Retenus pour effectuer le voyage Douala-Durban par vol spécial dimanche dernier, une quinzaine de journalistes et autres membres de cette délégation dense de plus de 85 personnes, ont été laissés à quai. Les motifs de cette « mise en quarantaine » trouvent réponse dans l’indélicatesse avec laquelle le Directeur administratif des Lions indomptables aurait géré le dossier.
Dimanche noir pour les passagers du vol spécial à destination de Durban en Afrique du Sud. Pour un jour de Pâques, c’est plutôt le Diable qui leur a prêché l’homélie de la désillusion dans la salle d’enregistrement de l’aéroport international de Douala. Le 27 mars dernier restera à jamais gravé dans leurs mémoires. Journalistes de sports, Directeurs au ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep), membres du Comité exécutif de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et autres « touristes », ils ont appris à leurs dépends qu’être détenteur d’un visa d’entrée sur le sol sud-africain n’est pas forcément synonyme d’y être d’emblée. Eux qui ont soufflé sur le chaud et le froid pendant toute une matinée, assistant en spectateur à ce nouveau mélodrame digne d’un polar à la camerounaise.
Tout a commencé à 8h 30 lorsque Hugo Broos qu’accompagnent Sven Vandenbroeck, Alexandre Belinga ses adjoints, Christophe Manœuvrier, le préparateur physique et Alphonse Tchami, le Team Manager, débarquent avec à leur suite, l’ensemble des joueurs convoqués en vue de cette double confrontation. Après quelques échanges avec certains hommes de médias, les Lions et le staff sont priés de se diriger vers une salle qui les conduit directement à bord du Boeing 737-700 de la RwandAir. Les bagagistes eux, font peser le matériel d’entraînement qui est ensuite transmis dans la soute de l’avion. Commence alors le chemin de croix des autres membres de la délégation camerounaise censée quitter Douala à 10 heures à bord d’un vol commercial. Debout depuis 8h devant valises et sacs de voyage, ils attendent jusqu’à 11h 30. Rien. L’attente est longue, exaspérante, insupportable. Pendant ce temps, Etienne Tamo, le chef de protocole de Tombi à Roko, André Nguidjol Nlend, le Coordonnateur général des sélections nationales et l’un des voyagistes de la Fécafoot font des interminables conciliabules.
Bidoung Mkpatt et Tombi en colère
Problème ? L’aéronef où les Lions et le ministre des Sports sont déjà confortablement installés reste cloué au sol. Et pour cause, la taille de la délégation est plus importante que la capacité de l’avion de la compagnie nationale aérienne du Rwanda. Au moment de commencer l’embarquement, les membres de la délégation vont apprendre qu’il n’y avait que 70 places réservées et confirmées par la personne en charge du dossier. Du coup, outre la quarantaine de place pour les joueurs et leurs divers encadreurs, il ne reste que 30 places pour environ 80 personnes. Si à ceux là on compte le Minsep et sa suite ainsi que la délégation du comité exécutif de la Fécafoot, il n’y a plus qu’une quinzaine de places disponibles dans l’avion. Les pourparlers qui ont lieu depuis de longues minutes, s’intensifient, sans véritable avancée. Le Coordonnateur général des équipes nationales qui transpire à grosses gouttes entre les allées et les salles isolées, est alors convoqué par le Minsep.
Proportions inquiétantes
Face à la colère du patron des Sports et du président de la Fécafoot qui le somment de trouver une solution dans l’immédiat, l’homme s’exécute. C’est finalement à 12h30 qu’on décide de ce que l’effectif de la délégation sera réduit à 69 personnes, parmi lesquels 28 joueurs et encadreurs. Le vol peut ainsi prendre la direction de Durban. Mais dans les esprits, la question autour de la délégation pléthorique reste d’actualité. Comment comprendre qu’une liste de voyageurs puisse prendre des proportions aussi inquiétantes sans que les responsables en charge de ce dossier n’en tirent la sonnette d’alarme. Si les joueurs et tous les staffs (technique, administratif et médical) ; journalistes, membres du Comité exécutif et autres responsables du Minsep sont d’emblée des personnes habiletés à être de l’expédition, d’où viennent ces autres hommes et femmes sans qualité et fonction aucunes mais dont les noms figuraient sur la liste ?
Droit de réserve
On attend donc du Minsep et de la Fécafoot qu’ils puissent s’expliquer sur le caractère pléthorique de la délégation camerounaise (avec des cadres accompagnés de petites amies, copains, copines, frères et sœurs, etc.). Joint au téléphone, un responsable de la fédération a confirmé la présence de personnes non expertes au sein de la délégation camerounaise mais qui ne serait en aucun cas, une faute imputables aux deux instances nommément citées. En dehors de ce plaidoyer, tous ceux qui ont été contactés semblent s’être entendus pour évoquer «le droit de réserve». En réalité, il s’agit d’une fuite en avant. Mais dont les conséquences risquent de se répercuter sur la performance des athlètes camerounais. A preuve, compte tenu du gros retard accusé au départ de Douala, la séance de décrassage prévue le dimanche à 18h sera annulée. Ce n’est qu’à 21h que le Boeing foule le tarmac de l’aéroport King Shaka de Durban. Opposé à l’Afrique du Sud samedi dernier à l’occasion de la 3e journée des éliminatoires de la Can 2017, le Cameroun n’est pas passé loin d’encaisser un sérieux revers à domicile, arrachant de justesse l’égalisation (2-2). On verra bien si le Onze entrant dans lequel le coach annonce un chamboulement, sera à la hauteur des attentes cette fois.
Christou DOUBENA