A cause de certaines batailles de chiffonniers pour le contrôle de l’argent et des retombées que doit générer l’équipe, ces trois fractions rivales se battent pour les restes de la dépouille d’un club malmené par une grande crise financière, matériel, structurelle et infrastructurelle.
Deux patriarches qui se déchirent tels des charognards autour d’une dépouille en putréfaction avancée. L’image provoque la nausée mais c’est la triste réalité de ce que c’est que la vie au sein du Canon sportif de Yaoundé. Mvé Emmanuel et Ateba Yene dont la stature sociale et le rang dans le musée du Canon n’est plus à démontrer, se livrent à une bataille sans merci pour diriger le Kpakum. Les équipes des deux « patriarches » se sont présentés en match d’ouverture de la saison le 26 février dernier pour présenter aux yeux du monde le malaise qui règne au sein de cette équipe mythique. Le bout du Canon, brandi par Ateba Yene, en dépit d’une décision du tribunal d’Ekounou, qui lui donnait gain de cause, a été débouté et désavoué ; à l’avantage de la fraction conduite par l’ancien capitaine de l’équipe nationale du Cameroun. A cause d’un arbitrage jugé partisan de la Lfpc, la Loi a été violée au nom des intérêts d’un individu de qui on attend de faire hisser le club au firmament.
Guerre sans fin
Mais le feuilleton est loin d’être définitivement acquis à ce dernier. Le patriarche Ateba Yene brandit des papiers qui semblent indiquer que c’est son bout du Canon, qui aurait la légalité. Même Pierre Semengue, dos au mur à cause du mauvais jugement qu’il a appliqué à cette affaire, s’est vu obligé d’envisager un arrangement à l’amiable : la fusion. Le mythique club de Nkolndongo qui peut-être considéré comme un produit de la première guerre mondiale en est donc au stade de la fusion pour éviter une nouvelle guerre sans fin au sein du championnat de foot-pro. Théophile Abega pourrait se retourner dans sa tombe en l’apprenant. Lui qui a œuvré à porter haut les couleurs de ce club mythiques. Les dirigeants se battent et les pauvres joueurs qui espéraient que la professionnalisation du football d’élite serait comme l’hirondelle qui annonce le printemps, on vite fait de déchanter.
Sur la voie de la renaissance
Indomptable, invincible, inaltérable, indétrônable hier, le Canon de Yaoundé est aujourd’hui l’ombre de lui-même. Depuis quelques années, l’influence baisse. Le dernier titre remporté remonte en 2002. Malgré cette traversée du désert, marquée par une disette prononcée de lauriers, le club résiste aux péripéties. Club le plus titré du pays avec dix championnats, onze coupes du Cameroun, trois trophées de Coupes d’Afrique des clubs champions, une Coupe d’Afrique des clubs vainqueurs de coupe, le Canon de Ferdinand Koungou Edima et de Martin Ndongo Alega, dirigeants mythiques de ce club, cherche la voie de la renaissance. Incapable de s’adapter au foot business, il continue de prendre de l’âge sans faire briller son lustre d’antan. Renouer avec la victoire et la gloire ? Oui mais à quel prix ?
Christou DOUBENA