Une fois de plus, comme à la CAN 1972 et à la CAN féminine 2016, l’équipe du Cameroun de football ne remportera pas le trophée d’une compétition organisée à domicile. Mais ce n’est pas que de la fatalité, loin s’en faut.. Au lieu de chercher à savoir si on s’est donné les moyens adéquats pour aller plus loin, au lieu de chercher à se soustraire définitivement de ce syndrome de l’échec, chaque fois si près de l’objectif à atteindre, les adeptes des solutions faciles ont déjà trouvé des coupables très commodes.
Certains fustigent t la trop grande propension a recourir aux pratiques mystiques. D’autres évoquent, pêle-mêle, la trahison des chefs traditionnels locaux qui avaient pourtant promis une « victoire venue des ancêtres« , la poisse qu’auraient transmis à l’équipe telle ancienne gloire ou telle personnalité en vue. On a même entendu un entraîneur s’offusquer de l’arrivée tardive de l’équipe marocaine à Limbe comme si le fait de passer la nuit sur place avait un impact quelconque sur le résultat acquis sur le terrain. On ne s’attardera pas davantage sur les réseaux sociaux où certains ont tenté maladroitement une récupération politique en cas de succès ou d’échec. Comme si certains étaient plus Camerounais ou plus patriotes que d’autres.
C’est dommage que personne ne s’attarde véritablement sur le déroulé de cette demi-finale dominée des pieds et de la tête par une équipe marocaine survoltée, dotée d’un bon bagage technique, de joueurs talentueux, adeptes d’un jeu en courtes passes et en dédoublements face à un milieu de terrain camerounais destructuré et une défense aux abonnés absents. Même si leur premier but sur coup franc suscite encore la controverse, les Lions de l’Atlas ont évolué avec une surprenante facilité, comme dans une cour de récréation, libres de tout marquage, exploitant à merveille des larges boulevards offerts par un adversaire visiblement dépassé.
La vérité commande d’admettre que les nôtres n’étaient pas à la hauteur. Pour avoir atteint le dernier carré, ils ont même agréablement surpris. Que pouvait-on attendre de plus d’une une sélection montée en juste quelques semaines ? La faute à l’éternelle guéguerre entre les principales instances du football camerounais. Comment peut-on penser gagner chaque fois dans l’adversité alors que les grandes victoire s’obtiennent dans la sérénité et la solidarité ?
Le CHAN 2020 reste un galop d’essai, Toutefois, la trajectoire des Lions A’ dans cette compétition est un avertissement à prendre très au sérieux avant le grand rendez-vous de la CAN 2021 dans une dizaine de mois.
Jean Marie NZEKOUE, éditorialiste, auteur de « L’aventure mondiale du football africain » (2010)