L’une des promesses phares de l’élection de Gianni Infantino à la tête de la FIFA était sa promesse de porter de 32 à 48 le nombre des pays qualifiés pour la phase finale de la Coupe du Monde. Connaissant bien toutes les implications, il était resté prudent sur la date d’entrée en vigueur de cette promesse. Si l’assemblée générale lui avait donné quitus pour évaluer le processus pour la Coupe du Monde 2022, les interactions politiques entre les pays de la région vont le dissuader.
La FIFA, qui s’était prononcée en mai lors d’une réunion de son Conseil à Miami en faveur de cet élargissement à 48 équipes, s’appuyant sur une étude de faisabilité, avait inscrit le passage de 32 à 48 équipes dès 2022 à l’ordre du jour de son prochain congrès le 5 juin à Paris mais a indiqué que «dans les circonstances actuelles, une telle proposition ne pouvait être mise en oeuvre».
Le projet de Gianni Infantino se heurtait à un obstacle géopolitique majeur avec le blocus imposé au Qatar par plusieurs pays voisins.
«L’implication de ces pays dans l’organisation du tournoi conjointement avec le Qatar implique la levée de ce blocus, en particulier la levée des restrictions sur les mouvements de personnes et de biens», soulignait ainsi l’étude de faisabilité soumise en mai aux membres du Conseil de la FIFA.
Cette étude de faisabilité assurait également qu’une Coupe du monde au Qatar avec 48 équipes au lieu de 32 générerait «entre 300 et 400 M USD (entre 265 et 354 M EUR) de revenus supplémentaires». Dans le détail, la FIFA tablait sur 120 M USD supplémentaires de droits TV, 150 M USD en droits marketing et 90 M USD en billetterie.
Des spécialistes du marketing et des droits TV se disaient cependant «sceptiques» sur les prévisions «optimistes» de la FIFA concernant ces revenus supplémentaires.
48 équipes en 2026
Ce format à 48 équipes, déjà entériné pour le Mondial 2026 qui sera disputé dans trois pays (Etats-Unis, Canada et Mexique) implique de passer de 64 à 80 matches. Sa mise en place dès 2022 aurait nécessité qu’un pays voisin du Qatar, comme le Koweït ou Oman, accueille des matches.
«La FIFA et le Qatar ont conjointement exploré toutes les possibilités pour accroître le nombre d’équipes de 32 à 48 en impliquant des pays voisins», explique le communiqué de la FIFA. «A la suite d’un processus de consultation approfondi (…) il a été conclu que dans les circonstances actuelles une telle proposition ne pouvait être mise en oeuvre».
La FIFA et le Qatar ont «également étudié la possibilité pour le Qatar d’accueillir le tournoi à 48 équipes en abaissant notamment les exigences de la FIFA», ajoute l’instance. Mais une analyse commune a conclu qu’en raison «de l’avancée des préparatifs, plus de temps était nécessaire et une décision ne pouvait être prise avant juin. Il a donc été décidé de ne pas aller plus loin dans cette option».
Le Mondial 2022 au Qatar conserve donc son format original avec 32 équipes et «aucune proposition ne sera soumise au congrès de la FIFA le 5 juin à Paris», ajoute l’instance.
Cette annonce sonne comme un échec pour Infantino qui s’était démené un peu partout dans le monde pour défendre son projet, avec apparemment l’appui de l’Arabie saoudite. L’Italo-Suisse poursuit dans le même temps son projet de Coupe du monde des clubs à 24 équipes dès 2021, que ne soutient toutefois pas l’UEFA.
«Le football transcende certes beaucoup d’obstacles mais Infantino n’a pas compris que le football ne pouvait pas transcender les conflits géopolitiques», analyse un bon connaisseur du football mondial.
«Très peu de gens croyaient dans ce projet d’Infantino, donc voir que la FIFA y renonce ne constitue pas une énorme surprise», a-t-il ajouté.
A la tête de la FIFA depuis février 2016 où il a succédé à Sepp Blatter contraint à la démission en raison d’un vaste scandale de corruption, Infantino, unique candidat, est assuré d’être élu pour un deuxième mandat le 5 juin lors du congrès de la FIFA à Paris.