Quand le gouvernement décide d’appliquer des mesures strictes pour éviter la propagation du coronavirus en mars dernier, parmi les acteurs du football frappés de plein fouet par ces dispositions, figurent notamment les entraîneurs. Du jour au lendemain, leur monde s’est écroulé, parce que parmi eux, beaucoup n’ont pas d’autres activités que l’exercice de leur métier. Loin des stades donc, comment faire pour vivre ? « Il était très difficile de gérer le quotidien. Il faut savoir qu’en temps normal, notamment pendant la trêve, les entraîneurs ne sont pas payés par les présidents de clubs.
A plus forte raison quand tout s’est brusquement arrêté ? Des entraîneurs nous ont saisis pour discuter du non-respect des engagements des employeurs. Ces derniers ont reconnu être également en difficulté », confie Thierry Mettomo, premier vice-président du Syndicat camerounais des entraîneurs et éducateurs de football (Sycameef).
Pour ne pas continuer à attendre en vain que leurs patrons paient leurs salaires, certains entraîneurs ont choisi d’utiliser leur épargne comme investissement. « Mon épouse ayant un salon de coiffure, je l’ai approvisionné en mèches et autres accessoires de beauté. Les sommes investies ont contribué à assurer la restauration des enfants », reconnaît Laurent Djam, l’entraîneur de Bamboutos de Mbouda. Et quand survient une tempête « quelques amis te viennent en aide en fonction des besoins que tu poses », poursuit-il. Beaucoup se sont retrouvés en train de faire autre chose pour pouvoir survivre. Certains se sont consacrés à leur académie, d’autres ont opté pour le commerce à l’instar de la vente d’équipements sportifs.
Officiellement, les salaires constituent la base de la rémunération des entraîneurs dont le minimum est de 250.000 F pour un entraîneur d’Elite One et de 150.000 F pour celui d’Elite Two, sans compter les primes d’entraînement et de victoires notamment, qu’ils reçoivent parfois difficilement. Quelques-uns d’entre eux ont bénéficié de sommes issues des différents fonds Covid-19. Soit 50.000 F, insuffisant, soutiennent certains, pour tenir durant toute cette période. « Lors de la distribution aussi bien des dons en nature qu’en numéraire, il a été demandé à chaque club de dresser une liste de 25 personnes composée de joueurs et d’encadreurs. Nous savons que le premier encadreur est bien entendu le coach », éclaire Parfait Siki, le chef de département communication de la Fecafoot.
Une situation que n’ont pas forcément connue les techniciens qui jouissent du statut de fonctionnaire. Même si, ceux-ci, comme les autres, se sont rués en général sur l’encadrement des équipes de football dans certaines administrations ou encore, se sont transformés en préparateurs physiques dans les salles de sport.
C’est dire que pour la grande majorité, on continue de tirer le diable par la queue. Et, la plupart de ces coaches ne savent toujours pas s’ils seront retenus sur la base de l’ancien contrat ou s’ils recevront un nouveau contrat. Y aura-t-il des réajustements par rapport à ce qui n’a pas été respecté lors de la saison dernière ? Autant de questions qui trouveront réponses en cette période de reprise imminente des championnats. « Même quand tout va bien, il est difficile de vivre du métier d’entraîneur au Cameroun. Les présidents de clubs disent toujours, « gérons d’abord les joueurs, on verra les entraîneurs plus tard. » Nous devons amener les uns et les autres à comprendre que l’entraîneur a sa place dans la gestion du football dans notre pays », soutient Thierry Mettomo. Et l’un des combats du Sycameef est que les contrats des entraîneurs courent effectivement pendant l’année civile et non plus seulement pendant la saison sportive.