Nous avons rencontré dans un endroit secret à Londres 5 des 7 athlètes olympiques camerounais qui avaient fait défection la semaine dernière. Tous boxeurs, ils racontent leur malaise d’athlète, leurs espoirs de boxer pour la Grande-Bretagne, et les menaces qu’ils disent avoir subi de responsables de la délégation olympique camerounaise.
C’est dans la cour d’une cité estudiantine de Londres, dans un lieu tenu secret, que les boxeurs se sont confiés à la BBC.
Ils sont tous assis autour d’une table, dans la même posture, les bras croisés: Thomas Essomba, Blaise Yepmouo, Serge Abomo, Christian Donfack et Hyacinthe Abdon.
Blaise Yepmouo accuse: “nos dirigeants, ceux qui étaient présent à ces jeux olympiques avec nous, ce sont les mêmes dirigeants qui nous menaçaient ici, quand un collègue perd un combat. Le premier à entrer en compétition, c’était Abdon. Dès qu’il perd, on le menace pour qu’il donne son passeport. Après, un autre collègue est entré en compétition, Christian Donfack. Les mêmes dirigeants l’ont menacé pour qu’il rende son passeport dès qu’il a perdu. Son sommes allés voir les dirigeants pour leur dire ‘là vous nous déconcentrez, parce que nous formons un groupe’”.
Le chef de la délégation olympique camerounaise à Londres, David Objong, rejette ces accusations, assure que les athlètes n’ont pas été menacés, et qu’ils ont bénéficié de la meilleure préparation possible.
Les autorités camerounaises soupçonnent les athlètes d’être des migrants économiques.
Le nageur Paul Ekane Edingue, et la footballeuse Drusille Ngako ont egalement fui le village olympique la semaine dernière.
Thomas Essomba, un des boxeurs, se défend: “moi je suis deuxième mondial, mais si j’étais bien dans mon pays, je n’irais pas chercher mieux ailleurs. Nous voulons devenir professionnel. Nous ne pouvons pas rentrer au Cameroun. Même si nous nous rentrons, nous ne pourrons plus nous entraîner. Tous ce que nous demandons, c’est de devenir des champions. Je sais que l’Angleterre est le meilleur endroit pour nous. (…) Le plus important est de trouver un sponsor, et d’entrer dans des clubs de boxe. Quand nous seront des professionnels, nous rentrerons dans notre pays parce que nous aimons le Cameroun. Nous ne sommes pas ici parce que nous n’aimons pas notre pays, mais parce que nous voulons pratiquer le sport que nous aimons”.
L’angoisse pointe dans la voix de certains d’entre eux.
Les boxeurs disposent d’un visa pour rester au Royaume-Uni jusqu’ en novembre.
Serge Abomo confie: “pour le moment, on ne se sent pas bien du tout. On est inquiet de notre vie ici à Londres”.