Après le Mondial raté de la Corée du Nord – trois défaites au premier tour dont une claque 0-7 contre le Portugal -, le Web s’était cruellement amusé à imaginer que le régime stalinien de Pyongyang allait expédier les joueurs de la Chollima droit à la mine. Ce qui n’était que douteuse plaisanterie, réminiscence des menaces proférées par la dictature avant la Coupe du monde 1966, s’est finalement révélé pas si éloigné de la vérité, sauf que c’est le sélectionneur qui a payé le plus chèrement la déroute sud-africaine.
Selon le récit du journal anglais The Daily Telegraph, citant une radio et un quotidien sud-coréens, Kim Jong-hun a été reconnu coupable de «trahison» et condamné à travailler sur un chantier de construction pendant douze à quatorze heures par jour. Sa carte du Parti des travailleurs – le parti unique – lui aurait en outre été retirée, avec tous les privilèges qui vont avec.
Les joueurs sommés d’accuser Kim
Selon les mêmes sources, rapportées par Le Figaro ce mercredi, la sanction est tombée au terme d’une séance surréaliste d’humiliation publique au palais de la culture du peuple, le 2 juillet dernier. Toute la sélection était présente à ce «grand débat», sauf Jong Tae-se, le « Rooney du Peuple », transféré à Bochum (D2 allemande), et An Yong-hak, le milieu défensif évoluant au Japon. Les joueurs ont d’abord été accusés par le ministre des sports d’avoir failli au Mondial dans leur «combat idéologique», avant d’être fermement invités à dire tout le mal possible du sélectionneur. Ce procès en inquisition, devant 400 fidèles du régime, a duré six heures. Il n’est pas interdit de penser que si les joueurs ont échappé au sort de leur sélectionneur, c’est qu’ils ont une valeur marchande non négligeable pour le pays le plus sanctionné au monde et à l’économie en ruines.
JL.B.