Au début de l’été, l’ouverture du mercato a lancé la mode d’une expression, banale : « La valeur du marché ». On l’a retrouvée dans toutes les bouches des présidents exerçant un bras de fer sur le tarif d’un joueur.
Quand on achète du pain, on connaît grosso modo le prix à payer en fonction du coût des matières premières. Avec leur hausse, le prix de la baguette grimpe.
Mais pour un joueur, quelle est la véritable valeur du marché en sachant qu’aucune indication objective ne peut-être déterminée ? Doit-on discuter autour du rachat du contrat en cours ? Des performances du joueur (buts, passes décisives, régularité, hygiène de vie) ? De sa jeunesse et de sa marge de progression ? De l’expérience acquise au gré de sa carrière ? De la qualité des clubs qui lui ont permis d’accroître sa notoriété et de remplir son palmarès ?
Dans un milieu où l’évocation de l’argent est taboue, aucune règle n’est véritablement établie. Le prix du transfert fluctue fréquemment une fois que sont versés, parfois un an après, les intéressements liés à la performance, aux classements à venir, aux qualifications dans diverses compétitions.
Le premier exemple marquant de l’été a été le bras de fer de Romaric avec le Mans, ne souhaitant pas voir partir son joueur à Séville pour moins de 8 M€. Le président Henri Legarda obtiendra finalement gain de cause au prix de maints aménagements sur les modalités de paiement. L’euro n’a pas seulement un impact sur le panier de la ménagère et le pouvoir d’achat. Il fait perdre la tête au monde du football.
Ederson vaut-il 14 M€ ? Lloris 10 M€ ? Fort de sa puissance financière, Lyon donne le sentiment de surpayer les joueurs, afin de s’attirer un peu de tranquillité. Comparativement, l’indemnité de Ben Arfa, c’est cadeau ! Les tarifs évoqués sont révélateurs de la tendance actuelle, mais ne sont pas crédibles. Barcelone réclame 10 M€ pour Deco dont le palmarès et le prestige international sont d’une tout autre nature que les trois joueurs cités.
Le feuilleton Bakari Koné, la différence de points de vue entre Nice et l’OM, est un autre exemple de l’interprétation très personnelle de la valeur d’un joueur. De la volonté aussi de ralentir des discussions. Il y a un an, lorsque les dirigeants niçois et le joueur se rencontrent pour éviter que Koné ne partent en faisant jouer la clause de stabilité, ils évoquent une clause de départ. Le joueur dit 6 M€. Le club annonce 8 M€. Ne parvenant pas à se mettre sur la même longueur d’ondes, les deux parties décident de fixer un montant correspondant à la valeur du marché à l’heure du départ.
Depuis, Nice s’appuie sur les 14 buts inscrits par son attaquant et les progrès accomplis tout au long de la saison pour réclamer pratiquement le double des prix évoqués il y a un an. On ne peut s’empêcher de penser que le prix peut considérablement varier, selon la notoriété du club demandeur, de son exposition médiatique, du nombre de fois où il est télévisé. Le club vendeur peut alors estimer que le club acheteur bénéficie d’une plus-value qu’il doit redistribuer.
Est-ce vraiment honnête ? C’est du commerce !