C’est regrettable que le Cameroun se donne toujours tant de peine à détruire ses fils les plus valeureux. Sans qu’il l’ait voulu lui-même… C’est regrettable que le Cameroun se donne toujours tant de peine à détruire ses fils les plus valeureux. Sans qu’il l’ait voulu lui-même, voici à nouveau Jean-Paul Akono au devant de la scène. A peine rentré du Tchad, il lui est demandé de diriger l’équipe olympique du Cameroun qui venait pourtant d’accueillir un nouvel entraîneur en la personne de Martin Ndtoungou Mpilé.
On l’a beau retourner dans tous les sens, on ne comprend pas très bien la raison de ce cafouillage que le ministre de la Jeunesse et des Sports vient à nouveau de créer à la tête de l’équipe nationale espoirs de football appelée à participer aux 8èmes Jeux africains d’octobre 2003 à Abuja au Nigeria.
Martin Ndtoungou Mpilé était tranquillement à la tête de cette sélection espoirs qu’il avait d’ailleurs pratiquement qualifiée au tournoi de football des Jeux africains. Il en a été déchargé pour être « promu » entraîneur national adjoint des Lions indomptables, la sélection fanion du Cameroun d’où avaient alors été limogés Thomas Nkono et Joseph Marius Omog, les adjoints de Winfried Schäfer. Pour remplacer Ndtoungou au niveau de la sélection espoirs, le ministre Bidoung Mkpatt fit appel à Lucien Nanga qui, lui, venait d’échouer lamentablement à la tête de l’équipe nationale juniors, piteusement éliminée de la Coupe d’Afrique des nations de la catégorie. Qu’est-ce qui motivait la promotion d’un entraîneur dont l’équipe fut la seule sélection camerounaise à ne pas prendre part à une compétition internationale cette saison ? Rien, même pas le pouvoir discrétionnaire que l’on brandit souvent quand on n’a pas d’argument pour justifier les bourdes de nos pouvoirs publics. Et voilà donc que le même Lucien Nanga, à peine deux matches plus tard avec les Espoirs, est écarté au profit de Martin Ndtoungou, rappelé à ses anciennes fonctions à l’approche des Jeux africains. Ce dernier n’était même pas encore bien assis sur son fauteuil que Jean-Paul Akono reçoit mandat de préparer la même équipe pour les Jeux africains.
La façon dont l’autorité en charge de la nomination des entraîneurs nationaux de football au Cameroun installe un jeu de chaises musicales dans les sélections nationales est sidérante et quasiment abracadabrantesque. On se rend compte à la longue qu’au niveau de la tutelle, il n’y a aucune visibilité ni aucune gestion rationnelle des équipes nationales du Cameroun. Depuis juin 2001, l’encadrement technique des Lions indomptables a subi cinq bouleversements : Jean-Paul Akono succède à Pierre Lechantre, qui reprend sa place trois mois après, avant d’être limogé et remplacé par Robert Corfou, qui passe le témoin à Winfried Schäfer ; au niveau des adjoints, Ndtoungou et Mbarga remplacent Omog et Nkono, puis Ndtoungou est à nouveau ramené ches les Espoirs. En cinq mois, cette sélection Espoirs connaît à son tour trois changements de coach…
Où veut-on aller avec une telle instabilité organisée à la tête des équipes du Cameroun ? La gloire remportée par Jean Paul Akono, entraîneur rigoureux et appliqué, à Sydney 2000 avec la médaille d’or du tournoi de football, ne le prédestinait pas à être baladé tout le temps par son ministère employeur dans des aventures compliquées et controversées. On le promut sélectionneur pour régler un mauvais compte à Lechantre dont le contrat courait encore et qui était sur un nuage avec les Lions indomptables. Ni joueurs, ni supporters ne se retrouvèrent dans ce changement brusque et inélégant, et le pauvre Akono fut sacrifié à la première défaite concédée à l’extérieur. Le voici, à peine rentré d’une expérience moyenne d’un an à la tête de la sélection tchadienne, et dans une confusion inexplicable, qui est foutu sur les braises de la sélection Espoirs. C’est à se demander si ceux qui cherchent à donner l’impression de lui vouloir du bien, ne lui veulent pas finalement le plus grand mal !
Emmanuel Gustave Samnick