Il faut le dire d’emblée: si la décision de la Fifa venait à être maintenue malgré la requête introduite par les autorités camerounaises, il faudrait dire adieu à la prochaine coupe du monde de 2006 en Allemagne, pour laquelle nombre de joueurs et de responsables avaient déjà fait plus que des plans financiers.
En commençant avec six points de retard sur la Côte d’Ivoire et l’Egypte, déjà présentés comme les véritables favoris de l’épreuve compte tenu des dernières prestations des Lions, il ne faut pas espérer que notre équipe nationale puisse refaire ce retard et passer en tête du groupe. En fait, l’équation est au moins aussi difficile pour la qualification à la Coupe d’Afrique des nations organisée la même année. Mais sur ce plan, notre salut pourrait venir du fait que le rang de l’Egypte ne sera pas pris en compte puisqu’elle organise la compétition sur les bords du Nil, et qu’il faudra certainement repêcher le quatrième du groupe, ce qui donne un peu plus de chances au Cameroun.
Il faut donc espérer vivement que les responsables de la Fecafoot et du ministère de la Jeunesse et des Sports sauront argumenter leur requête auprès de la Fifa et surtout, que celle-ci saura se montrer compréhensive, pour ne retenir que des sanctions pécuniaires et ne pas compromettre, par une décision administrative, une qualification qui ne devrait être normalement acquise que sur le terrain. Mais cette sanction vient à point nommé pour poser enfin, on l’espère, le problème de la gestion calamiteuse de notre football depuis quatre ans, avec comme par hasard l’arrivée à la tête du Minjes de Bidoung Mpkatt, finalement auto-proclamé ministre du football et des Lions indomptables. Dans un pays où les hommes ont le sens de l’honneur, le ministre chargé de la jeunesse et des Sports aurait immédiatement remis son tablier. Parce que garant de la politique gouvernementale en matière de sport, de telles décisions (celle prise par l’équipementier Puma sur la nouvelle tenue, et celle prise par l’encadrement de faire jouer les Lions au 2e tour de la dernière Can avec le même équipement, malgré l’avertissement de la Fifa) n’auraient jamais pu se prendre sans son aval ou son silence, qu’il fut coupable, négligeant ou intéressé.
Dans le même ordre d’idées, Iya Mohammed, l’actuel président de la Fecafoot, aurait été moins condescendant et se serait précipité d’expliquer à la presse et à l’opinion, les tenants de ce douloureux épisode, ainsi que l’argumentaire du Cameroun dans ce dossier qui, qu’on le veuille ou non, sera un élément essentiel au cours de cette dernière semaine de campagne électorale pour le renouvellement du bureau directeur de la Fecafoot samedi prochain.
Enfin, le gouvernement, au plus haut niveau, devra pour une fois, assumer ses responsabilités en montant au créneau et en mettant en branle tous ses réseaux internationaux, à la fois pour infliger une sanction exemplaire à tous ceux qui auront fauté dans cette affaire, et surtout pour rassurer les patrons de la Fifa quant à la volonté du Cameroun de respecter les lois et règlements de la Fifa, que la cupidité de quelques individus (chez Puma ou au Cameroun) ne saurait entamer. Et en attendant de savoir à qui profite ce » crime « , il faut au moins quelques individus pour payer la note et donner le ton.
Alain B. Batongué, Mutations