La troisième édition des jeux nationaux du Cameroun dans la région du littoral est-elle une catastrophe organisationnelle ? Infrastructure non achevée, accueil, hébergement et restauration des athlètes ont tout sauf le niveau d’une compétition nationale. Un spectacle désolant sous le regard de quelques athlètes venus du Mali, de la RCA et du Gabon.
Les efforts consentis par Joseph Beti Assomo, gouverneur de la région du littoral et président d’honneur de la troisième édition des dixiades n’ont pas suffi pour impulser une dynamique entreprenante au comité d’organisation des jeux, qui donnent l’impression d’être surpris à tous les niveaux de l’organisation en dépit des deux années accordées pour la préparation de l’évènement.
De la première descente de supervision de l’évolution des travaux au démarrage des jeux, pas une grande avancée. La tribune d’honneur dont l’entrepreneur présentait comme un joyau architectural et dont le comité local d’organisation se targuait de léguer comme héritage à l’université de Douala au terme des jeux n’est pas sortie de terre.
C’est dans des tentes de fortune que le ministre des sports et de l’éducation physique, représentant du chef de l’état et sa suite a déclaré l’ouverture des troisièmes jeux nationaux du Cameroun.
Quelques minutes avant l’arrivée du minsep, nous avions remarqué que le bouquet de fleur qui devait être remis au président de la république demeurait introuvable. Les fleurs apprêtées pour la décoration serviront finalement pour accueillir le représentant personnel du président de la république du Cameroun.
Du boulot, 24h avant le début
Dimanche à 23h soit moins de 24h du coup de la cérémonie officielle d’ouverture des dixiades, le ministre Grégoire Owona président du comité national d’organisation était au village des jeux (Université de Douala) et a constaté que les travaux n’étaient pas achevés.
C’est à sa demande que le délégué auprès de la communauté urbaine de Douala a fait des pieds et des mains pour trouver des hommes afin de mettre la piste d’athlétisme dans les normes en la traçant. Par la même occasion, il a fait appel au service de salubrité pour le nettoyage du site. Dans le même sillage, la tour qui devait maintenir allumée la flamme olympique durant les cinq jours des dixiades était encore en plein chantier juste quelques temps avant le passage de la flamme sous le regard des participants.
Faible mobilisation des spectateurs
Dans les tribunes, la faible mobilisation du public pourtant férus des fêtes en disait long sur l’absence de sensibilisation et de communication qui a entouré cet évènement. Heureusement que l’artiste musicien Petit Pays (qui a défilé avec la flamme olympique) et Gando Picket « whatmanshow » ont assurés la partie ludique.
Les athlètes protestent
Les délégations ont profité du passage devant les autorités pour manifester leur mécontentement sujet au mauvais accueil qui leur a été réservé de leur arrivée dans les sites au démarrage des jeux. La délégation de l’ouest n’est pas passée par quatre chemins pour exprimer au chef de l’état son ras-le-bol. Cette expression des frustrations est motivée par le manque de logements. Il faut dire que certains nous ont confié avoir passés la nuit à la belle étoile. Sur des pancartes brandies, on peut lire : Logez-nous ! La délégation gabonaise délaissée et abandonnée a choisi de détourner leur regard des autorités à leur passage. Les jeunes de la région du Nord quant à eux ont revendiqué les repas.
Les chorégraphies dépassées
Les mouvements d’ensemble et les chorégraphies ont laissé les spectateurs indifférents. Dans les tribunes, que des contestations face aux pas choisis. Un des responsables de l’université de Douala nous confie : « C’est la plus mauvaise chorégraphie que je n’ai jamais vu depuis que je vis. On ne peut pas appeler ça mouvement d’ensemble. C’était nul ». Au sujet des plaintes des athlètes par rapport à la nutrition, il ajoute : « Ils ne parviennent pas à nourrir 2700 athlètes. Les repas sont souvent prêts à 20h. Nous à l’université ont nourri près de 4000 personnes par jour. Ils (les organisateurs) ont créé une opacité dans la gestion. Le recteur n’a été associé à rien. Il est juste là en tant que vice-président ». Toujours au sujet de la chorégraphie, un journaliste appuie : « Nous sommes passés depuis des années dans les nouvelles technologies. Ces gens nous replongent à l’époque de maltusualème. Ils ne voient pas comme les autres avancent. Ils vont nous dire qu’il n’y a pas d’argent. Mais il est préférable de laisser que de souiller le pays ? Il faut innover. Je n’ai rien contre l’expression de nos valeurs culturelles, mais il faut associer à ça un peu de modernisme. C’est nul ce que font ces gens».
Les jeunes des écoles choisis pour le mouvement d’ensemble prennent d’assaut l’entrée de l’université
Les enfants qui n’ont fait qu’exécuter les mouvements qui leur ont été demandés ont tous été délaissés après leur passage. En colère ils ont tenu à manifester leur courrou. Ils ont pris d’assaut l’entrée du rectorat de l’université de Douala, empêchant tout véhicule de regagner l’extérieur. Ces jeunes pour la plupart des lycées et collèges de la capitale économique camerounaise, pendant plus de deux semaines se sont entraînés sans cesse, afin de contribuer à leur façon à donner une couleur particulière aux dixiades de Douala. Après toute une journée au village des jeux le jour de l’ouverture, ils auraient reçu 500 fr cfa des organisateurs d’où leur furie : « Nous sommes là depuis le matin ils nous donnent 500fr. Parmi nous, il y a des personnes qui vivent loin à Bonabéri. Ils vont nous remettre notre argent. C’est depuis deux semaines qu’on s’entraîne ». Une situation qui a poussé ces jeunes, fer de lance du pays a créé des mouvements d’humeur, bloquant tout véhicule dans l’enceinte du village des jeux. Le ministre des sports et de l’éducation physique a pu échapper à cette colère des jeunes qui souhaitent recevoir la somme qui leur a été promise avant leur enrôlement.
Les dixiades 2012 une édition qui s’est voulue internationale a donné l’occasion aux maliens, centrafricains et gabonais de goutter du doigt les réalités camerounaises. En espérant une meilleur suite sur le plan de la compétition, notons tout de même que le comité local d’organisation s’est trouvé dos au mur à cause du déblocage tardif des fonds. Les leçons tirées, espérons que la prochaines éditions, le terme comité local ou régional d’organisation cèdera la place au comité d’organisation géré sur place et en toute liberté par la région hôte.