Nous sommes allés à la rencontre de Nyassa Soleil, dirigeant du Canon Sportif de Yaoundé qui est un proche de l’ancien président de la fédération pour savoir ce que devient celui qui a dirigé le football camerounais pendant une quinzaine d’année. Celui qui est incarcéré à la prison centrale de Kondengui pour répondre de ses fautes de gestion, en sa qualité d’ex-directeur général de la Sodecoton a-t-il des chances de s’en sortir ?
L’agent de joueur Centrafricain rebondit également sur la création de l’Association camerounaise des agents de joueurs (Acaj). Entretien.
Une Association d’agents de joueurs camerounais vient d’être créée à Yaoundé. En tant qu’agent, comment jugez-vous cette initiative ?
Partout où il y a un regroupement, c’est important. C’est un corps de métier que les Camerounais ne maitrisent pas encore. Surtout les joueurs et les entraîneurs. Car il faut le reconnaitre, quand on est agent de joueurs, on est agent d’entraîneurs aussi. Chaque joueur et entraîneur devrait avoir un agent. Si cette Association a pour objectif d’informer l’opinion du rôle d’un vrai agent de joueur, de démontrer qu’il est indispensable pour un joueur ou un entraîneur d’avoir un agent pour organiser sa carrière, dans ce sens c’est une très bonne initiative. Mais si ça se limite juste à la création de ladite Association, moi j’appelle ça de la cotisation. Ça ne peut rien donner.
Pourquoi n’en faites-vous pas partie ?
Parce qu’il y a de la discrimination dans leur Association. Ils ont posé des barrières en disant que cette Association est réservée uniquement aux agents Fifa licenciés par la Fécafoot. Je suis agent de joueur Centrafricain. Je suis Camerounais et je réside au Cameroun. Je travaille pour le football camerounais. En dehors de ceux qui ont vendu quelques joueurs dans cette Association, je ne suis par certain qu’ils ont l’expertise que j’ai par rapport aux joueurs camerounais. Je n’ai pas besoin de faire partie de cette Association. Ma licence est mondiale. J’ai le droit d’exercer partout. Ni la Fécafoot, ni cette Association, personne n’a le droit d’empêcher un agent de joueur licencié de signer un contrat avec un joueur. La Fifa est claire à ce sujet : aucune restriction.
Cette Association veut non seulement réguler l’activité, mais aussi « apporter des solutions » pour le développement du football camerounais. Croyez-vous qu’elle puisse intégrer la Fécafoot ?
J’ai appris en effet que les membres de cette Association veulent rentrer dans le Comité exécutif de la Fécafoot. Un agent de joueur ne peut jamais devenir membre de la Fédération. Ça m’étonnerait que ça arrive. Ce serait la première fois dans l’histoire, que des agents de joueurs deviennent membre du Comité exécutif d’une Fédération. C’est incompatible avec le métier. Maxime Nana, je le respecte beaucoup, mais il faut qu’il apprenne à dire la vérité aux gens. Et la réalité c’est qu’aucun agent ne peut faire partie de la Fécafoot à moins qu’il suspende sa licence d’agent de joueur.
Passons à un autre sujet pour parler d’Iya Mohammed. On sait que vos relations n’ont pas changé. Alors dites-nous, comment se porte-t-il ?
Monsieur Iya se porte naturellement très bien. Il a pris du poids. Il est serein et tranquille dans sa tête. Pendant trente années à la tête de la Sodecoton, il n’a jamais pris de congé. Il vient de passer cent jours à Kondengui, et c’est peut être après qu’il va se rendre compte que l’habitude du dehors va lui manquer. Il faut sans doute vous dire qu’il était déjà préparé à cette situation depuis plus de 16 ans. Chaque jour, on lui retirait son passeport. Si Iya avait voulu fuir le Cameroun, il serait parti. Quand il s’est déplacé pour le match contre le Togo, certains responsables de haut niveau l’ont appelé pour lui dire de ne pas revenir. Il leur a dit : je ne me reproche de rien et je vais revenir. Il vient d’avoir 63 ans, et lors de son anniversaire j’étais avec lui. Il m’a dit : je suis content de ce que vous avez fait en m’élisant étant en difficulté, mais il est temps que je me retire du football ; et quand tu viendras à nouveau me rendre visite nous ne parlerons plus de football. Le football et lui, c’est du passé maintenant.
Est-ce à dire qu’il ne s’intéresse pas au travail du Comité de normalisation de la Fécafoot ?
Il est informé comme tous les Camerounais. Mais en tant qu’acteur principal, il a décidé de s’éloigner définitivement de tout ce qui concerne le football. Le Comité de normalisation est là pour réorganiser la Fécafoot, mais je suis sûr d’une chose : c’est un pro-Iya qui va revenir aux affaires.
A t-il des regrets tout de même ?
Pas du tout. Du moins, je ne pense pas. S’il avait des regrets, jusqu’à la veille de son arrestation, il serait parti pour de bon. Au lieu de ça, il est resté pour affronter ses détracteurs. Il y a eu des propositions. Quand il était au Sed, on lui a dit que s’il renonce à sa candidature, il n’irait pas en prison. Il a dit que si c’est pour le football, il préfère aller d’abord en prison.
Pourquoi aller d’abord en prison ? A t-il des chances de s’en sortir ?
Bien sûr que si ! Vous savez, la Sodecoton a trois partenaires. Deux de ces partenaires n’ont pas porté plainte contre lui pour la partie civile. Et donc, la plainte contre Iya Mohammed n’aboutira jamais. Je ne prédis rien, mais Iya sortira de prison comme Vincent Onana ou madame Haman Adama et peut être encore mieux.
Entretien mené par Arthur Wandji à Yaoundé