C’est par l’intermédiaire d’un communiqué, le 17 mars, que la CAF a officiellement pris la mesure du Covid-19. Alors qu’elle semblait travailler sur d’autres pistes, la commission médicale de la Confédération africaine de football a décidé, en collaboration avec le comité camerounais d’organisation, de reporter le CHAN à « une date ultérieure. » Depuis, plus aucune nouvelle officielle. Les rencontres internationales du mois de juin ont été annulées, mais à la demande de la FIFA et il semble que la tendance soit à l’attente du côté du Caire, avant de prendre des décisions.
Un calendrier chamboulé
Les demi-finales et les finales des compétitions de club (Ligue des Champions et Coupe de la confédération), programmées au mois de mai ont été reportées sine die ce samedi. Répondant aux questions de RFI, le secrétaire général de la CAF, Abdelmounaïm Bah, s’était montré plus ferme sur le refus du huis clos que sur le report des échéances : « Aujourd’hui, on exclut de jouer à huis clos ces matchs qui sont très importants pour nous et pour les fans. L’option qu’on privilégie, si elle s’avère nécessaire, sera de reporter ces rencontres jusqu’à ce que les conditions soient réunies afin qu’elles puissent se dérouler en toute sécurité. » Dont acte. Pourtant si elle semble moins impactée que sa consœur européenne, la Confédération africaine va devoir effectuer des réaménagements dans les calendriers. Un constat que partage Hégaud Ouattara, conseiller en communication du président Ahmad, interrogé par Football365 Afrique : « Il y a un bouleversement de tout le calendrier. Toutes les compétitions sont affectées : le CHAN, les compétitions de club, les éliminatoires de la CAN et de la Coupe du monde… ça désorganise tout le calendrier. Jusqu’à quand ? »
Une nouvelle préparation physique nécessaire
Si la question de la maîtrise de la pandémie est fondamentale, combien de temps faudra-t-il pour pouvoir rejouer en Afrique après une telle trêve. La plupart des clubs ont prévu des programmes de maintien en condition, mais Sylvain Monkam émet des doutes sur leur efficacité. Le spécialiste de la préparation physique pense que la situation est compliquée par la précarité des joueurs. « C’est une situation difficile, nous confie-t-il. L’idéal c’est d’avoir une discussion avec chaque joueur, de définir des programmes individuels. Certains avaient certainement besoin de repos, d’autres d’une préparation athlétique. Mais comment leur demander de faire un programme, quand on ne sait même pas ce qu’il mange ou combien de fois il mange par jour ? » Le technicien basé à Lille insiste sur la prévention des blessures, quand on parle de la reprise, « à quoi ça sert de préparer un joueur au-dessus des normes et qu’il soit victime d’une blessure qui l’éloigne des terrains ensuite six semaines ». Sylvain Monkam estime qu’il faut une période minimale de préparation collective pour faire une analyse de fond des besoins. Une période estimée entre deux et trois semaines. Autant dire qu’il est quasiment impossible de jouer avant le mois de juin. Oui, mais pour quels réaménagements ?
De la marge pour les éliminatoires de la CAN 2021
La crise sanitaire a entraîné le report de trois rencontres éliminatoires de la CAN 2021 prévues en mars et en juin, que les prochaines fenêtres internationales (septembre, octobre, novembre) pourraient permettre de rattraper. Pour la Coupe du monde 2022, les dates de mars, septembre et octobre 2021 devraient permettre de disputer les rencontres du troisième tour éliminatoire, permettant la tenue des barrages du mois de novembre. La saison des clubs ne devrait non plus être compliquée à terminer puisqu’il ne reste que les demi-finales et les finales à disputer. La saison suivante est plus difficile à programmer, puisque les Fédérations ont jusqu’au 30 juin pour donner les noms des équipes éligibles aux compétitions africaines. Reste le cas le plus compliqué, le CHAN. Bien que la CAF semble confiante, à l’image de Hégaud Ouattara, qui estime que « l’avantage du CHAN, c’est que c’est une compétition panafricaine, donc nous sommes moins dépendants des autres », force est de reconnaître une difficulté à disputer cette compétition en 2020. Pour des raisons de pluviométrie, elle ne peut pas se disputer en juillet ou en août, et le calendrier de la rentrée 2020 apparaît chargé avec les rencontres éliminatoires de la CAN.
Le CHAN reporté d’un an ?
À ce stade, l’option la plus simple serait de reporter le CHAN d’un an, en avril 2021. Ça aurait le double avantage de ne pas encombrer un calendrier déjà plein et de permettre aux fédérations de disposer de temps pour terminer leurs compétitions domestiques, décalant ainsi les tours préliminaires des dates d’août – septembre aux premières dates prévues pour les poules (novembre-décembre). Le fait que le Cameroun organise les deux compétitions permettrait de faire des économies d’échelle, puisque les installations serviraient aux deux épreuves. Une perspective non négligeable, au cas où la saison européenne, resserrée et dépourvue de trêve, n’entraîne un report de la CAN en juin 2021.