Le père d’Albert Ebossé et ses avocats ont rendu public un rapport remettant en cause la version officielle au sujet du décès du joueur de la JS Kabylie. Selon ce document, l’attaquant a été assassiné.
Rebondissement dans le dossier du décès tragique d’Albert Ebossé Bojongo, footballeur camerounais tué le 23 août 2014 à l’issue d’un match de Championnat d’Algérie. La semaine suivant son décès, les autorités judiciaires près du tribunal de Tizi Ouzou, où résidait le joueur, avaient déclaré que l’autopsie effectuée sur la dépouille du joueur par un médecin légiste révélait que sa disparition était due à un traumatisme causé par un objet tranchant lancé depuis les gradins du stade. Faux et archi-faux, rétorquent presque en chœur les médecins camerounais sollicités par la famille du joueur pour une autopsie privée faite à Douala, la ville natale d’Albert Ebossé Bojongo. Le rapport de cette autopsie privée était présenté samedi dans la salle de conférence de l’hôtel Somatel de Douala à la faveur d’une conférence de presse organisée à l’initiative d’André Bojongo, le père du défunt. Ce dernier avait à ses côtés, Docteur Mouné André médecin anatomo-pathologiste et ses conseils, notamment l’avocat français Jean-Jacques Bertrand et son homologue camerounais Ruben Billap.
D’entrée de jeu, le Docteur André Mouné, médecin anatomo-pathologiste, a pendant une trentaine de minutes déroulé et expliqué l’iconographie de l’autopsie du corps d’Albert Ebossé. Sa conclusion ? Le joueur a été froidement assassiné. Et de réfuter dans la foulée la thèse selon laquelle le joueur aurait été tué par un objet tranchant lancé depuis les gradins du stade. Dans un document de 15 pages adressé au médecin chef de l’hôpital militaire de Douala, les médecins André Mouné et Fabien Fouda chirurgien des Hôpitaux des Armées ont conclu leur compte rendu de l’examen de la dépouille du footballeur tué en ces termes : « M. Albert Ebossé Bojongo est décédé des suites d’une agression brutale avec poly traumatisme crânien. Nous rappelons pour cela, [l’observation] sur le crâne d’une embarrure de la calotte, de la fracture des os de la base et la fracture des vertèbres cervicales. Sur l’épaule gauche, [constat] d’une luxation et d’une fracture maquée de la clavicule du même côté. »
Promesses non tenues
Toujours sous le choc, André Bojongo a fait savoir que les conclusions de l’autopsie venaient le conforter dans l’idée que son fils a été victime d’un assassinat prémédité. « Je vais continuer mon combat pour que les prédateurs d’Ebossé soient traduits en justice », a-t-il lâché, saisissant la balle au bond pour afficher son étonnement vis-à-vis de l’indifférence des responsables de la Jeunesse sportive de Kabylie, le club qui employait son fils. « J’ai inhumé Ebossé, aucun membre de son club n’était présent. Depuis, personne n’est passée présenter les condoléances à la famille. Le club et la Ligue professionnelle algérienne avaient promis de verser une indemnité et même les salaires du joueur pendant une période donnée. Voilà quatre mois que mon fils est mort, la famille n’a rien reçu. Même le gouvernement algérien qui avait promis de tout mettre en œuvre pour trouver et traduire en justice les assassins de mon fils, restent sans réaction à mes multiples relances », fait savoir André Bojongo.
Dans un communiqué conjoint, publié au lendemain de la mort tragique du footballeur camerounais, la Fédération algérienne de football, la Ligue de football professionnel algérienne et la Jeunesse sportive de Kabylie avaient décidé d’octroyer une indemnité d’un montant de 100.000 dollars (environs 50 millions de FCFA) à la famille du défunt. « Par ailleurs, il a été décidé d’un commun accord avec la JS Kabylie, que tous les salaires du joueur décédé seront intégralement versés à sa famille jusqu’à expiration de son contrat avec la JSK », ajoutait le communiqué.
C’est pour amener les autorités judiciaires et sportives algériennes à tenir leurs promesses, que les conseils de la famille Bojongo, sont passés à l’action il y a quelques jours. « Muni de ce rapport d’autopsie, qui est la preuve que le joueur a été assassiné, nous avons saisi Paul Biya le chef de l’Etat camerounais et certains membres de son gouvernement. Nous avons aussi saisi Issa Hayatou le président de la CAF, Sepp Blatter le président de la FIFA et différentes autorités algériennes », indique Me Ruben Billap. « La FIFA doit prendre ses responsabilités car, au-delà de ce drame, le joueur avait de son vivant, un litige avec son club. La JSK affiche un silence total aujourd’hui. Il revient à la FIFA de rendre justice à ce talentueux joueur », renchérit Me Jean-Jacques Bertrand. Affaire à suivre.
Paul Nana, à Douala