stratégie. Chaque joueur a un protocole identique. Au lever, ils savent ce qu’ils doivent faire. Aux entraînements, ils savent ce qu’ils doivent faire. Et avant de se coucher ils savent aussi ce qu’il faut faire.
Si nous insistons, c’est qu’à un moment dans cette équipe, on a parlé des dix commandements de Rigobert Song et vous arrivez aussi avec un protocole. C’est quoi, tout cela ?
Je dois vous dire d’abord que chaque fois que quelque chose est bien fait, dans le sens d’agir sur le mental, c’est quelque chose de positif. On peut même utiliser les dix commandements de la Bible, en l’adaptant à notre situation du football. Si cela agit sur le mental des joueurs, c’est important. C’est ce que nous recherchons. C’est activer leur mental, pour qu’ils puissent être fin prêts le jour du match.
Dans sa prise en main, le coach principal a constaté que les joueurs avaient des visages fermés et leur a demandé d’être relaxes. N’était-ce pas là une crispation ?
On ne peut pas dire que c’était la crispation. C’est bien au contraire, le début de la concentration. Il faut considérer par cette attitude que les gars étaient déjà rentrés dans la phase de concentration pour commencer le travail.
Est-ce que vous détectez facilement qu’un joueur n’a pas respecté le protocole ?
Au-delà des protocoles qu’ils répètent, j’ai des consultations avec des groupes et individuelles. Cela me permet de vérifier.
On a vu là certains qui ne se rapprochaient pas. Pensez-vous qu’en si peu de temps vous allez ramener tout le monde à regarder dans la même direction ?
Vous avez trouvé ainsi un groupe qui vit depuis le matin. On a été au restaurant et on a eu une réunion. Ils ont eu le temps de s’embrasser, de se saluer. Donc, ce n’est pas sur le terrain qu’ils allaient revenir là-dessus.
Entretien mené par Antoine Tella à Mbankomo