Bundesliga, Chant patriotique, Coupe Top, Valence Cup, Championnat Abena Richard, Ekoumdouma, Festi-foot, semences olympiques etc… Voilà des noms, parmi les moins exotiques, auxquels sont habitués depuis des années les amateurs de championnats de vacances, de nouveau à l’honneur en cette période. Difficile de connaître le nombre exact de tournois de ce type au Cameroun, mais, ils se comptent par dizaine selon les régions.
Au-delà de l’aspect ludique de ces championnats, il faut dire que ce sont aussi des espaces de détection de jeunes talents. Samuel Eto’o, Rigobert Song, Clinton Njie ou encore Nicolas Nkoulou sont des purs produits par exemple de la coupe Top, repérés lors des tournois avant d’intégrer le centre de formation des Brasseries. On se souvient que les frères Biyick ont tapé dans l’œil des techniciens lors du championnat de Pouma tandis que Stéphane Mbia a fait ses premiers pas du côté de Biyem Assi. Jean II Makoun n’a jamais oublié, pour sa part, qu’il s’est fait connaître grâce à la Bundesliga, célèbre championnat de Nlongkak. Ça c’est pour ceux qui ont émergé, vu que de nombreux autres jeunes se sont exportés dans l’anonymat, vers des destinations moins connues comme la Guinée équatoriale, le Gabon, l’Indonésie et autres. Il ne faut donc pas s’étonner de la ruée vers ce genre de compétitions.
Mais en dehors de l’expérience de la coupe Top ou de quelques rares championnats qui ont des partenariats avec des clubs étrangers, cet aspect-détection semble désormais galvaudé. Même si ce n’est pas sa fonction première. « Les championnats de vacances sont devenus des odes à la gloire de personnalités qui les financent», indique un technicien. Pour certains, les championnats de vacances ont aussi été transformés en parenthèses pour des professionnels reconvertis en pigistes. Ce qui en soi n’est pas un problème.
La question est de savoir comment profiter de ces compétitions qui ont permis à des talents précoces d’émerger et de s’aguerrir. Ce d’autant plus que le football jeunes connaît une véritable crise en raison de sa mauvaise organisation. Pourtant, cette activité est bien encadrée par les autorités sportives qui ont pris la mesure de ces tournois depuis le Forum national sur le football en 2010. Par exemple, l’organisation de ces tournois de vacances est subordonnée à une autorisation technique. Une mesure qui n’est pas toujours respectée et on peut supposer que la tutelle pourrait s’impliquer un peu plus en améliorant, par exemple, les infrastructures sportives ou en aidant avec du matériel sportif. Du côté de la Fédération camerounaise de football, la direction technique a bien envisagé d’œuvrer à la détection des talents mais « le projet n’a pas beaucoup évolué », reconnaît Jean-Claude Ekobena, président de la Commission transitoire en charge du football jeunes. « Les différentes tutelles devraient prendre les championnats de vacances plus au sérieux en les limitant, par exemple, aux catégories jeunes. Cela permettra aux techniciens de découvrir des joueurs capables d’intégrer des clubs ou des centres de formation » propose un recruteur. Une proposition qui s’inscrit en droite ligne de la nécessité de refonder véritablement le football camerounais dans toutes ses composantes. Surtout à la base.
Josiane R. MATIA