Après le dévoilement de l’identité de Clemente comme sélectionneur national du Cameroun, les jeunes de moins de trente ans sont allés googleliser qui pouvait être cet autre sorcier blanc que le Cameroun est allé recruter et qui allait surtout coûter une fortune au trésor public camerounais.
Son fait d’arme est peut-être le fait d’avoir dirigé la sélection d’Espagne durant une période où elle voguait dans les bas-fonds du classement européens malgré une génération de joueurs bien en vue. La suite de sa carrière est un enchevêtrement de piges par-ci et par-là, avec des démissions et des mises à la porte à l’emporte-pièce. Laissons de côté tout ce passé et discutons football.
Les vrais coaches sont ceux qui peuvent s’asseoir avec les joueurs et réussir à les convaincre de la bonne stratégie à suivre. C’est ceux-là qui comprennent la signification du mot football, qui connaissent l’essence du jeu, qui peuvent tracer un fil conducteur qui guidera leurs poulains au point voulu.
Si Clemente pouvait comprendre ces basiques du football, il aurait compris que le talon d’Achille de l’équipe nationale du Cameroun est sa défense. Pas que l’équipe manque d’individualité à chaque position défensive. Non. Mais cette équipe n’a décidément pas confiance en ses moyens en défense.
Il aurait compris que le seul point fort du Cameroun réside non pas en attaque, mais en Samuel Eto’o qui est l’attaquant le plus versatile et le plus doué des dix dernières années.
Et comme l’on sait qu’il faut construire sur ses forces plutôt que sur ses faiblesses, cette équipe du Cameroun doit bâtir autour du joueur Samuel Eto’o. On doit avoir une équipe qui porte le ballon, qui garde le ballon dans le but de l’éloigner le plus loin possible de notre défense
Aligner une équipe de onze avec neuf joueurs à caractère défensif comme ce fut le cas au Sénégal, c’est afficher clairement son incapacité à vouloir gagner le match. Seuls Samuel Eto’o et Achille Webo faisaient donc la différence puisqu’étant les seuls joueurs offensifs de l’alignement de départ. Le Cameroun ne voulait sûrement pas gagner le match de Dakar, mais limiter la casse avec un match nul. Le sort n’a donc pas coopéré.
Il faut dire que seule l’attaque sénégalaise est rassurante et leur sélectionneur, Amara Traoré, a compris et a construit un football basé sur ses individualités offensives. Il est clair que cette équipe là ne peut jouer autrement. Elle se doit donc de forcer l’adversaire à jouer sur ses forces à elle, protégeant ainsi son arrière-garde qui est tout sauf rassurante.
Après tout, beaucoup de pays aimerait avoir la même ossature que le Cameroun et ses jeunes joueurs qui font la fierté des clubs européens. Autour de Samuel Eto’o, on peut bâtir une attaque avec des jeunes qui ont du talent à revendre tel que Aboubakar, Choupo-Moting, Zoua, Nstama, Kweuke, Ohandza… des milieux de qualité que sont Chedjou, Song et Nguemo, de trois défenseurs de grande classe en Assou-Ekotto, Nkoulou, Mbia. À ce squelette, on pourra ajouter le polyvalent Joel Matip, de la bonne chair et faire mijoter le tout dans un système de jeu bien huilé, surtout pas défensif, dans lequel on garde la balle le plus loin possible de notre défense.
Il a suffi de voir les pénétrations de Choupo-Moting et Aboubakar contre le Sénégal pour comprendre que ces jeunes ont du culot à revendre. Et c’est ce culot qui est garant des résultats futurs. Ils devraient être encouragés et responsabilisés. On se doit de leur donner les clés de l’équipe nationale et c’est de la confiance qu’ils engrangeront qui nous permettra d’assoir nos succès futurs.
Pouvons-nous envisager sérieusement les prochaines qualifications de la Coupe du Monde 2014 avec cet espagnol sur le banc de touche? Avez-vous remarqué que je parle de 2014 et non de la coupe d’afrique des nations 2012 ?
Pascal Fongaing