Jorge Sampaoli qui tient sa tête, Lionel Messi qui regarde fixement le sol, le reste des joueurs argentins sans voix, debout, les mains sur la hanche pour certains, sur la tête pour d’autres. Ce sont les expressions qu’affichaient les argentins après le second but des Croates. Luka Modric venait d’enfoncer le couteau très loin dans la plaie, poussant le pays de Diego Armando Maradona au bord de l’élimination. Le temps de le dire, Ivan Rakitic va ajouter un troisième but, signe d’humiliation et l’Argentine va être brisée.
Cela ne pouvait pas être plus humiliant pour ce pays de l’Amérique Latine. C’est que les limites de leur jeu, visible lors des qualifications, sont brutalement exposées en mondo vision dans cette coupe du monde. Messi, leur magicien et leur inspiration, n’a pas été l’ombre de lui-même. Au contraire, il a été un distant passager du match, quantité négligeable défensivement, dépassé au milieu de terrain, et inutile offensivement.
Pour illustrer ce qui s’est passé, c’est la pire défaite de l’Argentine en phase de groupe d’une Coupe du Monde depuis la défaite contre la Tchéquoslavie lors de la CM de 1958 (6-1). C’est aussi la première fois que ce pays ne gagne aucun de ses deux premiers matchs de coupe du monde en 44 ans. Sampaoli et ses joueurs ont donc réécrit l’histoire du football argentin, pas le genre dont ils auraient souhaité.
Alors que les Croates célébraient quant à eux et pour la première fois depuis 1998 une deuxième victoire de rang en coupe du monde, les supporters de l’Argentine étaient assis, en silence pour les uns, en pleurs pour d’autres en essayant de comprendre ce qui a bien pu se passer.
Avec un point en deux rencontres et un dernier match contre le Nigéria, les argentins peuvent encore se qualifier pour les huitièmes de finale. C’est qu’il va falloir surveiller est comment les joueurs de Sampaoli vont se remettre de cette humiliante défaite, surtout avec le fait que l’équipe dépend presque entièrement de Lionel Messi qui ne semble pas avoir la capacité de transporter son pays.
C’est quand même étrange et même parfois inconfortable de voir Messi se noyer dans la masse insipide de cette équipe, attendant qu’on le trouve avec par des passes et impuissant à prendre le jeu à son compte. Il n’a toujours pas inscrit le moindre but à ce tournoi, et risque n’avoir qu’un seul autre match pour le faire sans quoi l’Argentine sera hors du tournoi.
Messi est plus que souvent le coupable tout désigné après chaque défaite de l’Argentine, mais cette fois, l’on se questionnera sur le travail de son sélectionneur. Sa décision de faire confiance à Willy Caballero dans les buts n’avait déjà pas été comprise par les 40 millions d’argentins. Et sa décision de n’aligner que trois défenseurs devant l’armada offensive croate. Une offense à la compréhension du jeu qu’il a payé cash.
Les croates ont compris très rapidement la vulnérabilité sur les côtés puisqu’avec trois défenseurs centraux, de gros espaces se sont ouverts derrière les deux milieux excentrés sud-américains. Ivan Perisic, Mario Mandzukic et Rebic ont tous eux d’excellentes chances d’ouvrir le score avant que Caballero n’appuie le le bouton d’auto-destruction.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est l’esprit des Croates. À la fin du match leur coach a expliqué qu' » ils ont été excellents. Mais, nous devons demeurer calmes, dignes, et humbles ».