Arrivé à la tête de la Fédération internationale de football association l’année dernière, Gianni Infantino s’est entre autre fixé pour objectif, d’écarter de son entourage, les membres du clan Blatter, son prédécesseur auquel appartenait Issa Hayatou (71 ans). Mission visiblement accomplie après la chute hier du « dernier des Mohicans ».
L’ « assassin », aussi méticuleux qu’il a été pendant la sale besogne, a laissé des traces sur le lieu du crime. Gianni Infantino en visite en Ouganda en février dernier avait indiqué que les associations africaines de football sont assez grandes pour prendre leur propre décision selon des critères objectifs. « C’est ça la démocratie, c’est ça une élection, et ceux qui doivent voter, ils voteront et éliront, et moi-même en tant que président de la Fifa, je serai très heureux de travailler avec le président qui sera élu par le football africain en mars », avait déclaré le président de la Fifa lors d’une conférence de presse. Les déclarations du numéro 1 de la maison mère du football intervenaient pourtant quelques jours après qu’il a participé à la rencontre des présidents de fédérations d’Afrique australe qui se sont réunis au Zimbabwe malgré l’interdiction de la Caf. De quoi rappeler que la Confédération africaine, sous l’impulsion d’Issa Hayatou a soutenu le Cheikh Salman, le principal challenger de Gianni Infantino, lors de l‘élection du président de la Fifa il y a un an.
Neutre mais …
Déjà, la presse spécialisée laissait entendre que la visite du patron de la Fifa aux meneurs de la fronde anti-Hayatou pourrait décider d’autres fédérations à prendre parti contre le Camerounais. Beaucoup s’accordent donc à dire que c’est de là que les sirènes de la chute d’Hayatou ont commencé à retentir. Officiellement neutre, la Fifa a donc vu d’un œil bienveillant la candidature d’Ahmad Ahmad. Alors que son prédécesseur Sepp Blatter entretenait depuis les années 2000 des relations cordiales avec Issa Hayatou, Gianni Infantino ne donne aucune indication sur son choix, et choisit en majorité des pays réputés favorables à Ahmad Ahmad. Le grand patron du football mondial fait étape au Swaziland, au Zimbabwe, en Ouganda, au Rwanda, au Tchad, au Ghana, au Niger et en Mauritanie.
Game over !
Quoi qu’il en soit, les regards se tournent vers Infantino, qui était présent à Addis Abeba hier pour assister au vote. Mieux, vivre en direct les derniers soupirs de son septuagénaire de victime. Et des rumeurs ont fait état de son soutien – non déclaré publiquement – à Ahmad Ahmad. Le patron du foot mondial, dont l’éventuelle influence dans l’élection reste à établir, y aurait vu un moyen de prendre sa revanche contre Hayatou. Lors de son dernier discours en tant que président devant l’Assemblée générale de la Caf, l’homme avait évoqué certains des dossiers qui occupent actuellement le football africain. Après la décision de la Fifa en janvier d’étendre la Coupe du monde de 32 à 48 nations, il avait notamment réaffirmé la volonté africaine d’obtenir 10 places de participants, « une attente en adéquation avec le niveau de développement de notre football, et ce que notre continent représente au sein de la Fifa ». Il ne sera plus là pour donner son avis et être entendu. Because Game is over !
C.D.