Nés d’un même parent mais ennemis jurés, le Canon et le Tonnerre de Yaoundé s’affrontent ce samedi, lors de la 7e journée d’Elite One. Et comme pour chacune de leurs oppositions, le feuilleton de leurs querelles refait surface, pour le plus grand plaisir des amoureux des rivalités fraternelles.
Patrick Zambo compte les heures. Cet habitant du quartier Nkolndongo à Yaoundé a hâte d’être au stade Omnisports Ahmadou Ahidjo. Ce soir, les deux équipes de son cœur, le Canon et le Tonnerre de Yaoundé ont rendez-vous dans le cadre de la 7e journée du championnat national. Entre les deux clubs mythiques de la capitale, son cœur balance. «C’est toujours un immense plaisir de vivre en direct le derby de Yaoundé. Depuis que je suis en âge de venir au stade seul, je n’ai jamais manqué une confrontation entre ces deux clubs. Au point où, j’ai appris à supporter et le Canon, et le Tonnerre. C’est difficile de trancher aujourd’hui, entre les deux», avoue-t-il.
Au Cameroun en effet, qui dit derby pense tout de suite au duel entre les frères ennemis de Yaoundé. Le Canon, club le plus titré du pays considère le Tonnerre comme une jeune équipe à qui il doit toujours donner la fessée. Les deux clubs sont historiquement antagonistes. Les hooligans sont les membres d’une même famille (Mvog-Ada et Nkolndongo) et certains joueurs sont parfois issus de la même maison. Bien sûr, les matchs débutent entre voisins, supporters et dirigeants. Les Canonniers ne jurent que par leur armoire à trophées : 1 Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, 3 Ligues des champions de la CAF, 11 Coupes et 10 trophées de champion du Cameroun. Là où le TKC prône la passion pour ses couleurs.
Frères ennemis
C’est le 9 novembre 1930 à Mvog-Mbi, quartier populaire de la capitale que le dénommé Omgba Zing fonde le Canon Sportif et en devient le président. Mais à la suite d’une série de brouilles internes, il quitte le club pour en créer un autre quatre ans plus tard, le Tonnerre. C’est le début d’une longue rivalité. Du coup, les derbies entre les deux clubs sont assurément les matchs les plus importants et les plus attendus du pays. A cause de la qualité du spectacle qu’ils garantissaient. A chaque rencontre, des dizaines de milliers de spectateurs prennent d’assaut la cuvette du stade Omnisports de Yaoundé.
Une rivalité qui dure
Serrés les uns contre les autres, pas question de louper ce rendez-vous qui met aux prises deux constellations de stars. D’un côté le Canon de Thomas Nkono, Théophile Abéga et Jean Manga Onguéné, tous sacrés au moins une fois Ballon d’or africain. Et de l’autre côté, le Tonnerre des légendes Georges Weah et Roger Milla, respectivement trois fois et deux fois Ballon d’or africain. Outre le lien de «parenté» et la proximité (les deux quartiers sont voisins), la rivalité tenait également du fait que les joueurs de ces deux clubs constituaient à eux seuls la principale ossature de l’équipe nationale du Cameroun. Une belle performance lors d’un derby pouvant garantir une place de titulaire en sélection.
Querelles, fuites des talents…
Seulement, depuis une vingtaine d’années, le Canon et le Tonnerre ne «boxent» plus dans la catégorie des poids lourds. Les deux clubs ont perdu de leur superbe. S’ils ont totalement disparu de la scène continentale, au plan national, ces clubs mythiques se battent pour exister. Régulièrement dans l’ascenseur entre la deuxième et la première division, les querelles intestines ont fini de faire fuir les talents et les pourvoyeurs de fonds. Du coup, le classico de Yaoundé ne fait plus courir.