FIFA.com s’est entretenu avec le Néerlandais Clarence Seedorf, S.lectionneur du Cameroun, au sujet de ses neuf premiers mois sur le banc, de sa découverte de l’Afrique. Il a récemment sorti une longue liste de joueurs présélectionnés pour le stage de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations qui inclue des joueurs n’ayant pratiquement pas joué cette année. Le Cameroun va défendre son trophée remportée il y a deux ans au Gabon. Interview…
Clarence, c’est votre premier mandat de sélectionneur. Quel bilan tirez-vous de ces neuf premiers mois ?
L’épilogue des qualifications pour la CAN a été très fort sur le plan émotionnel, après tous les rebondissements de dernière minute. On devait battre les Comores et le résultat a confirmé le bon travail qu’on est en train de faire. Finir à égalité de points avec le Maroc, qui fait partie des favoris de la CAN, avec à peine deux buts marqués en moins, ça en dit long sur notre performance et notre niveau de préparation.
Le changement de pays organisateur vous a mis dans une situation particulière. Avez-vous eu besoin de remobiliser vos joueurs pour ce dernier match ?
J’ai dit à mes joueurs dès le premier jour que je voulais finir premier de la poule. Ils savaient qu’on allait prendre au sérieux tous les matches et tous les entraînements, et qu’on devait chercher à s’améliorer jour après jour. Tous ces mois de travail nous ont permis de mettre en place un état d’esprit et les résultats obtenus contre le Brésil et les Comores prouvent que cette équipe a la bonne mentalité et que nous sommes techniquement et tactiquement prêts à bien faire.
Des rumeurs vont annonçaient au Real Madrid et c’est au Cameroun que vous avez atterri, ce qui constitue un tout autre défi. Comment avez-vous abordé la gestion des champions d’Afrique ?
C’est évidemment un honneur d’être cité parmi les entraîneurs potentiels d’équipes comme le Real Madrid, mais c’était un vrai défi de préparer ce groupe en quelques jours alors qu’on passe normalement par tout un travail de pré-saison. C’est très intéressant. Le Cameroun a toujours fait partie des meilleures équipes d’Afrique et c’était très dur pour mes joueurs de rater la Russie. Il a donc fallu repartir de zéro, reconstruire un effectif et se refaire une réputation à l’échelle internationale. Mais nos résultats montrent de quoi nous sommes capables. Je veux laisser une trace au Cameroun.
Face aux autres favoris de la CAN, le Cameroun a-t-il les qualités nécessaires pour conserver le titre ?
Oui, le Cameroun les a par défaut. On est en forme et tous les signaux sont au vert. Maintenant, il faut trouver la bonne carburation en match. En tout cas, je peux dire que ce ne sera facile pour aucun de nos adversaires en Égypte.
Après avoir entraîné dans différents pays du monde, qu’est-ce que cela vous fait de travailler en Afrique ?
De ce que j’ai pu voir, c’est un peu comme au Brésil, où on s’intéresse énormément aux joueurs, qui représentent tout pour leurs compatriotes. Ce sont vraiment les idoles de tous les Camerounais, leurs modèles, et le pays s’arrête pour suivre les matches. Mais le football est une langue universelle et, au bout du compte, tout se passe à peu près de la même façon partout dans le monde.
Vous vous êtes notamment assis sur un banc au Malawi et aux Comores. Comment avez-vous vécu ces déplacements dans des pays que l’on connaît moins dans le monde du football ?
Au-delà de la culture footballistique, j’ai partout eu l’occasion de voir l’Afrique, de sentir l’Afrique et de vivre l’Afrique. Il reste beaucoup de problèmes à résoudre, mais le potentiel, le talent et l’énergie sont là. Et en très grande quantité ! C’est merveilleux de pouvoir découvrir ces pays et de voyager partout en Afrique pour faire mon travail.
Vous travaillez en étroite collaboration avec Patrick Kluivert, que vous connaissez depuis 25 ans. Comment s’est fait le passage du terrain au banc de touche ?
On s’est rendu compte qu’on forme un duo très solide. On se comprend bien, on se complète et on est très contents de notre complémentarité. Je suis ravi de pouvoir travailler avec Patrick et on espère collaborer encore pendant de longues années et obtenir de bons résultats ici en Afrique, avant de penser éventuellement à l’Europe.