On voyait venir cette décision de suspension de du Cameroun par la Fifa. Après la décision de la Commission de recours de la Fécafoot invalidant les élections du 19 juin dernier, le 1er vice-président de l’exécutif sortant, a de par l’article 39 sur la vacance de la présidence, cru bon de s’installer au siège de la Fédération camerounaise de football comme président par intérim.
Pour y arriver, il s’est entouré des Forces de sécurité de la gendarmerie nationale le vendredi, 28 juin 2013.
Immédiatement après sa prise de fonction, il a tenue une réunion du Comité d’urgence au terme de laquelle des décisions ont été prises, comme la suspension de Tomb A Roko Sidiki, le secrétaire général de la Fécafoot. Dans la foulée, le lendemain, Seïdou Mbombo Njoya, 1er vice-président du bureau exécutif élu le 19 juin, jette l’éponge. Dans sa lettre de démission, il dit qu’il croyait mettre son expertise pour réunir sur la même table tous les acteurs du football afin de remédier à la crise. Mais, il s’est rendu compte qu’il se trouvait dans un « panier à crabes » et que de par son éducation et les fonctions dont il a le privilège d’occuper sur le plan national et international ne lui permettent pas de « nager en eau trouble ».
Lundi dernier, Tombi A Roko Sidiki est arrivé au siège de la Fécafoot et s’est vu refusé l’accès. Certains employés, « par solidarité » ont cru devoir ne pas travailler aussi avant de se raviser, avec la menace d’un huissier requis par l’équipe de John Begheni Ndeh pour constater les absences au travail. Des sources nous ont indiqué qu’immédiatement le secrétaire général « suspendu » a saisi la Fifa par correspondance pour lui indiquer ce qu’il venait de vivre. Certains fidèles à Iya Mohammed, le président élu le 19 juin dernier mais incarcéré à la prison centrale de Kondengui pour l’affaire de sa gestion de la Sodecoton, annoncent déjà que la Fifa va suspendre le Cameroun et que le match du week-end contre le Gabon n’aura pas lieu.
Pendant ce temps, John Ndeh étant absent du Cameroun, parce que parti en mission de service dans la cadre de la société qu’il dirige à Bamenda, c’est Antoine Depadoue Essomba Eyenga (sur l’image avec John Ndeh) qui est aux commandes. Il gère l’administration de la Fécafoot, avec le retour au travail de presque la totalité des employés. Il se préoccupe de l’organisation du match Cameroun – Gabon. Représente la Fécafoot mardi dernier au ministère des Sports lors de la réunion préparatoire de ce match comptant pour le dernier tour les éliminatoires du Chan 2014. Tout se passe en toute sérénité.
La clé du bureau de Tombi changée
Et mercredi dernier, les serrures des portes du secrétaire général sont changées. « Nous avons sécurisé les bureau de M. Tombi, dès lors qu’il détient encore les clés. Il peut les donner à quelqu’un qui a accès à l’immeuble afin qu’on y rentre. Quand on enlève un ministre ou un directeur général, c’est comme cela qu’on procède. Charles Metouck est incarcéré, parce qu’il est revenu dans son bureau après avoir été limogé de la Sonara. Nous l’avons fait suivant les règles de l’art. C’était en présence d’un huissier, des gendarmes, de l’adjoint du responsable des renseignements généraux de Yaoundé II, de M. Mayebi et moi plus nos deux avocats. Tout cela s’est passé en présence de la secrétaire de M. Tombi et nous ne sommes pas rentrés dans ce bureau. Et le jour où nous aurons besoin d’installer un secrétaire général dans ce bureau, nous allons requérir les autorités et appeler aussi la presse, afin que tout se passe clairement », a expliqué Antoine Depadoue Essomba Eyenga.
Tombi A Roko Sidiki que nous avons joint au téléphone, pour sa part, a été au courant de ce changement de clé et a pris ses dispositions. « Je l’ai aussi appris par un informateur et du coup, j’ai envoyé un huissier constater. Comme c’est eux qui détiennent en ce moment mes clés, rien ne prouve qu’à minuit, ils ne viennent pas ouvrir mon bureau pour y faire ce qu’ils veulent. Dans la nuit d’hier, ils sont venus dans le palier de l’étage où il y a mon bureau pour faire des pratiques magiques », confie Tombi A Roko.
Issa Hayatou pointé du doigt
Lorsque la décision de suspension de la Fécafoot par la Comité d’urgence de la Fifa tombe, les pro-Iya jubilent. Les « opposants » y voient de la manipulation et le partie pris de la Fifa. Le communiqué publié sur le site de la Fifa indique clairement que « le président de la Caf, Issa Hayatou, n’a pas pris part au vote afin d’éviter tout conflit d’intérêt ». Mais, sur la décision signée de Jérôme Valke, le secrétaire général de la Fifa, il n’est nulle part mentionné le nom d’Issa Hayatou. Ce qui fait dire à certains partisans de John Ndeh que c’est le président de la Caf qui tire les ficelles. « Comment comprendre qu’il n’a pas pris part au vote ? Il a activement pris part aux débats en orientant le vote avant de se reculer pour laisser voter la décision », accuse un président de club. « Il a été aperçu dans les bureau de Sepp Blatter (le président de la Fifa, ndlr) aujourd’hui à Zurich. Et en plus, ce n’est pas à la Fifa et à la Caf de venir imposer des dirigeants de ce Comité de normalisation dont on parle dans cette décision. C’est une ingérence dans la gestion de notre pays », soutient un fidèle à John Ndeh, rencontré au siège de la Fécafoot. Certains annoncent une plainte contre la Fifa auprès du Tribunal arbitral du sport (Tas). C’est dire que ce match risque de connaître des prolongations.
Antoine Tella à Yaoundé