Depuis la mise en disponibilité des projets de textes de la Fédération camerounaise de football, plusieurs préoccupations sont pendantes. Evidemment celle de leur adoption qui se fera plus ou moins ce samedi à l’occasion d’une réunion de l’assemblée générale 2013 reconnue en la matière. Il est également question depuis quelques temps de candidature au poste de président de la fédération, et de celle d’une personnalité qui courre les rues à tort ou à raison.
Tombi A Roko Sidiki le secrétaire général de l’institution ne s’est pas déclaré candidat aux élections, ou du moins, pas encore, mais est présenté dans les milieux du football camerounais comme futur successeur d’Iya Mohammed vaille que vaille. Or, il y a deux semaines, Camfoot obtenait de l’intéressé à la lumière d’une nouvelle emballante sur sa potentielle candidature une réponse brève et laconique : «c’est faux pour l’instant !», rétorquait-il. Dès lors, on en est à se demander s’il le fera plus tard. Peut-il véritablement se présenter à ces élections ? Est-il éligible au vu de sa posture de secrétaire général actuel de la fédération ? Qu’adviendrait-il de son poste ? Ne commettrait-il pas un délit d’initié en allant aux élections ? Ce sont autant de préoccupations auxquelles apportent des éclairages le Dr Prosper Nkou Mvondo, enseignant de droit à l’Université de Ngaoundéré, couvert aussi de sa casquette de président de Ngaoundéré FC, un club de ligue régionale de l’Adamaoua. Le candidat malheureux aux élections de la Fécafoot en 2009 y apporte des réponses en trois articulations.
1. Au regard des conditions exigées par les textes de la Fécafoot (anciens et projet en cours), rien n’interdit à un employé de la Fécafoot de postuler comme candidat à une élection au sein de la Fédération. Il en est ainsi du Secrétaire général qui peut bien se porter candidat à l’élection présidentielle. Seulement, s’il est élu, il devra quitter son poste de secrétaire général, dans la mesure où les fonctions électives sont incompatibles avec les fonctions salariales au sein de la Fécafoot.
2. Au moment où la FIFA met en place le Comité de normalisation à la Fécafoot, il interdit aux personnes nommées dans ce comité de se présenter aux prochaines élections à la Fécafoot. Il s’agissait-là de préserver leur neutralité dans le cadre des missions de «normalisation» qui leur sont confiées. Par la même occasion, le Secrétaire général de la Fécafoot, qui avait été écarté de ses fonctions, durant la crise, par les dirigeants intérimaires, a été réhabilité par la FIFA. Il n’est pas présent à la Fécafoot comme membre du comité de normalisation, mais comme employé. L’interdiction de se présenter à l’élection, qui frappe les membres de ce comité, ne lui est donc pas applicable, sur un plan purement textuel.
3. Il faut reconnaître que la Fédération traverse une période assez délicate de son histoire. De nouveaux textes ont été préparés par le comité de normalisation, qui doit en même temps superviser les élections à venir. Si le Secrétaire général, étroitement impliqué dans ces activités du comité de normalisation, se présente comme candidat à une fonction élection, il y a fort à parier qu’on lui reprochera d’avoir influencé, en sa faveur, les travaux du Comité de normalisation. En sa qualité de secrétaire général, il aura eu au moins accès à des informations sur les textes et sur le processus électoral, bien avant ses concurrents. Sa candidature apparaitra donc comme un véritable «délit d’initié».
Il s’agit donc d’une question d’éthique, et si le Secrétaire général en a une, il devra s’abstenir d’être candidat à un poste électif lors des prochaines élections à la Fécafoot. Les autres candidats pourraient, sur ce fondement, attaquer la candidature du Secrétaire général devant les juridictions sportives. Une jurisprudence sur cette question d’éthique pourra être mise en place. On sera ainsi fixé, pour le présent et pour l’avenir.
A.K. avec le Dr Nkou Mvondo