Edmonton n’avait sans doute jamais assisté à une telle scène auparavant : le 16 juin dernier, les supporters camerounais se sont groupés en masse dans l’une des tribunes du Commonwealth Stadium lors du match opposant les Lionnes indomptables à la Suisse. Un contingent bien plus important que prévu de la communauté camerounaise vivant sur place s’était donné rendez-vous derrière l’un des buts. Revêtus des traditionnelles couleurs rouge, jaune et vert, les fans n’ont eu de cesse d’encourager leur équipe dans un joyeux tintamarre aux notes typiquement africaines. Plusieurs spectateurs avaient même préparé des banderoles maison portant le nom de leurs nouvelles héroïnes.
Pas étonnant alors que le Cameroun ait proposé une seconde période d’excellente facture, basée sur un rythme élevé et un jeu dynamique qui lui a permis de battre les Helvètes. L’exploit est de taille, puisque les Lionnes ont enregistré au passage la deuxième victoire seulement d’une équipe africaine sur une formation européenne en Coupe du Monde Féminine de la FIFA™. « Le soutien que nous avons reçu au stade a été une véritable source d’inspiration. Nous avions vraiment l’impression d’évoluer à 12 », assure l’attaquante Ajara Njoya Nchout à FIFA.com.
Les Africaines pourront compter sur un soutien encore plus massif le 20 juin, lors du huitième de finale contre la RP Chine. « Nous avons eu du public partout où nous avons joué, mais ce n’était rien comparé à celui d’Edmonton », affirme Nchout. « Nous nous sommes demandé dans le vestiaire combien de supporters il pouvait bien y avoir. Nous étions vraiment surprises de les voir aussi nombreux. On dirait qu’ils ont bien accroché. Ça nous a fait également très plaisir de voir autant de fans nous attendre à l’hôtel. Je n’avais encore jamais vu ça pour un match disputé en dehors du Cameroun. »
Première joueuse de son pays à évoluer dans le championnat professionnel américain, Nchout avait marqué lors de la défaite 2:1 face aux Japon. Aujourd’hui, elle vise un succès contre la RP Chine, qui pourrait lui permettre ensuite d’affronter les États-Unis et plus particulièrement Sydney Leroux et Whitney Engen, ses partenaires au Western New York Flash. « Ça serait sympa de jouer contre les Américaines et mes coéquipières », reconnaît l’intéressée, voit bien plus loin qu’une place en quarts de finale et rêve de soulever le trophée. « On s’est pris dans les bras et félicitées quand on s’est croisées à l’hôtel cette semaine. »
Soutien et fierté
L’attaquante n’est pas la seule à reconnaître l’influence des supporters locaux, nombreux à attendre l’équipe à son arrivée à l’hôtel après la victoire contre la Suisse. « Le public camerounais a compris qu’il jouait un rôle important », explique le sélectionneur Enow Ngachu. « Nos fans savent qu’ils devront venir en masse contre la Chine. »
« C’était incroyable », confirme pour sa part Gabrielle Onguéné. « C’était génial, car ils nous ont encouragées dès le départ. C’est pour ça qu’à la fin de la rencontre, nous sommes allées remercier les fans qui étaient venus en si grand nombre. »
La confiance est désormais au beau fixe dans le camp camerounais, qui a pu savourer l’ambiance des grandes occasions pour sa toute première participation à la Coupe du Monde Féminine et s’offrir au passage une qualification historique pour la seconde phase du tournoi. « Nous allons écrire une nouvelle page de l’histoire du football africain », prévient l’explosive ailière.
« Je pense qu’on a fait honneur à notre surnom », ajoute Onguéné à propos de l’intensité mise par son équipe au retour des vestiaires contre la Suisse. « Quand un lion a faim, il se transforme en bête féroce. Il devient méconnaissable lorsqu’il doit trouver de quoi se rassasier. »