Le 17 juin dernier, la Liga 2006-2007 (championnat de première division d’Espagne) est définitivement entrée dans l’histoire. Avant la Liga, la ligue 1, la Premiership (Angleterre), la Bundesliga (Allemagne) ou le Calcio (Italie) pour ne citer que les plus importants, étaient déjà clos. Libérant pour quelques semaines, des joueurs exsangues. Les professionnels camerounais, à l’instar de leurs collègues étrangers, entendent mettre à profit ces précieux jours pour recharger leurs batteries.
Et quoi de mieux que le retour aux sources ? Depuis la fin de leurs championnats respectifs, ils sont en effet très nombreux à avoir choisi le “ pays de leurs ancêtres ” pour leurs vacances. “ Les pros sont au pays ”. Cette information est depuis plusieurs jours, la chose la mieux partagée. Relayée de bouche à oreille, elle parcourt les villes, les quartiers, allant jusque dans l’intimité des ménages. Par groupes, des jeunes et moins jeunes se racontent les derniers ragots sur l’une des ces stars. C’est que, l’arrivée au Cameroun de ces enfants prodiges ne passe pas inaperçue.
Sources de rêves pour de nombreux compatriotes, les pros du foot ont fini, par la force des choses, à devenir des modèles pour une société camerounaise à la croisée des chemins. A telle enseigne que la simple sortie de certains d’entre eux provoque souvent des mouvements de foule. Chacun espérant secrètement y tirer quelque dividende personnel. Otages consentants de cette autre forme d’aliénation collective, ces joueurs ont fini par s’y faire au point que quelques-uns en redemandent ! Difficile désormais pour eux d’échapper au “ farotage ” parfois forcé (distribution populaire d’argent, Ndlr). Repéré récemment dans un véhicule à Yaoundé, Modeste Mbami s’est vu proprement dépouiller “ amicalement ”, précise néanmoins l’infortuné, par une bande de gais lurons. Intempestives, ces nombreuses sollicitations font désormais partie intégrante du plan des vacances des pros camerounais au Cameroun. Une sorte de communion quoi. Qui les oblige dorénavant à prévoir une enveloppe conséquente à cet effet, reconnaissent aujourd’hui quelques-uns.
Plaisirs exotiques
Mais le farotage (forcé ou volontaire) ne constitue pas la seule activité estivale de la légion étrangère des footballeurs camerounais au pays. En dehors des minutes réservées naturellement à la famille et aux amis, la plupart profitent de leur présence pour superviser ou coordonner personnellement des projets qui leur sont chers. Ainsi des actions caritatives menées ci et là. Avant d’aller à Mbalgon (son village natal) Stéphane Mbia Etoundi, jeune joueur de Rennes en France, (qui fait ses classes au sein des Lions Indomptables), a organisé mardi dernier un match de gala à Yaoundé pour sensibiliser ses jeunes compatriotes sur les ravages du Vih-Sida. Jean Alain Boumsong, le Français d’origine camerounaise, avait donné le ton quelques jours avant, dans le cadre d’un tournoi à Douala. D’autres joueurs préfèrent une autre forme d’aide. “ Quand on a ce que nous avons, il est important de penser à ceux qui n’ont pas eu la même chance que nous, déclare Justice Wamfor. Je compte organiser à Bamenda, un championnat de vacances pour dire à mes frères et amis d’enfance que je ne les ai pas oubliés. ”
Les tournois de football sont également inscrits au programme de vacances des professionnels camerounais. Si l’objectif est avant tout de donner du plaisir au public, la participation à ces compétitions leur permet également de “ garder la forme ”, explique Jean II Makoun. “ Je compte bien, si le travail de mon centre de formation m’en laisse le temps, disputer quelques matches d’inter quartiers ”, confirme Guy Armand Feutchiné. Stéphane Mbia lui, compte bien participer au tournoi que son “ grand frère Eto’o Fils ” organise à Biyem-Assi. Magnan, Bikey Amougou, Njitap, etc., ne sont pas en reste. Leur participation à la “ Bundesliga ”, le célèbre championnat de vacances de Nlongkak à Yaoundé est de notoriété publique. Pour agrémenter leur séjour au pays natal, des virées nocturnes dans les boîtes de nuit ne sont pas exclues. Délivrés des contraintes de l’austérité de la vie professionnelle, certains n’hésitent pas à se libérer devant des spiritueux, histoire de se griser pour mieux apprécier les trésors exotiques bon prix. Vous avez dit vacances bien méritées ?
Par Frédéric BOUNGOU