L’élection de Seidou Njoya à la présidence de la FECAFOOT en octobre 2018 a été contestée par certains délégués qui ont dénoncé plusieurs actes de corruption dans le processus menant à l’adoption de nouveaux textes. Ils ont contesté cette décision à la plus haute instance mondiale en matière de sport. Après un peu plus de deux ans, la décision du Tribunal d’arbitrage a été sans appel. Toutes les élections, locales, départementales, régionales, et fédérales ont été annulées.
En d’autres termes, c’est un exécutif illégitime qui gère le football camerounais depuis 2018. Mais la FIFA a surpris et remis les mêmes personnes en selle, alors même qu’elles devaient pourtant être poursuivies pour faux et usage de faux et bannies, au même titre que Ahmad Ahmad, de toutes les activités liées au football. Et la FIFA parle d’avoir tourné la page Blatter et Platini ?
Après la publication de la décision, le Secrétaire Général de la FECAFOOT, Benjamin Didier Banlock, aurait écrit à la FIFA pour avoir des directives pour son interprétation de l’article 235 de l’arrêt qui parle de la continuité de gestion des affaires de la FECAFOOT, malgré l’annulation de l’élection.
Le Secrétaire Général de la FIFA, Fatma Samoura, a confirmé la position de la FIFA sur la poursuite de l’activité de ce Comité Exécutif et la modification des textes qui conduiront aux prochaines élections.
Cette position est contraire à toute règle de droit puisqu’on confie aux corrupteurs, qui ont modifié et menti sur les nombres de vote pour être élu. Et ils ont géré de manière frauduleuse les affaires du football Camerounais sur la base de la tromperie, de la tricherie.
Ceci apporte beaucoup de confusions puisque la FIFA offre à une organisation illégale la gestion des affaires de l’instance du football sur une base intérimaire : « Leur mandat sera limité à la réalisation d’activités qui permettront le fonctionnement quotidien de la structure et à l’accélération du processus de finalisation de l’adoption des statuts et des textes de la FECAFOOT et à l’organisation de nouvelles élections », peut-on lire dans la réponse du SG de la FIFA, qui ajoute que « l’organe intérimaire doit présenter sans délai une feuille de route qui conduira à la tenue de nouvelles élections à la FECAFOOT ».
La réponse de la FIFA est implicitement imprécise et laisse aller en conjectures. Certains analystes sportifs estiment que c’est Mbombo Njoya et son exécutif voté en 2018 qui assureront l’intérim, alors que pour d’autres, cela signifie que le Secrétariat Général dirigé par le Secrétaire Général et l’assemblée générale sont les organes qui doivent assurer la continuité de la FECAFOOT.
Abdouraman s’attaque à la FIFA
Abdouraman Baba, l’un des délégués à l’assemblée élective de la FECAFOOT en 2018, qui a lancé la pétition contre l’élection de l’exécutif de la FECAFOOT dirigé par Seidou Njoya, a rejeté la sortie de la FIFA après la décision de justice, arguant qu’elle n’a aucun fondement juridique.
Il a déclaré que l’instance mondiale du football était à court de solutions au Cameroun, ajoutant que « la FIFA elle-même a besoin d’une normalisation ». Cette normalisation qui s’annonce est la troisième, mais en réalité la sixième si on compte les diverses rallonges qui sont survenues. Et tout ceci, toujours pour des questions de régularité des textes.
Abdouraman a affirmé à nos confrères du Guardian Post lors d’une interview dimanche que l’instance dirigeante du football mondial avait choisi d’interpréter la partie de la décision qui lui convenait : « La réalité est que la FIFA s’oppose plutôt à l’exécution de la décision du TAS. Sur le plan juridique, si votre élection est annulée, cela signifie que vous n’avez jamais été élu au départ. S’il s’agissait d’une réélection, ce serait différent. Cela signifie que tout document qui sera signé par Seidou exposera la fédération et le Cameroun. Bien évidemment, nous ne pouvons pas accepter cela« .
A la question de savoir si la FIFA peut imposer les dirigeants actuels à la FECAFOOT, sans hésiter, Abdouraman a affirmé que ce n’était pas possible : « certaines personnes pensent que la FIFA est le patron de la FECAFOOT mais non… La FECAFOOT est indépendante. Nous sommes membres de la FIFA et nous sommes obligés de respecter ses statuts et ses règlements, mais la FIFA n’est pas le patron du football camerounais« .
Selon lui, la FIFA est arrivée à une telle conclusion parce qu’elle sait qu’elle ne peut pas remplacer une commission de normalisation par une autre commission de normalisation, étant donné que sur le plan juridique, l’exécutif dirigé par Seidou Njoya, dont la prétendue élection a été annulée par le TAS, n’a jamais existé.
Quant à la voie à suivre, Abdourahman a déclaré que si leurs avocats vont écrire à la FIFA cette semaine pour contester la légalité de leur sortie. Il y a également un mouvement de concertation des acteurs du football dans le pays sur la façon de prendre en charge le football du pays.
L’avocat Toto Soppo prend la FIFA à partie
L’avocat et arbitre agréé, Me Toto Soppo Andre, voit de la mauvaise foi dans la tentative de la FIFA de tirer à son profit la décision du Tribunal arbitral du sport : « le TAS n’a pas demandé à la FIFA de dire que l’actuel exécutif de la FECAFOOT devrait assurer la continuité. Il n’y a nulle part dans la décision où le tribunal parle de continuité sur une base intérimaire. A partir du moment où un tribunal se prononce sur l’annulation de l’élection, cela signifie que les élections n’ont même pas eu lieu et que toutes les décisions et actions prises par Seidou Njoya et son exécutif à partir du jour de leur prétendue élection sont nulles et non avenues« .
Contexte
Seidou Mbombo Nyoya et son exécutif sont entrés en fonction à la suite d’élections organisées par un comité de normalisation dirigé par Dieudonné Happi. Ce dernier est entré en scène lorsque l’élection de Tombi A Roko Sidiki en 2015 a également été invalidée par la TAS en 2017. Le juriste et son équipe avaient pour mandat d’élaborer de nouveaux textes pour l’instance dirigeante du football du pays avant d’organiser de nouvelles élections.
Cependant, le processus qui a conduit à l’élection de Seidou Njoya et de son équipe le 10 octobre 2018 à Mbankomo, près de Yaoundé, a été entaché d’irrégularités telles que révélées par le jugement du Tribunal Arbitral du Sport.
L’AS Olympique Meiganga, un club amateur basé dans la région de l’Adamawa, par l’intermédiaire de l’Association des clubs de football amateur du Cameroun, l’ACFAC a déposé une plainte auprès du TAS, demandant l’annulation du scrutin.
Le Comité de normalisation de l’avocat Happi a été accusé d’avoir violé plusieurs dispositions des statuts de mai 2009 qui étaient en vigueur avant le 10 octobre 2018.
C’est ainsi qu’Abdouraman Baba et d’autres ont déposé une plainte auprès de la TAS. Après 26 mois, le TAS, qui est la plus haute instance judiciaire en matière de sport, a statué en faveur de l’AS Olympique Meiganga.
Le verdict de l’affaire avait été reporté trois fois avant la décision du 15 janvier, qui est considérée comme finale.