Lorsqu’on demande au sélectionneur du Cameroun Alain Djeumfa de décrire sa relation avec les joueuses de son effectif, il répond instinctivement : « Je suis d’abord le grand frère pour certaines, et pour les plus jeunes, un père. L’approche mentale est la plus grande différence que nous pouvons constater entre entraîner une équipe masculine et féminine. Mes filles ont besoin d’être écoutées, et je reste à leur écoute en toute circonstance. Elles le savent et elles en jouent », confie-t-il.
Ses joueuses, il les connaît par cœur. Car, il est l’homme de toutes les campagnes glorieuses du Cameroun, que cela soit d’abord en tant que préparateur physique, en 2015 lors de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA au Canada, où les Lionnes Indomptables, pour leur première apparition, avaient atteint les huitièmes de finale , ou encore lors de la Coupe d’Afrique des Nations en 2016 à domicile Cette année-là, le Cameroun avait fini la compétition à la deuxième place derrière le Nigeria.
Homme de l’ombre, il est aussi l’homme de confiance d’Enow Ngachu, l’ancien sélectionneur de l’équipe nationale féminine et, surtout, la personne qui a fait évoluer le football féminin au pays des Lions Indomptables. « Avec Enow, nous avons grandi ensemble, nous avons fréquenté tous les deux l’Institut National des Sports au Cameroun. Puis, nous avons poursuivi nos études ensemble en Allemagne. C’est un ami sur lequel je peux compter », assure celui qui a pris ses fonctions en remplacement de Joseph Ndoko qui avait qualifié les Lionnes Indomptables pour France 2019 en décrochant la troisième place de la CAN Féminine.
Chien méchant
Et comme son prédécesseur Ngachu, Alain Djeumfa a réussi à emmener le Cameroun dans les matches à l’élimination directe de Coupe du Monde. « J’ai énormément appris de mon expérience dans le staff en 2015. Sans cela, je pense que je n’aurais pas une approche sereine de certaines choses qui peuvent se passer autour d’un Mondial », estime-t-il avant d’affronter l’Angleterre. « Cette compétition ne se joue pas seulement sur le terrain, mais aussi en dehors, et ma responsabilité principale est de protéger mon groupe. »
Mais pour Djeumfa, protéger ne veut pas dire uniquement se montrer clément et leur rendre la vie douce. Il avoue d’ailleurs qu’il a durci le ton avec ses protégées. « Je sais que les joueuses me surnomment ‘Chien méchant’ parce que c’est vrai que je suis sévère avec elles. Mais je le suis avant tout avec moi-même », assure-t-il. « Aujourd’hui nous sommes en huitième de finale contre l’Angleterre, une nation bien installée dans le gotha du football mondial, un adversaire dont les forces ne sont plus à présenter. Mon rôle est de faire en sorte que les filles restent concentrées avant le match, de mieux les préparer pour le combat, car cela ne sera pas facile. C’est pour ce que je ne laisse aucune place au relâchement. »
Alain Djeumfa ne cesse de le répéter : « Nous entrons dans une phase très importante dans cette compétition, souvent ces matchs couperets se jouent sur des détails ». Si le Cameroun les négocie bien, il pourrait jouer se retrouver en quart de finale.
Cynthia Nzetia (FIFA.COM)