Albert Roger Milla était l’invité d’honneur de la première édition de la Easter Cup organisée dans les locaux de l’Ecole de Football des Brasseries. Fidèle à son habitude, le vieux lion a profité de l’occasion pour attribuer de bons et mauvais points. Entretien …
Quel est votre sentiment au terme de la finale ?
C’est un sentiment mitigé. Voir les enfants jouer sur un terrain non réglementaire me donne des pincements au cœur. Si on avait une belle pelouse et un stade réglementaire, on allait voir un beau football. Malheureusement, c’est tout ce que les Brasseries ont, ils font avec. Ils ont sorti plusieurs grands joueurs sur ce stade, mais ce n’est pas parce que les Geremi (Njitap), les Samuel (Eto’o), les Pierre Wome sont sortis d’ici, qu’on devrait penser que d’autres y sortiraient encore, si on ne change pas de fonctionnement. Il faut que les Brasseries aient deux ou trois bonnes pelouses pour que ces enfants s’entraînent.
Comment avez-vous apprécié le niveau de jeu des deux équipes ?
C’est difficile d’évaluer la qualité de jeu de ces équipes. Vous voyez que le terrain n’est pas réglementaire. Il est presque impraticable. Cependant quelques joueurs se sont démarqués techniquement et ont essayé de sortir du lot. Ce qui prouve qu’ils pourraient s’améliorer avec un meilleur stade. Il faut donner des moyens à ces jeunes de se préparer pour l’avenir du football camerounais.
Un mot sur cette initiative des brasseries ?
L’équipe nationale Espoir du Cameroun a été éliminée, lors des qualifications des jeux africains. Il n’y avait aucun joueur des centres et école ici présents dans cette sélection. Pourtant il y a de très bons joueurs. Qu’on arrête avec des sélections partisanes. Que les entraîneurs cessent d’aller dans les maisons de leurs amis chercher les joueurs, parce qu’ils vont se partager de les primes. Après tout ceci, nous, le Cameroun sommes toujours éliminés des compétitions. Il faut qu’on arrête cette pratique. Il y a de bons centres de formation dans le pays. On ne peut pas me dire qu’on manquerait de joueurs alors qu’il y a des centres de formation. Je viens d’en voir huit.
Je ne demande pas d’améliorer les choses. Car toutes les personnes qui gèrent le football camerounais en ce moment doivent dégager. Il faut qu’elles laissent la place aux vrais techniciens d’améliorer les choses afin qu’ils mettent sur pied un championnat de jeunes. C’est ce championnat qui manque à tous ces jeunes pour qu’on retrouve notre réel niveau.
On vous a vu en grande discussion avec le Mbarga élu meilleur joueur du tournoi. Des conseils ?
Juste quelques conseils pour qu’il s’améliore, surtout sur le plan disciplinaire. Je lui ai demandé d’être discipliné, assidu, de respecter ses camarades, les adversaires ainsi que les dirigeants. C’est ainsi qu’il pourrait être un grand footballeur.
Il a pourtant été recalé en sélection nationale cadette du Cameroun. Comment comprendre le sélectionneur national ?
Lorsqu’on a un joueur, qui sort meilleur joueur à plusieurs reprises à des tournois différents et qui ne fasse pas parti de l’équipe nationale cadette, c’est malheureux. Même s’il ne devrait pas faire parti du onze entrant, je pense qu’il devrait au moins figurer dans la feuille de match, afin qu’il s’imprègne progressivement de la compétition.
Que faire pour résoudre l’éternel problème du tripatouillage dans le football camerounais ?
Qui fait ces tripatouillages d’âge ? C’est ces dirigeants. Ce sont eux qui se rendent dans les familles pour demander aux parents de baisser les âges des enfants. Ils sont les managers de tous ces enfants. C’est des choses qu’il faudrait arrêter. Il ne faudrait pas qu’on continue de prendre le Cameroun pour un petit pays, qui n’a pas d’organisation. Non.
C’est malheureux qu’une équipe camerounaise soit bloquée à l’aéroport. C’est même très malheureux, qu’un international Espoir (Simo Kingue) camerounais aille jouer un match officiel avec sa sélection et qu’au retour, on constate qu’il n’ait pas de billet d’avion et qu’il soit resté seul dans ce pays (Zimbabwe ndlr). Comment voulez-vous, que de dirigeants pareils soient encore parti prenante dans la gestion du football camerounais ? Ils doivent dégager. Qu’ils aillent partout où ils veulent. Qu’ils changent même de nationalité. Ils nous font honte !
On imagine votre courroux après le refus de visas aux Lions juniors qui devaient disputer l’Aspire Cup en Autriche ….
Tout à fait. Ce n’est pas normal de refuser le visa à une nation. Il n’est pas normal, qu’on refuse le visa aux jeunes qui vont représenter leur nation à l’extérieur. Le Zimbabwe était au Cameroun (éliminatoires retours jeux africains 2015 ndlr), on leur a donné le visa. Pourquoi on va nous le refuser quand nous nous rendons aussi à l’étranger ? On peut néanmoins expliquer ceci par le laxisme de nos dirigeants. On savait longtemps à l’avance qu’on devait se rendre au Zimbabwe et en Autriche. Ils auraient dû demander le visa un mois avant.
Propos recueillis par James Kapnang