Invité de SFR Sport, l’ancien milieu de terrain des Lions Indomptables a raconté les derniers moments de Marc Vivien Foe en vie, lors de la victoire sur la Colombie, en demi-finale de la Coupe des Confédérations de 2003. « On ne voulait pas jouer la finale », assure-t-il. Voici son récit.
« On a commencé à jouer. A un moment donné il (Marc Vivien Foe, Ndlr.) me dit : Canto ? Je réponds : oui Marco. Il me dit : je ne me sens pas bien, je suis fatigué. Il venait de faire une course de 30 ou 40 mètres avec le ballon. Il revenait en trottinant. Il me dit : je suis fatigué. Je suis dit attend, quand Carlos (Kameni, Ndlr.) va renvoyer le ballon, s’il va en touche, on va dire à l’entraineur [que tu es fatigué] et il va faire le changement. Alors, Carlos frappe le ballon et Marco va en duel avec Mario Yepez qui était mon coéquipier à Nantes. Ils vont en duels, Mario Yepez renvoie le ballon de la tête, et nous, on se retourne pour suivre le ballon. Marco, lui, s’écroule derrière nous. Alors j’entends comment Yepez m’appelle. Il crie : Eric, Eric, Eric… Je me retourne, et Marco, il était au sol. On va vers lui en se disant qu’il a pris un coup, que c’était normal qu’il se retrouve au sol. Il est sorti, et nous, sans se douter de quelque chose, on a continué à jouer. Ndiefi Pius avait marqué et on a gagné 1-0, donc on était qualifié pour la finale. On était content, on courait partout.
Ensuite, nous sommes rentrés dans le vestiaire. C’était à Gerlain, il y a un couloir qui mène au vestiaire. Pendant qu’on s’avance, on voit Roger Milla qui vient vers nous, il pleurait, il était en larme. On ne savait pas pourquoi. On lui demande, mais Roger qu’est-ce qui se passe ? Et là, il nous dit : Marco est mort ! Le choc qu’on a eu… On s’est regardé. On ne savait pas quoi faire. De Gerlain jusqu’à Saint-Etienne où nous logions, il n’y a eu aucun mot dans le bus. A l’hôtel, chacun est allé dans sa chambre. Le lendemain, on n’a pas pu s’entrainer. Le coach a compris que ça n’allait pas, il nous a laissés. Ensuite, il y a eu une concertation, mais on ne pouvait pas jouer. On ne savait pas comment ç’allait se passer. Chacun avait peur, on se disait : si Marco, un grand sportif avec tout le physique qu’il avait s’écroule comme ça, chacun avait peur d’être le prochain pouvait. On ne voulait pas jouer, mais il y a Sepp Blatter qui était président de la FIFA qui est passé nous voir et qui a discuté avec nous. Il nous a dit : c’est vrai que c’est tragique, c’est difficile, mais si vous pouvez jouer, faites-le pour lui (Marc Vivien Foe, Ndlr.). On était vraiment catégorique. L’épouse de Marc Vivien Foe est passée nous rendre visite et elle nous a dit de jouer pour lui et pour ses enfants, qu’il avait toujours voulu remporter cette compétition. On a décidé de partir de jouer. C’était très difficile, mais on a quand même tenu jusqu’aux prolongations ».
Repris par Arthur Wandji