Le Dtn adjoint de football estime que la structuration du football des jeunes est capitale pour que se perpétuent les performances actuelles.
Lundi prochain, cela fera neuf mois que vous êtes revenus à la Direction technique nationale (Dtn)…
Je suis à la Dtn comme collaborateur de Robert Corfou [le Dtn, Ndlr] avec qui je suis en phase. Il a mis sur pied une politique technique nationale. Celle-ci traduit dans les faits les orientations du gouvernement en matière de football. Notre grande préoccupation de l’heure est d’assurer la relève. Il ne faut pas qu’il y ait des apparitions par intermittence. Le Cameroun est 13ème mondial. Il faut au moins y rester, sinon s’imposer. Et pour cela, il faudrait travailler à partir de la base. Partant de là, nous avons défini nos grandes orientations, qui sont: au départ, la formation des formateurs, ensuite l’organisation des compétitions nationales depuis la base, c’est-à-dire les minimes, les cadets et les juniors, et l’animation de la structure. Cela nous semble important dans le cadre de la consolidation de nos acquis. C’est bien beau d’avoir participé à cinq reprises à la phase finale de la Coupe du monde, d’être quadruple champion d’Afrique, s’il faut y rester, vraiment, il faudrait qu’on investisse pour le long terme. Et cet investissement, ce sont les jeunes. L’arrivée de Corfou nous a été d’un grand appui parce que les moyens ont suivi. Cependant, cette année, nous connaissons des difficultés à poursuivre ce programme. L’an dernier, Corfou a mis en place la formation de premier niveau. Il était question que cette année soit consacrée à la formation des formateurs de 2ème niveau et le 3ème niveau l’année prochaine. Mais il y a des blocages.
Votre travail se résume t-il à traduire les projets de votre patron ?
Ma présence à la Dtn est d’apporter ma modeste contribution à la politique nationale du football, mettre à profit mon expérience, en ce sens que je connais un peu le terrain, les mentalités, les qualités de notre football. Puis, il faut bien le dire, je fais partie de ceux qui ont mis sur pied les écoles de football. A cette époque, c’était informel. Maintenant, il faudrait que les choses se passent dans l’ordre. Que toutes les provinces du Cameroun soient concernées par la compétition des jeunes. Heureusement, la hiérarchie est sensible à ce sujet et la Fécafoot est en train de le traduire par des actes. Mais j’avoue que nous rencontrons des difficultés.
On constate en effet que vous mettez un grand accent dans la structuration du football des jeunes…
Il y a quelques mois, nous avons organisé des compétitions pour la détection de jeunes talents, qui, dans la catégorie des cadets, ont prouvé ce qu’ils pouvaient faire en rempotant le titre africain. Malheureusement; en coupe du monde, cela a été plus difficile. Je crois en fait que c’est la voie à suivre. Le noyau dur de l’équipe nationale actuelle est constituée par des joueurs qui ont remporté la Can juniors en 1999. Des joueurs que nous avons pris très jeunes. Ceux qui rejoignent la formation de Schäfer viennent de l’étranger. Pourquoi ne continuerait-on pas à faire en sorte que le terroir produise des valeurs qui iront directement en nationale seniors? Telle est notre préoccupation. Il faudrait donc mettre un mécanisme et des structures en place et, surtout, rendre fonctionnelles ces structures.
Pensez-vous qu’il n’y a pas des jeunes talents dans le terroir qui puissent intégrer directement la sélection nationale seniors ?
Il y en a ! Voyez un peu ce que fait Mokake en ce moment. Et des joueurs comme lui, il y en a plusieurs. Je sors des inter-poules. Je ne peux pas vous dire combien de joueurs j’ai vus qui seraient capables de faire le bonheur des sélections ! Nous avons proposé ces noms aux entraîneurs des différentes catégories. Avec les nouvelles structures que la Fécafoot est en train de mettre en place, nous évoluons indubitablement vers le professionnalisme. D’ici 4 à 5 ans, notre football sera professionnel. En tant que tel, je crois que nos joueurs seront motivés et resteront au pays. Car, la plupart se battent pour aller à l’extérieur. Mais comment les amener à rester en place s’il n’y a pas de compétition sérieuse, hautement concurrentielle, avec des formateurs compétents? C’est tout cela que nous voudrons mettre en place dans notre pays. Le Cameroun regorge tellement de talents qu’il nous faut prendre nos responsabilités en main.
Cette semaine on a beaucoup parlé du statut de l’entraîneur de football au Cameroun, des encadreurs et même du cadre de création des écoles et des centre de formation de football. Où en êtes-vous avec ces projets ?
Vous faites bien de poser cette question parce que c’est la grande mouvance actuellement. A Yaoundé, il y a 130 structures de formation de jeunes et autant à Douala, un peu moins à Bafoussam et dans d’autres régions. C’est une prolifération qui se fait dans l’anarchie. Nous voudrons mettre ces structures dans un cadre juridique et réglementaire. C’est pourquoi à la Dtn, nous avons fait une distinction entre les centres de formation et les écoles de football. Dans la première catégorie, nous avons la Ksa à Douala, Mount Cameroun à Buea, Sahel de Maroua et Njalla Quan, que nous allons découvrir très bientôt, qui sont en quelque sorte des centres de formation. D’après nos cahiers de charges, ce sont des structures de niveau A. Les structures de cette catégorie devraient avoir un terrain d’entraînement, un encadrement médical, des éducateurs qualifiés; allier à la formation sportive la formation intellectuelle car, au niveau des jeunes, la probabilité de réussite en football est très infime. Car sur 100 gosses d’une école de football, en moyenne 5 % peuvent réussir. C’est Pourquoi nous différencions les centres de formation des écoles, que nous classons au niveau B.
Et les écoles de football…
Nous demandons à leurs promoteurs d’avoir à leur disposition un terrain d’entraînement, des cadres, une trousse médicale, qu’ils aient une petite organisation qui permette le suivi des enfants. C’est le minimum. Mais très peu le respectent. Cependant, nous ne pouvons pas toujours grand chose car nos jeunes ont des qualités. Ils sont athlétiques, possèdent un moral de fer et font face à un problème d’identification. Nous avons tellement de grandes vedettes et nos gosses voudraient leur ressembler. Nous voudrons récupérer cet enthousiasme initial pour le canaliser vers le football de compétition. Donc, au niveau des structures, nous sommes en train de réglementer. Au niveau des éducateurs, nous sommes en train de former. Malheureusement, cette année, nous avons des difficultés à poursuivre la formation au niveau 2 car il manque les moyens financiers.
Qu’en est-il du statut des entraîneurs ?
C’est la grande préoccupation du secrétaire général de la Fécafoot aujourd’hui. Il a déjà organisé le statut des joueurs, qui, maintenant, sont liés aux clubs par contrat. Le corps arbitral a également été assaini et reglémenté. Il reste maintenant les entraîneurs et les éducateurs. C’est l’os. Il n’est pas facile de les organiser. Mais le Sg a donné des instructions dans le sens que ceux-ci ne soient plus à la merci des présidents et dirigeants des clubs. Au moment où le football camerounais est en passe de devenir professionnel, il faudrait que ses techniciens soient identifiés et qualifiés. C’est pourquoi, à partir de l’année prochaine, il faudrait que les entraîneurs soient liés à un club par un contrat. Nous nous attelons en ce moment à finaliser ce projet.
Tous ces dossiers ne vous sont pas étrangers puisque par le passé, vous avez émis les mêmes idées !
En effet, je les avais déjà suggérées mais, ce n’est pas moi qui décide. Nous ne sommes que des exécutants, et quand bien même nous émettons des idées, nous attendons qu’elles soient validées par la hiérarchie.
Vous pensez que si vous n’avez pas réussi, par le passé c’est parce que vous êtes un homme du terroir ?
Oui et non. Il faut le dire, l’arrivée de Corfou a quand même débloqué un certain nombre de situations. Mais si par le passé nous n’avons pas réussi, c’est parce que c’était également la volonté des uns et des autres. Car, si au Cameroun on veut, on peut. Nous sommes très avancés en matière de football. Si le Cameroun est 13ème mondial, c’est certainement parce que tous ses techniciens, ses éducateurs y contribuent à travers tout le pays.
On entend très souvent dire à la Dtn que » le football camerounais est pourri « . Est-ce le système ou les hommes qui sont pourris ?
Il m’est difficile de répondre à cette question. Moi, je suis technicien. Et à notre niveau, nous mettons un peu d’ordre. Sur le plan administratif, je ne saurais trop répondre. En ce qui concerne l’arbitrage, il y a encore pas mal de choses à faire.
Vous avez tantôt cité une certain nombre d’actions que vous menez à la Dtn. Quelle est la touche personnelle de Dominique Wansi ?
Ma touche personnelle c’est la formation des entraîneurs. J’ai roulé ma bosse. J’ai été formateur à l’Injs, responsable des sélections et maintenant je suis à la Dtn. Mais je crois que je suis plus utile au niveau de la formation, parce que je la maîtrise un peu, et de l’organisation des compétitions des jeunes, parce que j’ai été responsable de ces structures et cela au niveau national. J’apporte mon concours aux entraîneurs, qui me consultent très souvent. Je ne suis cependant pas Dieu le Père.
Et à quand le démarrage un effectif du championnat de football de jeunes ?
Tous les secrétaires généraux des Ligues provinciales nous ont demandé de proroger la date de démarrage, qui était prévue le 9 novembre. Je crois que d’ici début décembre, tout sera mis en place pour le démarrage effectif de ce championnat. Dans l’immédiat, nous entendons organiser une campagne de sensibilisation à travers les provinces pour expliquer un peu les nouvelles dispositions que prescrit la Fécafoot, car il faut absolument réglementer le football des jeunes. L’an dernier, c’était la genèse, la phase de balbutiement. Cette année doit être celle de la concrétisation de nos efforts.
B.M.B.