« le moment est venu, c’est le tour de l’Afrique cette fois-ci et c’est Hayatou l’homme de l’Afrique… ce sera une honte pour l’Afrique si Hayatou n’est pas élu. Nous en Asie, à part quelques fédérations comme celle de l’Arabie saoudite que je m’emploie à convaincre, nous voterons pour Hayatou … »
On est forcément impressionnés par la qualité et la quantité des infrastructures que vous avez mises en place pour accueillir cette coupe du monde…
La coupe du monde qui commence dans quelques semaines est l’aboutissement de nombreuses années de projets et de préparation. Nous avons accueilli avec beaucoup de joie la décision de confier cette organisation conjointement à notre voisin le Japon et à nous, la Corée. Cette coupe du monde pour nous est un accomplissement. Car le Japon est la nation asiatique qui a les résultats les plus élogieux en matière de football. Je vous rappelle que nous étions déjà à la coupe du monde de 1954. Nous estimons à 1,5 milliards de dollars (Ndlr: 1300 milliards de F CFA) le coût de la construction des 10 stades tous neufs pour cette manifestation. Les fonds sont d’origine locale et gouvernementale.
Vous êtes l’un des vice-présidents de la Fifa à avoir demandé à M. Blatter de déposer sa démission ?
En effet c’est parce que nous ne sommes pas d’accord avec sa gestion, ses méthodes. Nous pensons que la Fifa a besoin de plus de clarté, de plus de sportivité…
Vous pensez donc que Hayatou est l’homme de la situation ?
En effet, d’abord il est de la maison, depuis longtemps et il jouit de l’estime générale. Mais je vais vous dire: la nature du poste de président de la Fifa fait appel à la notion de représentativité. Le président doit être non seulement compétent, mais représenter quelque chose, un courant. Je pense que le moment est venu, c’est le tour de l’Afrique cette fois-ci et c’est Hayatou l’homme de l’Afrique.
Justement, en Afrique il y a une frange de pays qui ne sont pas pour Hayatou…
En tous cas je vous le dis, ce sera une honte pour l’Afrique si Hayatou n’est pas élu. Nous en Asie, à part quelques fédérations comme celle de l’Arabie saoudite que je m’emploie à convaincre, nous voterons pour Hayatou. En Europe aussi, je connais la situation. Les jeux seront faits par les Africains qui ont leur destin en main. Et si cette fois-ci ça ne marche pas, j’ai bien peur que l’Afrique n’ait plus une aussi belle occasion. Il faut savoir saisir sa chance quand elle se présente.
Pourquoi n’avez-vous pas postulé vous même ?
(Sourire) Il y a un seul poste! Et puis je suis déjà vice-président, j’ai organisé une coupe du monde. Je suis comblé dans ma situation. C’est pourquoi je parlais de représentativité et de partage tout à l’heure. Parlons un peu de philosophie orientale: Tout ce qui est fait, doit être fait dans le but de l’épanouissement de l’être humain. L’homme est la fin de toute chose. C’est pourquoi, à chaque fois que l’on évoque la Fifa et que la conversation prend la tournure de business pour le business, je suis fortement contrarié. Après tout, le football n’est qu’un jeu.
Pour en revenir à la situation actuelle à la tête de la Fifa: croyez-vous que l’organisation est en mesure de subir tous les quatre ans des secousses aussi importantes ?
Toutes les tractations, déclarations, manœuvres autour de cette présidence font une seule victime: la Fifa et le football. Je pense que plus que jamais, nous avons besoin de sérénité pour gérer le football et tout ce qui l’entoure.
Vous êtes donc pour un football de philanthropes ?
Non, loin de là, le football est une activité économique. Et je suis conscient de ce que cet événement aura à la fois un impact direct et indirect sur l’économie de notre pays. Les effets directs, c’est l’activité économique et les emplois générés avec la construction des infrastructures liées à l’événement. D’ailleurs, les experts prévoient que cette compétition créera 350 000 emplois et augmentera la production industrielle de 9 milliards de dollars. On estime à 400 000 le nombre de touristes qui visiteront la Corée. Le bénéfice économique indirect, c’est l’amélioration de l’image de notre pays, à qui nous offrons une plus grande visibilité. Nos marques commerciales sauront, bien entendu, en profiter. Vous savez ? En 1982, l’Espagne, en organisant son Mundial, et en mettant en avant le slogan » une Espagne différente » a réussi à faire oublier toutes les séquelles négatives liées à plusieurs décennies de dictature Franquiste. Elle a établi une nouvelle réputation, et depuis le temps, tout le monde voit en ce pays autrefois considéré comme arriéré, un pays moderne, une démocratie stable. Cela a été profitable pour eux.
La Corée a-t-elle une certaine expérience, en matière d’organisation dans le genre ?
D’accord, la coupe du monde du mois prochain est le plus grand événement international organisé en Corée… Seulement, notre pays a déjà fait ses preuves. Tenez : pendant la période préparatoire aux J.O de 1988, Séoul a organisé les sixièmes jeux asiatiques. C’est-à?dire 4839 délégués et 27 pays. Nous ne reviendrons point sur les J.O de Séoul en 1988 qui, historiquement, marquent l’entrée de notre pays dans le rang des pays développés. Nous avons organisé l’exposition internationale de Daegon, avec la participation de 108 pays et 33 organisations internationales. Plus de 14 millions de personnes ont visité cette exposition. En 1994, la ville de Bujan a organisé les deuxièmes jeux de l’Asie de l’Est, accueillant 1344 athlètes et 570 officiels de 9 pays. En 1997, nous avons organisé les universiades d’hiver, à la station des sports d’hiver de Muju en accueillant 2600 athlètes et 50 nations.. En 1999, dans la province de Gangwondo, nous avons accueilli les IVe jeux asiatiques d’hiver.
La Corée a comme cela, la réputation d’organiser les événements inauguraux et spectaculaires ?
Oui, c’est une remarque intelligente que vous nous faites là… Le lancement de l’olympiade de 1988 a stupéfait le monde entier avec le déploiement chorégraphique des danses traditionnelles et des arts martiaux. La cérémonie d’ouverture de la coupe du monde en Corée se promet d’être la plus belle jamais organisée à ce jour… Ce sera une célébration présentant un mélange de notre culture et de tout ce que l’universel a pu lui apporter jusqu’à ce jour. On attend la présence d’un grand nombre de personnalités importantes de rang international. Le mondial 2002 va amener les nations à s’unir pour célébrer le beau jeu et l’amitié internationale pour le sport. La Cérémonie d’ouverture sera à l’image de la force et de la volonté de notre pays d’aller de l’avant, dans la modernité et la préservation de nos traditions.
Source: Mutations, Haman Mana