La notion de dirigeant de club est ce qui est de plus complexe au Cameroun. Encore moins la question des droits et devoirs. Une sinécure en somme.
Qui est dirigeant de clubs et qui ne l’est pas ? Voilà une question complexe. A l’évidence, la définition est bien difficile. Au Cameroun, est dirigeant, toute personne qui a une influence financière, matérielle, morale ou élitiste dans le fonctionnement d’une équipe. Or, la Fécafoot ne reconnaît comme dirigeants d’un club que ceux déclarés officiellement comme faisant partie du bureau exécutif du club. Toutefois, pour l’homme de la rue, le dirigeant de club est la personne occupant le pôle position dans le club. Notamment, le président ou tout autre gros financier. N’en déplaise cette incompréhension et le débat qu’il peut susciter, le dirigeant du club, est une personne ayant de manière officielle une fonction et des charges bien précises.
Dans le football bien organisé et surtout structuré, le club est une entreprise plus ou moins génératrice de revenus. Auquel cas, il est bien organisé et structuré, ayant en plus des biens mobiliers et immobiliers, c’est à dire un siège et du personnel. C’est une personne morale. Les différentes fonctions sont par conséquentes rémunérées. Ce qui incombe des obligations et des résultats à chaque niveau de l’échelle.
Ce n’est malheureusement pas le cas au Cameroun, même si de manière sporadique et isolée on peut relever (antérieurement) quelques cas. Le Racing de Bafoussam des années 92-94, entièrement financé par la Société de savonnerie Soc et Alain Serge Tsemo était un président salarié. Pour autant, même de manière non rémunérée cela n’enlève en rien la responsabilité des uns et des autres. Seulement ce qui fait défaut au Cameroun, c’est tout d’abord le mode de propriété des clubs. La plupart, sinon tous sont des entités à part entière des mécènes ou financiers de certains gros bonnets qui en ont fait une propriété lorsqu’ils ne sont les promoteurs. Qu’à cela ne tienne, ils sont souvent ébranlés ou injectés par la mouvance populaire qui finit par s’appuyer sur le caractère communautaire dont le club s’identifie pour avoir gain de cause.
Les dernières crises du Tonnerre, Canon, Dynamo, Union, Racing pour ne citer que les cas de ces quelques clubs mythiques sont édifiants. Et par la suite, il y a la manière par laquelle, ceux qui occupent les positions de dirigeants sont recrutés ou nommés. Une mascarade ! La compétence est loin d’être le critère de choix. Pour la plupart, il est plus question d’affinité tribale, fraternelle ou amicale. C’est ainsi que l’on peut trouver au poste de directeur sportif, secrétaire général, responsable financier, directeur administratif et que sais-je encore, n’importe quel ostrogothe dont le seul argument a été si ce n’est son fanatisme pour le club, c’est son passé de joueur ou pis encore ses accointances matrimoniales et tribales (frère, cousin, beau-frère,…) avec le principal ou les principaux décideurs. Plus curieux que cela paraisse, cela est récurrent dans les postes de compétence technique comme celui d’entraîneur.
A tous ses postes d’exécution administrative ou technique, la compétence et la qualification doivent être la règle primordiale de recrutement, car chacun, à chaque niveau de responsabilité à des droits, des devoirs, des obligations, mais aussi et surtout des objectifs à remplir et à atteindre. Sous d’autres cieux, on voit bien le président général contraindre à la démission par la cession de la majorité, voire la totalité de ses actions dans le club pour cause de mauvais résultats. Là où au Cameroun l’entraîneur sert toujours de bouc émissaire. Le bon bélier pour le sacrifice propitiatoire. Il en va de même du président actif ou Directeur général, voire exécutif, selon l’organigramme de chaque club.
Ces personnes sont appelées à se justifier et à assumer les mauvais résultats des clubs. Mieux encore à tout autre acte similaire à une mauvaise gestion. Ceci tient de l’aspect managériale dans son ensemble. Allant des recrutements de ses collaborateurs administratifs et techniques, au fonctionnement de son administration. Non sans omettre les performances de l’équipe. D’autant plus qu’en entreprise, le fonctionnement se fait dans une chaîne, la faille d’un maillon influe sur tous les autres. Et lorsque les performances sont mauvaises, il faut bien établir le degré de responsabilités et les faire assumer.
Au Cameroun, s’est la dérobade permanente. Personne ne veut assumer. Les responsabilités sont régulièrement rejetées les uns sur les autres parce que le fonctionnement est très souvent plus qu’une épicerie familiale. Le joueur, l’entraîneur, voir même le responsable administratif en poste se surprend à constater que ses fonctions à une circonstance donnée sont exécutées à son nez et à sa barbe. Bien entendu, en fonction de l’humeur et des caprices du principal financier. Parce que manquant d’esprit managerial ou alors parce que forgé de manière rudimentaire. Ainsi un jour à l’autre, pour les problèmes administratifs élémentaires, le bénéficiaire se réfère en un laps de temps à plusieurs interlocuteurs.
Si ce n’est le responsable en charge, c’est l’épouse du président, son chauffeur ou le gérant de son échoppe du coin. Seulement, au moment d’assumer, le chapeau est fait porté au chargé de la fonction. Ainsi va la gestion de nos clubs. Pas tous, il y en a encore qui font l’exception de la règle. On peut citer, à l’heure actuelle, le Cotonsport qui est une équipe corporative, mais bien organisé et bien structurée. Chacun sachant avec minutie et précision ce qu’il a faire. Et il en est jugé. Un exemple à suivre par tous ces dirigeants sportifs en herbe.
Mathieu N. Njog