Plombé par les lenteurs administratives et les tracasseries diverses, le chantier de construction de cette importante infrastructure qui va coûter à l’Etat du Cameroun, la bagatelle de 163 milliards de Fcfa, se verra bâti en matériaux préfabriqués. Confessions du directeur général du projet pour le compte de l’entreprise italienne Piccini Construction.
Bienvenue au pays des scandales ! Le Cameroun et les retards, c’est une vieille tradition qui dure depuis que les vocables « prévoyance, planification et respect des délais » ont foutu le camp dans la réalisation de certains importants projets. Habitué à perdre du temps, à baigner dans les lenteurs des procédures, revoici le pays de Christian Bassogog, champion du bricolage, du rafistolage et du replâtrage et de surcroît, hôte de la prochaine Can masculine Seniors en 2019, englué dans une histoire rocambolesque. Installée depuis mars 2016 sur le site devant abriter le futur stade d’Olembé, situé dans la banlieue de Yaoundé, la société italienne Piccini accuse un an de retard sur les travaux de construction de cette infrastructure sportive d’une capacité de 60 000 places.
Des dossiers moisissent dans les tiroirs
Afin de rattraper ce retard que l’entreprise met sur le compte de «tracasseries administratives», Sam Thamin, directeur de ce projet, vient de confier à nos confrères du quotidien gouvernemental Cameroon tribune que le stade sera construit en matériaux préfabriqués. «Ça suppose que l’on importe des pièces préfabriquées à installer directement sur le site, au lieu de tout construire sur place. Il va également falloir louer des bateaux pour tout acheminer au Cameroun. Bref, on fera le nécessaire pour rattraper les délais qui sont impératifs», a-t-il précisé non sans confier qu’on ne peut pas commencer les travaux d’une telle envergure sans avoir des études validées par la commission ministérielle mise en place à cet effet. Une manière implicite de pointer d’un doigt accusateur les fonctionnaires des ministères concernés. Eux qui sont reconnus comme des recordmans des dossiers qu’on laisse moisir dans les tiroirs à cause de l’inertie qui a investi ce milieu telle une pieuvre. Investissement d’un montant de 163 milliards de Fcfa, le stade d’Olembé, co-financé par la Banque italienne Intesa San Paolo et l’Etat camerounais, accuse en fait, un retard global qui est de plusieurs ordres. « Les marchés ont été signés en décembre 2015 et la première étude déposée vers mars 2016. La commission de suivi du dossier technique qui a été mise en place n’avait pas de financement. Les membres ont néanmoins commencé les travaux autour de novembre 2016. Mais après, les engins ont recommencé à tourner au point mort », souligne Sam Thamin.
Embrouillamini autour des procédures
Quid de la mobilisation des fonds ? C’est un autre serpent de mer comme le confesse le directeur du projet. « Elle relève du ministère des Finances et celui en charge de l’Economie. A la banque italienne Intesa Sanpaolo qui finance à 85% le projet d’Olembé, les financements sont prêts et disponibles. La contrepartie camerounaise est aussi prête et disponible. Cependant, pour décaisser ces fonds, il y a des préalables à remplir. L’entreprise Piccini a demandé les avances de démarrage qui ont été payées. Les phases d’études dont nous avons parlé plus haut ont été déjà payées. Mais le temps de payement en appelle aux décomptes et autres procédures, ce qui prend en général un peu de temps », détaille-t-il. De quoi en rajouter à la grosse incertitude qui plane au dessus de ce vaste et important projet sur lequel Paul Biya entend certainement s’inspirer pour asseoir à nouveau son prochain magistère à la tête de l’Etat.
Christou DOUBENA