Le feuilleton de la désignation du successeur de Paul Le Guen, qui sans avoir livré son verdict, est émaillé de multiples curiosités emmène à penser que le football doit visiblement passer de Charybde en Scylla.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Au soir du 8 octobre 2005, lorsque les Lions loupent in extremis la qualification pour le Mondial 2005, tout le peuple camerounais a pleuré à chaudes larmes avant de jurer, la main sur le cœur : « Plus jamais ça ».
Mais cela n’a pas empêché qu’en cinq ans, les Lions indomptables aient eu …cinq entraîneurs sélectionneurs : Artur Jorge (2004-2006), Arie Haan (2006-2007), Otto Pfister (2007-2008), Thomas N’Kono (2009), Paul Le Guen (2009-2010); soit une moyenne d’un entraîneur par an.
Mais de tous entraîneurs, celui dont le règne a suscité tant de controverses est bien Otto Pfister. Vomi par la Fécafoot qui n’aurait jamais paraphé son contrat, traîné dans la boue par un certain manager du nom de Fernand Taninche qui est sorti du bois pour réclamer des millions au technicien allemand sur la base d’un deal que n’aurait pas respecté l’entraîneur des Lions imposés par le ministre des Sports d’alors, Augustin Edjoa.
Alors qu’on n’a toujours pas digéré l’amertume de l’élimination des Lions de la Coupe du monde, revoilà ce qui apparaît comme une affaire « Taninche-Otto Pfister » bis.
Le Serbe Ljupko Petrovic, auditionné par Iya Mohammed et compagnie à Paris, qu’une source à la Fécafoot affirme comme étant le prochain sélectionneur « sauf, surprise de dernière heure »,est déjà menacé d’être traîné devant la justice. Et si un entraineur a besoin de tous ces lobbies pour « pousser » son dossier, cela emmène à s’interroger sur sa compétence.
Alors qu’on croyait que l’Allemand Klaus Toppmöller était en pôle position, on apprend que le technicien Gordon Igesund, ancien manager de Orlando Pirates puis Mamelodies Sundowns en Afrique du Sud, aurait le « lead ».
L’autre curiosité, ce sont les auditions des entraîneurs locaux dans un luxueux hôtel de Yaoundé. Quelle idée pour Jean Paul Akono de passer devant un jury ! Qui ne connaît pas les états de services d’Akono (Médaillé d’Or des J. O. 2000 et champion d’Afrique de la Can militaire) ? Cela n’honore ni J.P.A. et toute la corporation des entraîneurs camerounais, ni la Fecafoot, ni le ministère des sports. Et que dire des auditions de Mvondo Ndjana, qui, flanqué de son épouse durant tout l’entretien, aurait affirmé ne être ni entraîneur de football de formation, ni ancien footballeur, mais qu’il adore tout simplement le foot !
Que dire de Ngweha Ikouam Fils, qui est passé hors sujet d’entrée de jeu (il a fait deux heures là où chaque candidat avait droit à 15 minutes) et a passé le temps à éplucher une pile de documents. Et dire que son profil aurait intéressé est à couper le souffle.
Quid alors des anciens Lions Patrick Mboma et surtout François Omam-Biyick qui est pressenti pour être l’assistant du futur coach des Lions ? Pourquoi ne pas donner à l’un ou à l’autre la responsabilité de cette sélection nationale ?
Devant tant de curiosités, on a envie de s’exclamer. A-t-on besoin d’organiser tout ce théâtre pour désigner un sélectionneur ? Est-ce aujourd’hui qu’on sait que le contrat de Paul Le Guen s’achevait à la fin de la Coupe du monde ? Et pourquoi aller auditionner les entraîneurs expatriés en Europe au lieu que ces « chercheurs d’emplois » viennent à Yaoundé se prouver ? Sera-t-on dès lors alors surpris que le coach choisi continue de résider sur le continent où il a été sélectionné ? Non ! Le Cameroun n’a pas besoin de tout ce cinéma. L’amateurisme avec lequel on gère ces dossiers (là où d’autres pays l’ont fait en coulisse et avec efficacité) est à l’image même du football camerounais qui décidément veut absolument passer par le Tourbillon de Charybde et l’écueil de Scylla. A croire que le spectacle désolant de la Coupe du Monde 2010 n’a pas résonné bien haut. A croire aussi qu’au pays de Roger Milla, on ne fera jamais les choses telles que cela se doit !