En 1984, Socrates fait une promesse devant un million et demi de personnes: il reste au Brésil si le Congrès rétablit une élection présidentielle libre. La manœuvre échoue, le “Docteur” part à la Fiorentina. Le mouvement perd son leader le plus charismatique: c’est le début de la fin. Dans les mois qui suivent, les vieux dirigeants reprennent en effet le club en main, et foutent dehors tous les joueurs “subversifs”, dont le tout jeune Dunga.
Paradoxalement, cette normalisation intervient pourtant au moment où l’arrivée au pouvoir de Tancredo Neves, dirigeant de l’opposition, met fin à la dictature militaire et ouvre une période de transition démocratique qui ne s’achèvera qu’au début des années 90. Un mal pour un bien, alors? “Au niveau national, les Corinthians ont montré aux gens ce que la démocratie pouvait signifier. Même si l’expérience s’est soldée par un échec, cette équipe a sans doute ouvert une brèche”, pointe Gozzi. Socrates confirme: “Peu de Brésiliens ont la possibilité de faire des études et donc d’acquérir des notions de politique. Nous leur avons inculqué cette culture en utilisant la langue du football”. Pour autant, Socrates refusera d’aller “plus loin” et de s’investir durablement dans la vie politique brésilienne. “Quand Lula est arrivé au pouvoir, il y a eu une liste de ‘ministrables’ qui a circulé, et j’étais dedans, mais j’ai pris les devants, et j’ai dit ‘non’. Je ne crois pas trop à la politique institutionnelle”. Au vrai, Socrates ne croit pas trop dans le football de son pays non plus. “Le Congrès brésilien, qui a enquêté sur le football, a déjà conclu que ce milieu était totalement pourri”. Et les Corinthians? “Je n’ai plus de contacts. Je ne suis plus leur genre, je crois.” Moche.