Aux dernières nouvelles, plus d’une quarantaine de dossiers étaient déjà déposés pour le recrutement d’un sélectionneur national, qui assumera également les fonctions de Directeur technique. Après l’appel international à candidature lancé le 17 juillet 2007 à Yaoundé, d’autres critères de choix énoncés dans les colonnes du quotidien Cameroon Tribune en début de semaine, par le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), défavorisent les nationaux et sèment la confusion dans les esprits.
« Un entraîneur qui a beaucoup d’expérience et qui aurait conduit une équipe à un niveau de compétition élevé : une phase finale de coupe d’Afrique, voire de coupe du monde, ou qui a dirigé un grand club européen… » Le président de la fédération camerounaise de football (Fecafoot), M. Iya Mohammed dresse le profil robot du futur sélectionneur de l’équipe nationale fanion, à quelques jours de la date butoir du dépôt des candidatures fixée au 06 août 2007.
Ces nouvelles exigences écartent d’office les candidatures camerounaises, contrairement à celles fixées il y a deux semaines, à savoir : Etre titulaire d’un diplôme d’entraîneur de football, avoir une bonne expérience internationale, être disposé à résider au Cameroun de façon permanente pendant la durée du contrat, avoir une grande capacité d’adaptation et une aptitude au travail en équipe, la maîtrise du français ou de l’anglais, et un projet de programme de travail couvrant la période 2007-2010… En somme, des conditions qui préservaient une certaine égalité de chances entre tous les candidats.
Aucun des noms souvent cités Jules Frédéric Nyongha, actuel intérimaire, Jean Manga Onguené, Jean Paul Akono, Joseph Antoine Bell, Paul Bahoken, Jean Pierre Sadi, Jean Pierre Djemba, Eugène Ekeke, Emmanuel Kundé, Omam Biyik, Martin Ndtoungou Mpile et … Richard Towa, qui serait entraîneur d’un club amateur en Allemagne, et qui était dans le staff technique ayant composé une équipe nationale juniors foireuse à la hâte au récent tournoi des moins de 19 ans à Düsseldorf, ne répondraient au portrait robot décrit par le président de la Fécafoot.
Sur les traces d’un expatrié ?
Aucun nom ne filtre sur les candidatures d’ors et déjà déposées. Mais, tout laisse penser que les autorités camerounaises seraient à nouveau tournées vers l’extérieur pour tenter de trouver un sélectionneur national. Un choix que le ministre des Sports et de l’éducation physique s’est évertué à expliquer, au lendemain de la qualification des Lions pour la Can 2008 : «On ne peut pas se bomber le torse lorsqu’on a eu des adversaires tels le Libéria, la Guinée Equatoriale et le Rwanda. La prestation n’est pas convaincante. Je dois même dire qu’elle nous inquiète. On ne peut pas continuer à compter sur une équipe qui fait peur même aux Camerounais. Nous avons besoin d’un entraîneur digne de ce nom, qui a fait ses preuves ».
Passé le 06 août, aucune autre candidature ne sera plus recevable. Une commission mixte Minsep-Fécafoot se planchera aussitôt sur les différents dossiers déposés dans les délais. « La finalité est d’arrêter une short list », indique M. Iya Mohammed, dans une interview publiée lundi le 30 juillet 2007 dans les colonnes du quotidien Cameroon Tribune. Certaines indiscrétions parlent du 15 août, une semaine avant la rencontre amicale Japon – Cameroun, comme date butoir à laquelle sera connu le nouveau coach. Ce qui pourrait être alors la fin d’un long feuilleton dont le premier épisode fût projeté le 31 janvier 2007, suite à la démission du Néerlandais Arie Haan.
Inquiétudes compréhensibles
Un Camerounais à la tête des Lions indomptables, on peut aisément imaginer la suite… Les stars vont monter sur leurs grands chevaux, les lobbies (qui existent déjà) vont se cristalliser davantage, certains d’entre eux se substitueront carrément aux techniciens pour constituer la liste des joueurs, etc. Le passé des Lions indomptables est ainsi jonché d’anecdotes sur le complexe de supériorité qu’affichent certains joueurs à l’égard des coaches camerounais. Tout frais encore dans nos mémoires, les scandales des campagnes foireuses des Lions indomptables, respectivement à la Can 1996 en Afrique du Sud, version Jules Nyongha. Et, deux ans plus tard, au Burkina-Faso, avec Jean Manga Onguene…
Le match amical contre la Hollande, le 27 mai 2006, a étalé cette tare. Les Néerlandais souhaitaient la présence de Samuel Eto’o dans ce match, histoire de mettre à rude épreuve leur défense avant la Coupe du monde. L’attaquant vedette du Fc Barcelone avait fermement assuré de sa présence au stade de Rotterdam. Le jour j, contre toute attente, il n’était pas dans la capitale hollandaise. Mais plutôt à Paris, où il commentait, pour une télévision mexicaine, le match amical France-Mexique.
La preuve du manque de personnalité et non moins complexe d’infériorité des coaches nationaux à l’égard des joueurs de l’équipe nationale, venait, une fois de plus, d’être étalée au grand jour. Dans ce contexte, le choix des entraîneurs nationaux, tant pour les pouvoirs publics que la fédération, est loin d’être une priorité. Le match semble même perdu d’avance. On comprend donc aisément le courroux qu’a exprimé récemment l’emblématique Jean Paul Akono, dans une interview à Camfoot : « Dire que nous sommes des incapables est une insulte… ». Une discrimination évidente, qui n’émeut plus personne au pays des Lions indomptables.
Jean Robert Frédéric Fouda à Yaoundé