Désormais au Cameroun, l’exercice du métier d’entraineur et d’éducateur de football sera soumis à l’obligation d’appartenir à l’ACEEF.
Ce n’est plus un secret pour personne, la Fédération Camerounaise de Football brille depuis le 11 décembre 2021, par des décisions aussi rocambolesques les unes que les autres. Très souvent motivé par le désir de contenter ses soutiens et copains, le président de ladite fédération a pris plusieurs décisions aux antipodes de la légalité et du droit.
La dernière en date est celle concernant les entraineurs et éducateurs de football. Ces derniers, pour pouvoir exercer au sein de la Fecafoot, devront désormais obligatoirement appartenir à l’Association camerounaise des entraineurs et éducateurs de football (ACEEF). C’est ce qui ressort du communiqué signé par le secrétaire général de la Fecafoot, Blaise Djounang, le 30 octobre dernier. Ce communiqué annonçait que cette décision émane d’une convention signée entre les deux entités.
Pour Me Eric Bisso, avocat au barreau du Cameroun et spécialiste du droit du sport, cette disposition de la Fecafoot est une violation flagrante de la loi sur la liberté d’association. En effet, il s’agit de la loi N° 90/53 du 19 décembre 1990. Cette loi, relative à la liberté d’association stipule en son article 9 que : « les associations s’administrent librement dans le respect de leurs statuts et de la législation en vigueur ». Plus loin, l’avocat nous rappelle la loi N°2018/014 du 11 juillet 2018 portant organisation et promotion des activités sportives au Cameroun. En son article 7 cette loi stipule que : « Les associations sportives élaborent librement leurs statuts et règlements. Toutefois, elles organisent leurs activités dans le respect des lois et des règlements en vigueur ». Et Me Eric Bisso de conclure que :
« La Fecafoot est tenue au respect des lois et ne peut donc contraindre les personnels de l’encadrement sportif à faire ce que la loi n’autorise pas, à savoir, l’adhésion forcée à une association corporatiste ».
Me Eric Bisso, avocat et spécialiste en droit du sport
C’est en effet une première dans le monde entier. Si un entraîneur reçoit son diplôme de la FIFA ou de la CAF par exemple, il ne pourra pas exercer au Cameroun sans adhérer à l’ACEEF, qui n’est pas un ordre professionnel dont l’exercice est régie par la loi. Mais bien une association corporatiste. Beaucoup d’observateurs, y voient une touche de Michel Kaham, président de l’ACEEF. Pour Jules Nyongha, entraineur de foot, cette décision est une idée de Kaham qui pourra alors par la suite disposer de tous les entraineurs camerounais à sa guise et partant, de décider de leur carrière.
Le syndicat camerounais des entraineurs et éducateurs de football (SYCAMEEF) a déjà réagi via un communiqué signé de son président Thierry Metomo. Pour ce syndicat, il est hors de question que l’exercice de la profession d’entraineur soit soumis à l’adhésion d’une quelconque association ou un syndicat.
Retrouvez ici les communiqués de la Fecafoot et du Sycameef :